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Le Matinal N° 4225 du 13/11/2013

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Baisse de niveau des écoliers dans le Zou: Les Directeurs d’école accusent les Normaliens
Publié le mercredi 13 novembre 2013   |  Le Matinal




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Au delà des insuffisances du programme dit Approche par compétence (Apc) en vigueur au Bénin, des lacumes des stagiaires en formation dans les Ecoles normales des Instituteurs et Institutrices (Eni) du Bénin contribueraient à la baisse de connaissances des écoliers. La situation est criarde dans les classes au point où des Directeurs d’écoles et les parents d’élèves qui n’en peuvent plus se plaignent.


« Des stagiaires normaliens affectés dans les classes dans le cadre de leur stage de professionnalisation pour enseigner aux enfants en quête de connaissances vraies, écrivent aux sons. Certains sont même incapables d’écrire correctement leur nom parce qu’ayant une écriture difficile à déchiffrer. D’autres enseignent carrément du faux parce que ne maîtrisant pas le sujet ». Tel est le constat fait par Jean Paul Houndégla, parent d’élèves, après avoir consulte le tableau de trois différentes classes d’une école publique d’Abomey centre. « Vraiment ! Ce n’est pas la peine. L’école béninoise est malade et les enseignants jouent avec l’avenir de nos enfants », se désole-t-il. Cette plainte est légitime et fondée selon Eugène Blèwou, Directeur d’école dans la circonscription scolaire de Djidja. « C’est tout à fait vrai ! » reconnaît-il tout en évoquant les principales causes. Selon ses explications, en dehors des programmes de l’Approche par compétence tant décriés, les lacunes des instituteurs stagiaires constituent aussi l’un des facteurs déterminants de la baisse du niveau des apprenants. « C’est une erreur grave de confier aujourd’hui une classe à un enseignant en formation pour plusieurs raisons. D’abord, il faut faire remarquer que la théorie ne rime pas forcément avec la pratique. Donc, en situation de classe, ils ont du mal à concilier la théorie reçue à l’Eni et la pratique réelle. N’ayant pas été donc informés de ce qui se fait réellement sur le terrain, dans les classes, ils bâclent le travail. Lorsque le Directeur intervient pour les corriger, ils pensent qu’on les accule. Ainsi, ils se dressent contre nous », dénonce Eugène Blèwou.
Conscient de la situation, le ministre a pris ses responsabilités. Dans un arrêté, Eric Kouagou N’da a demandé qu’à partir de cette année les Normaliens en stage de professionnalisation soient assistés d’un enseignant titulaire expérimenté. Cette décision de la hiérarchie salutaire. Pour certains est en même temps perçue aux yeux d’autres enseignants comme une injure aux animateurs des Eni. « Moi je trouve que cette décision est une insulte à l’école normale. Car, nous avons recruté des communautaires ici qui n’ont quitté que les bancs fraîchement, mais qui ont émerveillé plus d’un. En son temps, on disait qu’ils n’avaient pas de niveau. Mais ce que l’on observe aujourd’hui est pire. Si celui qui a quitté une Ecole normale ne peut même pas préparer entièrement une fiche ou est incapable d’écrire son propre nom et prénom, je trouve cela horrible », s’indigne Célestin D., Directeur d’école à Bohicon. Pour Eugène Blèwou, les formateurs exerçant dans les Eni n’en sont pour rien. « Les formateurs jouent leurs rôles en partie, ça il faut le dire », mentionne-t-il en ajoutant que si, malgré les compétences de ces formateurs, le problème demeure, c’est parce que les stagiaires normaliens qui ont déjà raté leur base depuis les bancs ne sont plus recrutés sur une base solide avec des critères biens définis. « Mes critiques vont plus vers les privés où le commerce a pris le pas sur la norme à respecter. Au moins dans les Eni publiques aujourd’hui, un test est fait. Néanmoins, on y trouve encore des brebis galeuses à cause du système d’inscription à titre privé où interviennent le copinage et la politisation qui pourrissent la situation » révèle-t-il.
La question des émoluments aussi

Les primes de motivation et la non implication des Directeurs d’école dans tout le processus de formation des stagiaires ont démotivé les maîtres d’application. Ils ne s’investissent plus dans la formation des stagiaires au plan pédagogique. Conséquence, ces derniers sont formés au rabais et ils sortent des écoles sans grandes choses dans la tête. « Ils nous laissent ces stagiaires pendant plus d’une année sans un accompagnement conséquent. C’est seulement au cours des stages d’immersion qu’ils essaient de nous trouver quelques choses. Mais quand il s’agit des stages de professionnalisation où l’on rencontre toutes les difficultés possibles, les Directeurs s’échinent pour rien. Ils ne sont même pas impliqué dans les commissions de soutenance ni dans la suite des examens de fin de formation », dénonce-t-il. « Ce traitement décourage les Directeurs au point où ils ne s’occupent plus correctement de ces stagiaires », complète Célestin D. Face à tous ces problèmes, Eugène Blèwou estime que l’organisation d’un test réussi est un préalable pour limiter les dégâts. Ainsi, qui veut ne peut plus devenir enseignant mais plutôt, qui pourra. Aussi suggère-t-il d’approfondir les réflexions sur le système des écoles normales, ou si possible, suspendre les activités des écoles normales privées d’abord pour réfléchir sur un cadre conceptuel pour ne plus aller du coq à l’âne.

LM

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