Lundi dernier, le président de l’Alliance pour un Bénin triomphal (Abt), Abdoulaye Bio Tchané est allé s’imprégner des difficultés du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos/Lépi). Mais, au regard de la gravité de la situation, M. Tchané et la classe politique feraient mieux d’envisager de nouvelles stratégies que ces simples visites pour contraindre le gouvernement à débloquer les fonds pour la correction de la Lépi.
« Aux grands maux, les grands remèdes » dit-on. Le blocage du financement de la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) par le gouvernement du Président Yayi Boni est une menace pour la démocratie béninoise chèrement acquise à la Conférence nationale de février 1990. Abdoulaye Bio Tchané a pris l’initiative de se rendre au siège du Cos/Lépi pour s’imprégner des difficultés qui empêchent la correction du fichier électoral. Dans la démarche, pas grand-chose peut-être à reprocher puisque lui-même a dit que sa présence s’inscrit dans le cadre des définitions de la loi qui autorise chaque responsable de parti à s’imprégner de l’évolution du processus et à faire des suggestions. Mais, cela suffit-il aujourd’hui pour débloquer la situation ? Au regard de la gravité de la situation, n’est-il pas souhaitable de mener des actions concrètes pour sauver la Lépi ? M. Tchané et les AUTRES acteurs politiques ne feraient-ils pas mieux de lancer l’alerte maximale pour tirer l’attention de la communauté internationale sur les manœuvres du Pouvoir en place visant à empêcher la correction de la Lépi ? Dieu seul sait si à la suite de Abt, il n’y aura pas d’autres visites du Cos-Lepi. Ces descentes éparses ne sont que des « shows médiatiques » qui ne corrigeront rien de la situation actuelle. Tenez ! De février 2014, avec la descente de la délégation de l’Alliance Abt à Agblangandan, le nouveau chronogramme, c’est désormais mars 2014 pour la correction de la Lepi. Et ceci, c’est à condition que les fonds soient débloqués. Mais jusque-là, aucune réaction. Tout le monde consomme. Dans plusieurs pays de la sous-région, l’opposition, par son dynamisme, parvient à atteindre ses objectifs. Pourquoi au Bénin la classe politique brille par son inaction et laisse les choses pourrir ? .
Elections dans l’impasse
Le 14 octobre dernier au palais de la République, le Chef de l’Etat a insisté sur l’organisation des élections communales, municipales et locales en décembre prochain. Dans le même temps, il refuse de donner les moyens au Cos/Lépi pour l’exécution de ses tâches. Dans les conditions actuelles, ce n’est pas sûr que cette échéance soit respectée. On tend vers le couplage des élections communales et législatives en 2015 avec tous les risques possibles. Si rien n’est fait pour corriger le tir, c’est la responsabilité de la classe politique nationale, celle de la communauté internationale et de la Société civile qui sont en jeu.