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Edito: Lionel Zinsou, le paradoxe

Publié le mardi 6 aout 2019  |  La Nation
Lionel
© Autre presse par DR
Lionel Zinsou,ancien Premier ministre du Bénin
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Examiner et peser les arguments afin de parvenir à rendre justice. Telle est la vocation du juge. Et si Thémis, la déesse de la justice, a les yeux bandés, c’est, dit-on, pour pouvoir rendre justice, sans crainte, sans faveur, surtout sans tenir compte de l’identité, de la puissance ou de la faiblesse de l’accusé ! Voilà qui est assez édifiant. Il est certes vrai que l’on soit manant ou puissant, que la justice n’a pas toujours eu la même teneur, parce que s’est développée la faculté de peser dans la balance de l’équité tenue par la déesse Thémis, les princes ayant pris la vilaine habitude de peser de leur influence pour tirer les leurs des coups du glaive de la justice…

Tant et si bien que plus personne ne croit en la justesse des décisions que rend la justice. C’est navrant! Et peu à l’avantage des respectables magistrats qui la rendent. Et lorsqu’un puissant en arrive à tomber sous le couperet de la justice, plus grand monde ne veut croire à l’œuvre, à l’administration normale de la justice. Surtout si le concerné est en politique, quelles que soient les évidences établissant sa culpabilité, on y perçoit toujours quelque main invisible.
Mais les temps changent. L’autre a dit, le monde change, changeons le Bénin pour un avenir meilleur. Adrien Houngbédji, en introduction de son livre-programme : ‘’Il n’y a de richesse que d’homme’’. Le monde change. Tant et si bien qu’il est tout à fait anodin, aujourd’hui, de voir des princes tomber ou, à tout le moins, subir le cours (normal) de la justice, tels d’humbles justiciables. Il a été donné ainsi au monde de voir Nicolas Sarkozy gardé en vue,des heures et des heures durant. Ancien président de la République, qui eût cru qu’il subirait un tel sort ? Les incrédules qui ont cru en la main invisible de François Hollande qui aime si peu Sarkozy, dit-on, ont dû perdre leur latin, voyant les juges continuer à le ‘’maltraiter’’ sous Emmanuel Macron qui l’aime bien pourtant. Il en est de même de l’appareil judiciaire américain, réputé pour son indépendance, si tant qu’elle se permet le luxe d’instruire une affaire qui met en cause un président en exercice, de Nixon à Trump, passant par Clinton !
Pourquoi n’en serait-il pas ainsi au Bénin à l’ère du Nouveau départ censé par essence changer les paradigmes, muer les mauvaises habitudes en pratiques vertueuses? Si Lionel Zinsou écope de la peine que la justice vient de lui infliger, dans l’affaire ‘’faux et dépassement de fonds de campagne’’,c’est sans doute que le mis en cause s’est rendu coupable de quelque infraction, et conformément aux dispositions légales se voit-il condamné. Point de fumée sans feu, dit-on trivialement. Se cantonner, comme il en a fait sa ligne de défense, via les médias internationaux, à faire valider l’idée d’un acharnement politique, voire d’une condamnation dictée par l’Exécutif béninois, est en soi une marque de défiance à la justice nationale. Une position d’autant inacceptable qu’elle s’avère paradoxale, vu que Lionel Zinsou a fait « immédiatement » appel, de son propre aveu. Si l’on retient que l’appel sera bien étudié par des juges béninois, de cette même justice en laquelle il fait si peu foi, qu’espère-t-il ? Que la partialité qu’il prête aux magistrats s’évapore en seconde instance? De deux choses l’une, soit Lionel Zinsou a foi en la justice de son pays, auquel cas l’appel interjeté par ses soins se justifie, et il devrait en accepter l’issue, soit, il ne lui accorde aucune crédibilité comme il l’allègue, mais alors pourquoi avoir fait appel? Quoi qu’il en soit, le fair-play dont Lionel Zinsou a pu se targuer, est ainsi soumis à rude épreuve.

Paul AMOUSSOU
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