Parakou – Inscrite au rôle de la première session 2019, du tribunal de première instance de première classe de Parakou, la quatrième affaire a enregistré, vendredi, la comparution du sieur Yarou Zimé à la barre, où l’accusé est coupable de l’infraction et condamné à six (06) ans de réclusion, au terme de la sentence du tribunal présidé par Moussa Adamou.
De nationalité béninoise, le sieur Yarou Zimé, cultivateur de profession, marié et père de 5 enfants, est déclaré coupable de coups mortels sur la personne de Bio Sambo, et condamné à la peine de six (06) ans de réclusion criminelle.
Ce verdict du tribunal présidé par M. Adamou Moussa conditionne l’accusé Yarou Zimé (Âgé de 60 ans) à retourner en prison pour purger le reste de sa peine, puisqu’il est sous mandat de dépôt, depuis le 16 avril 2015.
Selon le résumé des faits, enquête d'herbes et d'eau pour leurs troupeaux de bœufs, Bio Sambo et Douro Oumarou, demeurant à Ganrou, arrondissement de sérrékalé, commune de Nikki ont conduit les bœufs de leur oncle au pâturage à Tinsinnin-Gourou, un village relevant de l'arrondissement d'Ina, commune de Bembèrèkè ; endroit où ils avaient l'habitude, chaque année, de se rendre paître leurs bœufs.
Au cours de leur pâturage dans la soirée du lundi 13 avril 2015, Tatou Aimé qui était dans son champ d’anacardiers a aperçu ceux-ci qui conduisaient leurs troupeaux de bœufs en direction de son champ. Craignant que leurs bœufs ne dévastent ses anacardiers, il a ordonné aux bouviers d’éviter que leurs bêtes n'entrent pas dans sa plantation. Malgré cette interdiction, les bœufs conduits par Bio Sambo et Douro Oumarou sont entrés dans sa plantation, situation qui l’opposa à Bio Sambo.
Au cours de cette altercation, Yarou Zimé, qui s'était saisi d'un bâton à la vue de Bio Sambo qui avait sorti sa machette, a réussi à porter un coup à la nuque de Bio Sambo qui s'écroula et mourut quelques heures plus tard des suites de ses blessures.
Appréhendé et inculpé du chef de coups mortels, Yarou Zimé a reconnu les faits à toutes les étapes de la procédure avant de soutenir qu'il a agi en légitime défense.
A la barre, l’inculpé Yarou Zimé a reconnu les faits mis à sa charge. En détaillant les circonstances des faits, l’accusé a expliqué aux membres du tribunal que c’est la victime qui est le premier à lui donner un coup au front à l’aide de son coupe-coupe. En légitime défense, j’ai pris un bois de fortune pour lui asséner, a indiqué l’accusé.
Mais cette version de l’accusé n’a pas rassuré le président du tribunal, dans la mesure où aucune trace de plaie ne figure au front de l’accusé, a fait observer Moussa Adamou.
« Je lui ai porté des coups mais je ne voulais pas le tuer » clamé l’accusé, avant d’estimer que la mort de la victime est une volonté de Dieu.
Dans sa réquisition, Assouma Amadou Bachirou, représentant le ministère public a fait noter que les conflits entre éleveurs et agriculteurs peuvent engendrer des répercussions très lourdes. En tout état de cause nul ne peut se rendre justice, relève-t-il, avant de préciser que l’infraction ici est punie par l’article 309 alinéa4 de l’ancien code pénal.
Mais pour établir cette infraction, il faut quatre (4) éléments. Le premier est l’existence du coup porté par l’accusé à la victime. Le deuxième repose sur la mort de Sambo. Le troisième élément vient supposer que l’accusé a sciemment porté les coups à la victime dans l’intention de le nuire. Enfin le dernier élément est la cause à l’effet de savoir si les coups mortels de l’accusé sont à l’origine de la mort de la victime.
Tout en balayant du revers de la main, la légitime défense de l’accusé, le ministère public a rappelé que le bulletin N°1 du casier judiciaire de l’accusé est vierge au moment des faits, l’enquête de moralité lui est favorable. L’accusé ne souffre d’aucun trouble pouvant abolir le contrôle de ses actions au moment des faits suite au rapport d’expertise psychiatrique et médico-psychologique.
Au bénéfice de ses observations, il convie alors le tribunal à retenir l’accusé dans les liens de l’accusation, puis à le condamner à dix (10) ans de réclusion criminelle selon les dispositions de l’article 509 alinéa5 du nouveau code pénal.
En se campant sur la phrase « Vouloir à tout prix l’emporter est néfaste, ne cherche pas à guérir le mal par le mal. Bien des gens préfèrent la juste mesure à la stricte justice » du philosophe grec, à travers son ouvrage intitulé ‘’Histoire’’, Me. Mohamed Toko, dans sa plaidoirie, a exhorté les membres du tribunal à tenir surtout compte de cette phrase au cours de leur verdict.
« Vous ne devez pas vous laisser distraire par le ministère public », insiste-t-il, avant de rassurer les membres du tribunal qu’ils sont des hommes ‘’circonspects’’.
Selon ses propos, il est question de disqualifier l’infraction, et de la requalifier en homicide involontaire. Parce qu’il estime que le coup porté par l’accusé est intervenu en légitime défense contre la victime.
Dans ce cas d’espèce, l’avocat-conseil de l’accusé exhorte les membres du tribunal à faire bénéficier l’accusé du temps passé en prison afin de ne pas appliquer ce qu’il appelle « La stricte justice ».
Au cas où, l’infraction sera retenue contre son client, Me. Mohamed Toko plaide à ce que les membres du tribunal tiennent compte de l’intention involontaire de l’accusé. Raison pour laquelle, il invite le tribunal à condamner l’accusé au temps passé à la prison.
Au finish, le président du tribunal, Moussa Adamou a déclaré l’accusé coupable de coups mortels, et le condamne à six (06) ans de réclusion criminelle.
Les membres du tribunal sont composés, du président Adamou Moussa, des assesseurs Lionel Dossou Nouatin, Arlen Dossa- Avocè, Alou Bani Demon et Francis Bodjrènou. La plume est tenue par le greffier Roselin Adiwanou.