Nourénou Atchadé, porte-parole du parti Fcbe, ancien député, était ce mardi 23 juillet 2019 au siège de l’Evénement Précis dans le cadre de la rubrique Sous l’Arbre à Palabres. Notre invité indique que son parti a répondu à l’appel du Président de la République aux fins de savoir les raisons pour lesquelles le statut juridique du parti Fcbe est resté non délivré, en dépit des différentes démarches que ses responsables ont menées. Pour le porte-parole du parti Fcbe, l’actuelle Assemblée nationale n’en est pas une et la gouvernance de Talon est inadmissible, d’autant d’ailleurs que le Chef de l’Etat fait semblant de négocier alors qu’il ne le veut pas en réalité.
Et si on en parlait
Pourquoi votre parti Fcbe a pris part à la dernière rencontre avec le chef de l’Etat à la Marina sur le dialogue national ?
Cette question est essentielle parce qu’elle permet d’expliquer à ceux-là qui ne comprennent pas jusqu’aujourd’hui les raisons fondamentales de l’acceptation de l’invitation du chef de l’Etat par FCBE. Au fait, qu’il vous souvienne que le 20 mai, le chef de l’Etat a annoncé à la face du monde qu’il va faire un dialogue franc et sincère avec les partis de l’opposition. Peu de temps après, un député français a fait une question d’actualité au gouvernement français sur la crise socio-politique au Bénin. Le ministre secrétaire d’Etat a répondu à la question du député en déplorant ce qui se passe au Bénin. Il s’en était félicité que le président Talon a dit dans son message qu’il veut entreprendre le dialogue et a demandé qu’il donne un contenu à cette annonce. Au dernier sommet de la CEDEAO, les chefs d’états et de gouvernements de la conférence ont également demandé au président Talon de mettre en œuvre cette volonté déjà affichée. Alors, voilà le président Talon qui invite la classe politique, en l’occurrence l’opposition, à une séance en prélude à ce dialogue. Le président Talon adresse une invitation avec comme objet concertation en prélude au dialogue. Dans la suite le directeur de cabinet civil du président rend public un communiqué qui énumère la liste des partis politiques devant prendre part à cette séance et dit en substance que ce sont des partis politiques dont le statut juridique n’est pas allé jusqu’au bout et qu’il fallait voir avec le chef de l’Etat le mécanisme pour que très rapidement, ces partis politiques puissent avoir leur statut juridique. Au niveau de notre formation politique, nous avons estimé que pour faire le combat politique, pour participer à l’animation de la vie politique, il faut d’abord juridiquement exister. Donc, nous sommes allés au Palais échanger avec le chef de l’Etat pour savoir quelles sont les raisons pour lesquelles, malgré tout ce que nous avons fait, le statut juridique de notre parti FCBE reste jusqu’à date, non délivré. Nous avons estimé aussi qu’il est nécessaire que notre parti participe à cette séance pour prendre connaissance du contenu de ce que le président Talon appelle dialogue. Et enfin dire au président les préalables pour un dialogue sincère et fructueux. Voilà les raisons fondamentales qui ont poussé le parti FCBE à aller à cette rencontre. Il faut aussi montrer la disponibilité de notre parti à contribuer à l’apaisement de la crise politique et sociale dans notre pays. Il faut montrer à l’opinion nationale et internationale que nous voulons bien un dialogue franc, un dialogue d’apaisement, effectif avec le président Talon pour ramener le calme dans notre pays. Nous avons voulu montrer notre bonne foi et c’est ce qui a été fait.
Oui mais en participant à cette rencontre, plusieurs de vos collègues de l’opposition ont estimé que vous avez trahi la résistance. Que leur répondez-vous?
A ce niveau, je serai un peu plus long pour que vous me compreniez. Le 25 février dernier si mes souvenirs sont bons, il y a certaines formations de l’opposition qui étaient allées au Palais rencontrer le chef de l’Etat. C’était le président Azannaï qui avait conduit la délégation. D’autres formations politiques de l’opposition n’étaient pas d’accord, notamment le parti FCBE. Nos camarades qui sont à l’extérieur ont dit niet. Nous avons obtenu la participation du parti à la dernière minute après d’âpres négociations. En ce moment, est-ce que ceux qui étaient allés ont trahi les autres qui ont refusé ? Le président Soglo avait refusé qu’on y aille, la RB avait refusé, USL n’est pas allée, le PCB n’est pas allé. C’était le parti FCBE, les présidents Candide Azannaï et Eric Houndété qui avaient répondu à l’invitation. Tout le reste avait refusé. Est-ce qu’en son temps, c’était une trahison ?
