Le gouvernement de la Rupture remet une fois encore en cause, la qualité des enseignants recrutés dans nos établissements scolaires. L’option de recourir à une évaluation diagnostique, décision prise à l’issue de la dernière rencontre du Chef de l’Etat avec les responsables des centrales et confédérations syndicales est pourtant loin de stupéfier. Etant donné qu’il ne s’agit point de la première évaluation du genre depuis l’avènement de la Rupture. Le contraste ici reste de savoir comment as-t-on pu obtenir de si fort taux de réussite aux examens de fin d’année avec ces enseignants “incompétents“ ?
Si depuis quelques années, les résultats des candidats aux différents examens de fin d’année scolaire sont souvent catastrophiques, ceux de l’année académique 2018-2019 sont plutôt rassurants. D’un taux de réussite de 28,63% en 2018 à l’examen du Brevet d’études du premier cycle (Bepc), il a été enregistré en 2019, un taux de réussite de 56,71%. De même, pour l’examen du Certificat d’études primaires (Cep), un pourcentage de 84,18% a été enregistré en 2019 contre 67,54% en 2018. Quant aux candidats à la quête du premier diplôme universitaire, 50,10% ont été déclarés admissibles en 2019 contre 33,43% en 2018. Une nette amélioration des résultats bien perceptible. Seulement qu’une question taraude les esprits depuis quelques jours. Quels sont les enseignants qui ont produit de si encourageants résultats ? Difficile de répondre à cette préoccupation étant donné que le niveau des milliers d’enseignants engagés dans nos établissements scolaires est déplorable, selon le gouvernement béninois. En effet, depuis l’avènement de la Rupture, les enseignants du primaire et du secondaire ont été soumis à des évaluations diagnostiques pour des raisons liées à la qualité et au profil de ceux-ci. Si de peur d’être victime de licenciement pour fait de grève et non pour incompétence, certains enseignants ont opté pour le boycott, il faut reconnaitre que le gouvernement reste convaincu que le niveau des enseignants est inquiétant. Ce qui est pourtant logique étant donné que, selon des spécialistes de l’éducation, les résultats des apprenants reflètent le niveau de l’enseignant. C’est donc clair qu’il faut en vouloir aux enseignants lorsque les résultats sont moins rassurants. Mais comment a-t-on pu obtenir de meilleurs résultats aux derniers examens scolaires ? Doit-on croire à un effet miracle ou les apprenants sont devenus subitement intelligents sans l’aide des enseignants ? Autant de questions qui méritent bien d’être posées.
La grève : la gangrène qu’il fallait supprimer ?
C’est une évidence, l’année scolaire 2018-2019 n’a pas connu la moindre perturbation pour des revendications. La suppression (ou encore limitation) du droit de grève dans le secteur éducatif aura porté ses fruits, diront certains. Cependant, plusieurs observateurs estiment que les résultats ne reflètent pas le niveau des candidats. « Heureusement que le Bepc ne fait plus policier. Mais ils chercheront à devenir instituteurs, pour partager l’ignorance. Vous serez heureux que ces brevetés deviennent les instituteurs de vos fils ou petit-fils ? J’ai honte… », a écrit le syndicaliste et enseignant, Thierry Dovonou dans un post sur les réseaux sociaux. Une réaction qui ne devrait point laisser indifférent, tout béninois. S’il est reproché aux enseignants, un recours abusif à la grève, les “bons“ résultats enregistrés aux derniers examens viennent simplement conforter le gouvernement dans son option de retirer le droit de grève aux enseignants. Et en lien avec la réaction du syndicaliste-enseignant, tout porte à croire qu’il fallait réaliser de tels bonds pour démontrer la pertinence d’une option gouvernementale. La seule évidence aujourd’hui est que le flou persiste quant à l’origine des meilleurs résultats des candidats aux différents examens scolaires.