Deuxièmement, le président Soglo en personne est allé rencontrer le Chef de l’État. Nous n’étions pas tous d’accord, le parti FCBE n’était pas d’accord mais il est allé. Au retour, il nous a appelés pour nous faire le compte-rendu, on l’a félicité. Mais est-ce qu’il a trahi l’opposition, en ce moment ? Non. L’opposition est un conglomérat de partis politiques et chacun détient son autonomie d’action et ça a été répété, redit par le président Azannaï. La résistance est une institution qui regroupe beaucoup de formations politiques, beaucoup de personnalités et en son sein, il y a des partis politiques dont les leaders peuvent prendre une décision sur place parce que le parti se résume à ces personnes-là. Il y a des personnalités qui peuvent prendre des décisions sur place parce qu’elles n’ont de compte à rendre à personne. Mais si je prends le cas du parti FCBE, je ne peux pas aller à une réunion au nom de mon parti et prendre une décision qui devrait normalement être prise par le bureau politique, je ne peux pas la prendre. Une décision qui doit être prise par le bureau exécutif, le bureau politique ne peut pas la prendre en son sein. C’est comme ça que nous fonctionnons. Donc, loin de trahir, quand nous avons reçu l’invitation de la présidence, nous avons été appelés au domicile du président Soglo pour qu’on en discute. Les représentants du parti FCBE ont informé qu’ils ne pouvaient prendre aucune décision sans réunir le bureau politique du parti. À la réunion qui a suivi nous avons donné la décision de notre parti qui est de répondre. Le PCB et l’USL ont dit la même chose. Il est insensé de parler de trahison en ce qui nous concerne.
Que retenez-vous alors de cette séance ?
Ce que je retiens, c’est que nous avons discuté avec le Chef de l’Etat et il nous a demandé ce qui bloque pour qu’on n’ait pas les statuts juridiques. Même si lui-même sait déjà ce qui bloque, nous avons pris la peine de lui expliquer notre mésaventure depuis le mois de décembre 2018 à ce jour. Mais, fondamentalement, je retiens que le président Talon ne veut pas faire le dialogue. Il n’en veut pas. Ce que le président Talon appelle dialogue, peut être tout sauf dialogue et c’est l’avantage de participer à cette rencontre. Le président Talon veut faire un séminaire gouvernemental où un atelier gouvernemental ou carrément une réunion gouvernementale. Mais on n’appelle pas ça dialogue. Puisqu’il nous a dit : «Je veux que vous finissiez avec les statuts juridiques de vos partis. Il y en a déjà cinq qui sont prêts. Vous êtes onze et si on finit avec vous, ça fera seize. La seconde étape, c’est que j’invite les seize partis et ensemble nous allons voir comment corriger le code électoral et la charte des partis politiques», point barre le dialogue est terminé. Chers amis, est-ce qu’on peut appeler ça dialogue ? Pour le président Talon, c’est les deux problèmes que le Bénin a. Nous lui avons dit : « Monsieur le président, ça ce n’est pas un dialogue. On ne peut pas faire ça. Si on veut apaiser le pays, si on veut que les Béninois s’entendent entre eux, on ne peut pas faire comme ça ! » Mais il a dit niet, que c’est sa compréhension. On a vu le dialogue au Burkina Faso. L’armée n’a pas tiré sur les populations au Burkina Faso. Malgré ça, le président de la République a demandé un dialogue avec l’opposition et c’est le chef de file de l’opposition et celui de la mouvance qui ont été comme les médiateurs de ce dialogue. Alors qu’ici, le président de la République Patrice Talon est celui qui est à l’origine du problème qui a créé la crise. Il est en même temps le médiateur pour le règlement de cette crise. Au niveau de l’opposition, on ne peut pas laisser faire ça. On lui a dit que ce n’est pas possible.
En ce qui concerne le statut juridique de nos partis, nous retenons que le gouvernement est de mauvaise foi, de très mauvaise foi parce que le président nous a demandé d’aller voir le ministre de l’intérieur pour continuer avec la formalisation. Là-bas, on nous demande de tout reprendre. Toutes les formalités déjà faites là, il faut revenir sur ça avant d’avoir le statut juridique. Nous sommes en train de constater que c’est devenu un serpent de mer. On ne veut pas reconnaître la FCBE comme parti politique. Le président ne veut pas organiser le dialogue, il l’a simplement avancé pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’il veut le faire, alors qu’il n’a aucunement la volonté d’y parvenir. Nous avons observé le dialogue au Mali. La médiation a été composée des deux parties qui ont rencontré les anciens chefs d’Etat, les anciens premiers ministres, ainsi de suite pour avoir leurs avis sur ce qu’il faut faire pour que le pays vive en paix. Nous avons vu le dialogue au Sénégal.
Chez vous, que faut-il pour le dialogue ?
Là où nous en sommes arrivés au Bénin, pour nous, pour un dialogue sincère, fait appel à un médiateur. Il faut forcément un médiateur qui prenne forcément langue avec les acteurs politiques, la société civile, et tous ceux qu’il faut pour que les fils et filles du Bénin puissent se sentir concernés par le sujet. Nous avons demandé un dialogue national. Pour nous, c’est un dialogue national mais Monsieur Patrice TALON veut faire un dialogue avec les partis politiques. Le problème dépasse aujourd’hui ce cadre. Si on a supprimé les droits de grève, tué les gens, ce n’est pas seulement les politiciens qui sont tués. Le tissu social est déchiré et celui qui l’a déchiré se connait. Il faut que les Béninois se parlent. Il dit ne pas vouloir organiser une deuxième conférence nationale, mais le Burkina est en plein dialogue politique national. Le Sénégal l’a fait, le Mali est en train de le faire. Quelle est la situation du Bénin ? Si tout le monde a copié l’exemple du Bénin, et qu’on ne va pas au dialogue, c’est parce que Patrice Talon ne le veut pas. Ce que je retiens de cette rencontre, c’est que nous avons parlé au Président de la République face à face et il nous a écoutés même s’il n’est pas d’accord avec nous sur certains aspects. On lui a rappelé qu’il avait dit vouloir que tous les fils et filles participent au développement du pays, ce qui justifie son intention d’entamer le dialogue. Personne ne peut aujourd’hui nier l’influence de Ajavon sur l’économie béninoise. Qu’on le veuille ou pas, c’est quelqu’un qui participe à la croissance de l’économie du Bénin. Lorsque vous avez des fils qui sont en exil et qui peuvent contribuer au développement de ce pays, comment voulez-vous qu’on puisse les oublier et dire qu’on dialogue ? Comment ignorer l’importance du ministre d’État Komi KOUTCHÉ dans le règlement de cette crise, etc. Il est nécessaire que, comme en 1990 ils reviennent tous au pays pour un dialogue franc. Deuxièmement, les corps des personnes qui ont été assassinées par l’armée doivent être rendus aux familles pour qu’elles fassent le deuil. Au Bénin, on n’a jamais vu l’armée tirer sur des manifestants à mains nues et que, comme on le voit dans les films, l’armée ramasse les corps immédiatement pour que personne ne s’en rende compte. Jusqu’à ce jour, les parents n’ont pas les corps. Nous lui avons aussi rappelé son souhait d’avoir des élections inclusives, à l’image de ce qui se faisait sous l’ancienne mandature, où le jour des élections était considéré comme un jour de fête. Nous lui avons dit que les élections du 28 avril ne ressemblent pas à ce qu’il a dit et que nous considérons qu’il n’y a pas eu élection le 28 avril 2019, surtout que les Béninois ont rejeté ces élections au regard du taux d’abstention estimé à 80% observé le jour des élections. Nous demandons l’organisation d’une élection législative pour la 8ème législature. Ce qui est là n’est pas une assemblée mais le conseil d’administration du Président Talon. Il a désigné les 83 députés. Il y a aussi des députés qui sont élus avec 100 voix, alors qu’il faut au minimum 15.000 voix pour être élu député à l’Assemblée nationale. Moi j’ai été élu avec plus de 32.000 voix. On ne peut pas les appeler député car, le député est le représentant du peuple et non du Président de la République.
Ce n’est pas trop d’exigences ?
Non. Nous disons ce que les Béninois veulent. Les Béninois ne sont pas sortis le jour des élections parce qu’ils n’ont pas eu de choix, c’était une élection Talon contre Talon.
Pensez-vous que c’est possible ?
C’est bien possible. En 1990 quand le Président Mathieu Kérékou était au pouvoir, il y avait l’Assemblée Nationale Révolutionnaire qui était en plein mandat. Mais ils ont été remplacés par le Haut conseil de la République alors que leur mandat n’était pas arrivé à terme. On a voté pour eux par oui ou par non. Mais, ceux-ci n’ont pas de mandat. On ne peut pas être député par le sang des Béninois. On ne peut pas être député en militarisant l’Assemblée nationale avant d’être investi. Je ne serais pas heureux à leur place.
Mais le KO avait été prononcé après les élections de 2011…
Toutes les forces politiques avaient été à ces élections avant que le KO ne soit prononcé. Et puis personne n’avait la preuve contraire du KO. Mais en 2019, c’est plutôt une exclusion, personne n’est allé aux élections. C’était Talon contre Talon. En 2011, il y avait le candidat Adrien Houngbédji contre Boni Yayi, et beaucoup d’autres. Talon ne veut prendre aucun risque. Il a exclu tous ceux qui peuvent l’empêcher d’avoir les 83 députés.
Qu’est ce qui est difficile dans ce que vous demande aujourd’hui le Ministère de l’intérieur ?
Rien n’est difficile. On a déjà fait ce qu’on nous demande
L’obtention du certificat de conformité est-elle pas synonyme de paix entre les FCBE et Talon ?
Non. Nous ne sommes pas en guerre avec le président Talon, mais plutôt avec sa gouvernance. La personne de Talon ne nous intéresse pas. Nous sommes contre sa manière de gouverner le pays. Si on nous délivrait notre existence juridique, cela participe à une des conditionnalités pour aller vers la paix. Elle n’est pas exclusive. Les autres pans de nos exigences devraient être remplis pour qu’on retrouve notre pays dans la démocratie.
Vous faites partie des députés ayant voté la charte des partis politiques. Dans le point fait par la CEDEAO, on a eu 80 voix pour, et une abstention
Ce sont des mensonges d’Etat, tous les députés de la minorité parlementaire ont voté contre le code électoral. Sur les 82 députés que compose le parlement béninois il y avait 20 de l’opposition. Par quel miracle peut-on avoir 80 députés qui votent pour le code ? Ces statistiques ont été fournies par la diplomatie béninoise qui a fait économie de vérité. A la 7èmelégislature le président Houngbédji n’a jamais dit le nombre de votants, il a toujours procédé ainsi qu’il suit: la loi est voté à l’unanimité des députés présents et représentés moins X voix . Donc le nombre de «Oui» n’est jamais connu. Comment ont-ils trouvé 80 votants? Moi, j’étais à la 6èmelégislature et ça ne se passait pas comme ça. On compte le nombre de personnes ayant effectivement voté, le nombre de personnes ayant donné procuration. Mais c’est pour camoufler des choses qu’on dit à l’unanimité des députés présents et représentés. En ce qui concerne la charte des partis politiques, elle a été votée à l’unanimité des députés présents moins une seule voix.
Qu’est ce qui empêche FCBE de respecter la charte des partis?
La FCBE respecte cette loi. Il n’y a rien de compliqué dans ce texte, c’est pourquoi nous l’avons votée. La charte 2001 et la charte 2018 n’ont pas grande différence. Ce qui suscite débat, c’est l’article 11 qui réfère sur le nombre de membres fondateurs par commune. Par rapport à la loi 2001, c’est 10 membres fondateurs par département. Nous avons 12 départements donc, 120 au minimum. La nouvelle loi dit qu’il faut 15 membres fondateurs par commune. Sur les 77 communes, il nous faut alors 1155 membres fondateurs. Le seul parti qui peut remplir cette condition facilement, c’est la FCBE, compte tenu de son envergure nationale. Le président Talon l’a dit plusieurs fois. Mais quand ils ont corsé le code électoral, nous leur avons dit que cette loi n’est pas conforme à notre législation parce que le député est élu dans sa circonscription électorale et, mettre une conditionnalité nationale ne répond pas à l’idée. La preuve, on veut la corriger. Ils nous ont dit vous FCBE n’avez aucun problème à remplir cette exigence. Nous leur avions dit que la loi est impersonnelle. Comme ils avaient le BMP avec une majorité écrasante, ils ont fait passer leurs lois.
Que reproche-t-on à votre dossier ?
Nous étions parmi les premiers à déposer nos dossiers, le 31 décembre 2018. C’est après nous que les républicains et autres ont déposé leurs dossiers. Ils nous ont fait la première observation le 4 février 2019. Elle portait sur les dossiers des membres fondateurs. Le problème était au niveau des identités. Par exemple si moi je m’appelle Atchadé Abdou Nourénou et que dans l’une des pièces comme le casier judiciaire le juge commet l’erreur de mettre Atchadé Nourénou sans le Abdou ou encore A., il fallait se justifier et reprendre le dossier. C’est essentiellement ce qu’on a obtenu comme observation qui portait sur 10 pages. L’UP a eu 40 pages d’observations au moment où nous n’en avions que 10. En moins d’une semaine, on a levé les observations puis retourné déposer nos dossiers. Ils nous ont dit que nos dossiers étaient bons et qu’il n’y avait plus d’observation. Le 20 février, nous avons été informés qu’on pouvait venir retirer notre certificat de conformité. Le temps d’aller, ils ont estimé qu’il fait nuit. Mais, au petit matin du 21, on nous appelle pour dire qu’il s’agit plutôt d’un certificat de non-conformité. Nous sommes allés chercher et c’est en ce moment qu’on nous parle de statuts qu’on n’a pas signés.
C’était vrai ?
C’est vrai, mais c’était les mêmes statuts qu’on avait déposés sous la loi de 2001.
Vous avez omis de signer ?
Les mêmes statuts. On n’avait pas signé aussi. Nulle part et aucune loi n’a dit de signer les statuts. Vous pouvez vérifier, est ce qu’on dit de signer les statuts ? Non. Donc les mêmes statuts et règlement intérieur que nous avions déposés, ce sont ces mêmes textes que nous avions déposés sous la loi de 2001.
En dehors de cela, qu’est- ce qu’on vous a reprochés ?
En dehors de cela, le président de la République confond membre fondateur et membre tout court. Il dit le parti Fcbe existait déjà et avait ses membres fondateurs. Sous la nouvelle loi, les membres fondateurs ne doivent plus évoluer. Cela veut dire qu’on avait 120 membres fondateurs avant, donc on ne peut plus avoir 1155 membres fondateurs maintenant. Là encore, mes chers amis, des 5 partis qui ont obtenu leur statut juridique, un est dans la même situation que le parti FCBE. Il a fourni les 1155 membres fondateurs. A lui, le ministre de l’intérieur a délivré son statut juridique.
Dans l’optique de participer coûte que coûte aux législatives, nous avons repris un congrès extraordinaire pour répondre aux exigences du président Talon et de son ministre de l’intérieur. Malgré tout cela, rien! Nous avons été systématiquement exclus. Le ministère de l’intérieur n’avait plus d’oreilles pour nous écouter.
Malgré la décision de la Cour constitutionnelle et la validation des institutions régionales comme la CEDEAO et l’UEMOA, vous continuez de réclamer la reprise des élections. N’est-ce pas absurde ?
La CEDEAO et l’UEMOA n’ont pas vocation à valider une élection. On n’a aucun texte qui leur donne le droit ou le pouvoir de valider une élection. D’ailleurs, vous avez suivi le communiqué final des présidents des pays membres de la CEDEAO. Peut-être que vous avez eu le fake. Il y a eu des communiqués tronqués, mais si vous allez sur le site de la CEDEAO et que vous regardez le communiqué des présidents, il y a eu trois points sur le Bénin. La CEDEAO a reconnu qu’il y a problème au Bénin. La CEDEAO a condamné les violences. La CEDEAO a demandé qu’il y ait des assises. La conférence des chefs d’Etats a demandé qu’il y ait des assises et qu’il y ait dialogue. Et enfin ils ont demandé que ce dialogue soit suivi par la commission de la CEDEAO. Voilà les trois points. Mais valider, non. J’apprends qu’à l’UEMOA, c’est autre chose. Ils ont félicité la réussite des législatives au Bénin. Ils ont leurs raisons. Mais nous, nous sommes béninois, nous parlons du Bénin. Ce n’est pas les institutions qui vont parler du Bénin à notre place. Nous savons ce qui se passe ici. Si eux, cela leur parait très bien, ce qui s’est passé au Bénin, les Béninois disent que c’est mauvais.
En plus de cela, beaucoup d’organisations internationales sont venues assister à l’investiture de ces députés que vous contestez. Et beaucoup de pays étrangers ont déjà reçu ces députés que vous contestez.
Quand vous dites beaucoup, je ne sais pas comment vous quantifiez ça. Quelle est la quantité pour que cela soit beaucoup ? Quelle est aussi la qualité? Parce que j’étais à l’extérieur et j’ai suivi que c’est le président de l’assemblée nationale de la Côte-d’Ivoire, en matière d’institution, qui était arrivé. Les autres délégations qui étaient arrivées, elles étaient conduites par les députés ou je ne sais pas exactement ? Bon, nous nous sommes béninois, nous réclamons la justice et la démocratie. Jusqu’à la fin du Prpb, le Prpb continuait de recevoir les personnalités étrangères. Personne n’a dit que le système était mauvais, bien que ce fût la dictature. Sous Blaise Compaoré, il était même le médiateur de toutes les crises politiques dans la sous-région, même au moment où il tombait. Ce n’est pas parce que le président Indien est venu au Bénin que le Bénin se porte bien, non. Le Bénin en matière de démocratie est aujourd’hui malade. Et nous nous voulons rétablir la démocratie au Bénin.
Le parti Fcbe est indexé dans les violences qui ont eu lieu à Tchaourou et à Cotonou. Qu’en dites-vous ?
Nous déplorons les violences qui ont eu lieu après l’exclusion des partis de l’opposition des élections législatives du 28 avril 2019. Nous condamnons l’assassinat des manifestants à mains nues. Nous condamnons également la destruction des biens publics et privés. Je suis un opérateur économique, je sais combien c’est difficile de constituer un patrimoine.
Vous savez, le parti Fcbe est le parti qui gêne. Si le pouvoir Talon avait la baguette magique pour faire disparaitre le parti Fcbe, il le ferait les minutes qui suivent. Qu’il vous souvienne le dossier Icc services. On a déjà tout fait pour ternir l’image du président d’honneur du parti Fcbe. Pour montrer qu’il est même le promoteur d’Icc-Services. On a tout fait et pour la première fois, on a fait une diffusion des débats de l’audience en direct depuis la Criet à Porto-Novo. Mais cela s’est retourné contre eux, et ils n’ont pas eu gain de cause. Ils ont continué dans la recherche des moyens pour ternir l’image de l’ancien président Boni Yayi et à écorcher l’image des Fcbe. Pour les violences, les gens arrêtés auraient indexé le président Yayi Boni dites-vous. Les gens arrêtés dans le cadre de Icc Services ont dit que c’est Yayi Boni le promoteur. Vous savez que c’est une théâtralisation, le metteur en scène est connu. Mais parfois, comme Dieu est bon, la mise en scène n’est jamais parfaite et on découvre que ce n’est pas du professionnalisme.
Citez-nous des cas précis où ils peuvent dire n’importe quoi ?
Je vais prendre deux exemples. L’exemple du 1er Mai. On a dit que Yayi est commanditaire des violences. Comment peut-il être commanditaire des évènements du 1er mai alors que lui-même n’avait pas reçu un préavis comme quoi, on doit aller encercler sa maison ? Comment peut-il savoir qu’on voulait venir encercler sa maison, qu’on vient pour l’arrêter, et alerter l’opinion ? L’événement du 1er mai a été spontané. Les gens ont remarqué que l’ancien président est persécuté et qu’on veut l’arrêter. Qu’il vous souvienne, deux jours avant, il y a eu des voix qui se sont levées à la télévision pour demander qu’on l’arrête.
Comment avez-vous vécu l’encerclement policier de Boni Yayi?
Très dur, parce qu’on arrivait plus à le voir et je dois vous dire que du 1ermai à aujourd’hui, je ne l’ai pas vu. Donc on s’est parlé au téléphone, mais je ne l’ai pas vu. Cela a été très dur pour nous. Surtout on a appris que son état de santé se dégradait, on a senti ça très mal parce que qu’on le veuille ou pas, c’est un monsieur qui a dirigé ce pays pendant dix ans, qui a tout donné pour ce pays. Il n’a pas voulu que le sang des Béninois coule. Il n’a pas voulu qu’il y ait des problèmes dans son pays. Il s’est donné et a pardonné pour que le Président Patrice Talon quitte l’exil pour prendre sa place. Quand cela arrive comme ça, on se rappelle d’hier et cela fait mal.
Comment les barrières ont-elles été levées ? Pour vous qu’est ce qui a déterminé la levée des barrières de son domicile?
Il y a eu plusieurs déterminants. Les anciens chefs d’Etat avec le président Soglo en tête de pont, ont fait une pétition pour demander que les barrières soient rapidement levées. Qu’il vous souvienne également que le conflit de Tchaourou qui a duré près de dix jours était un mauvais signe pour le Bénin. Et vous vous rappelez également qu’à la veille de la levée, le président Talon a été rapidement appelé à Abuja où il est allé rencontrer le président du Nigéria. Nous avons pensé que cette rencontre a été déterminante dans la levée de cette barrière.
Pendant que les barrières étaient encore là, vous disiez qu’il était gravement malade et qu’il lui fallait aller aux soins. C’était des arguments pour le sortir d’affaire ? Parce qu’on a appris qu’aussitôt après la levée des barrières il est parti rester au Togo au lieu d’aller directement à l’hôpital.
(Rire) Il y a des hôpitaux à Lomé. Mais il ne peut que choisir l’hôpital où il est assuré d’avoir des soins adéquats ou des hôpitaux où sa vie est en sécurité, je ne vous apprends rien en cela.
Donc ce n’était pas des alibis que vous aviez avancés ?
Non pas du tout. Pour preuve, il est encore à l’hôpital Jusqu’en ce moment.
Comment se porte-t-il ?
Il va de mieux en mieux.
Il est en France ou en Afrique du Sud ?
Je ne saurais le dire car lui-même ne me l’a pas confié. Je n’ai pas demandé non plus. Vous savez, il vaut mieux laisser cela dans la discrétion. Au moment où il était même président de la République, vous avez suivi ce qui s’est passé. Et aujourd’hui les voix se sont levées pour dire comment cela s’est passé. Maintenant qu’il est ancien président, pour que les objectifs soient atteints, c’est plus rapide qu’avant. On ne peut pas dévoiler, encore qu’on ne connaît pas, on ne peut pas dire voilà il se trouve dans cet hôpital. Cela peut être préjudiciable pour sa vie. Donc il a gardé le secret, nous voulons garder le secret avec lui.
Pour vous qui parlez avec lui et recevez des instructions de lui, la dernière c’était pour aller à la rencontre du dialogue ?
Nous n’avons pas eu l’autorisation de notre président d’honneur. C’est pour cela que je vous dis que le fonctionnement du parti Fcbe est différent des autres formations politiques. Le Président Yayi ne peut jamais nous dire, « faites ça ! ». Tout ce qu’il peut dire, c’est : « Réunissez les instances. » Et lorsque les instances décident, nous l’informons de ce qui est décidé. Et comme c’est la loi de la majorité, il est obligé de se plier. Même le secrétaire exécutif national, Valentin Djènontin qui est le premier responsable du parti, n’est pas d’accord de la décision prise par le bureau politique d’aller au dialogue. Mais comme c’est la loi de la majorité, il a été obligé de se plier. C’est comme ça que cela se passe chez nous. Nous informons et nous disons voilà la décision qui a été prise par le bureau politique et tout le monde est obligé de se plier.
Quand reviendra-t-il ?
Il reviendra dès qu’il va se sentir mieux. Je l’ai dit quelque part déjà sur Rfi, je crois. Lui-même a dit, comme le juge s’acharnait à aller le rencontrer, que dès qu’il sera rétabli, le juge n’aura plus besoin de se déplacer. Que lui-même va aller à son cabinet pour l’écouter parce qu’il ne se reproche rien. Dès qu’il se sentira mieux, il rentrera au pays. C’est vrai, il manque aux Béninois et notre souhait c’est qu’il se rétablisse.
Dans le même temps, avez-vous les mêmes appréhensions que le Président Candide Azannaï qui dit qu’il ne reviendra pas de sitôt ?
Je ne connais pas la source du président Azannaï. Et je ne veux pas épiloguer sur ce qu’il a dit. Nous notre souhait c’est que le président Yayi revienne. Le Président Yayi n’a aucune intention de rester à l’extérieur. Mais Azannaï a ses raisons, il a ses sources et je ne veux pas revenir là-dessus.
Mais avant le Président Yayi Boni, le premier secrétaire exécutif de votre parti, Valentin Djènontin Agossou est aussi à l’extérieur. Avez-vous de ses nouvelles ?
Le secrétaire exécutif national de notre parti Valentin Djènontin avait un billet aller-retour quand il partait. Il était allé pour un séjour de dix jours environ. Il y était quand une note de service est allée aux frontières de notre pays en direction des commissariats pour dire que quiconque l’aurait retrouvé de l’amener à la justice. Cela veut dire quoi ? S’il descend à l’aéroport de Cotonou, on doit le prendre pour aller le jeter en prison. Voilà les raisons qui font que jusqu’à tout à l’heure, il est resté à l’extérieur.
Il se reproche quelque chose ?
Même si vous ne vous reprochez rien, et déjà on dit que si on vous voit, il faut vous arrêter. Est-ce qu’on vous a déjà jugé ? Non. Mais on dit que si on vous voit, qu’on vous amène. Et vous savez que nous sommes au Bénin à l’ère Talon. Donc vous devez prendre les précautions, pour ne pas subir le même sort que Atao. Le mieux, c’est d’être en liberté et jouir de sa liberté. Mètongnon est condamné pour cinq ans. Vous pensez qu’il se reproche quelque chose ? Vous pensez? Moi non.
Où se trouve le 1er Secrétaire Exécutif adjoint du parti Fcbe, Théophile Yarou ?Qu’en est-il de sa convocation par la police ?
Il est à Cotonou en ce moment, il est là et nous travaillons ensemble.
Oui, il avait disparu de la circulation, mais il est actuellement à Cotonou. J’ai discuté avec un ami un jour sur la situation des dirigeants de FCBE et je lui disais que nous sommes au 4ème Secrétaire exécutif national. Donc nos réunions sont dirigées par le 4èmeSecrétaire exécutif national. Ça veut dire que le Secrétaire Exécutif lui-même est en exil, le 1eren exil, le 2èmeen exil, le 3èmeen exil et c’est le 4èmequi est là. C’est pour vous dire que le parti Fcbe, comme je l’ai dit tantôt, est visé, persécuté, tout est mis en oeuvre pour le décimer.
Mais pourquoi ?
Parce qu’il fait peur au pouvoir en place, parce que c’est le parti de masse, c’est le parti de tout le monde. C’est le parti le plus populaire. C’est vrai qu’à un moment donné, on avait eu de problèmes, on a perdu le pouvoir, mais aujourd’hui, aucune formation politique, qu’il soit Union Progressiste ou Bloc Républicain, ne peut égaler Fcbe en matière de popularité.
Est-ce que c’est parce que le parti est visé que les responsables du parti se font rare sur la scène politique ?
Oui, c’est ce que j’ai dit. Quand les responsables sont persécutés, parfois ils se retrouvent en prison ou parfois ils vont en exil ou ils sont dans la clandestinité, parce que si vous êtes menacé, comment vous allez faire ? Vous ne pouvez pas paraitre en public. C’est ça le problème.
Est-ce que l’annonce de la relecture des lois électorales faite par le Président Talon vous réconforte ?
Quel confort on peut trouver dans les annonces du Président Talon ? En fait, moi j’étais à l’Assemblée nationale et nous avons dénoncé ces lois en son temps. Il les a utilisées pour nous exclure et maintenant il veut les corriger. C’est le médecin après la mort. Il a utilisé les lois, il sait que c’est mauvais, il les a maintenues, il nous a exclus et il nous appelle maintenant pour aller corriger.
Mais il fait amende honorable aux textes, n’est-ce pas ?
Son amende honorable consistera à dissoudre son conseil d’administration qu’il appelle parlement. Quand il l’aura dissout, le peuple béninois va l’acclamer. Les lois sont votées par les députés. Ce qu’on va corriger là, quelle mandature va voter ça ? Son conseil d’administration ? Le Béninois ne peut pas reconnaitre cette loi. Donc, c’est là que se pose le problème. Il dit qu’on veut corriger. On va corriger et qui va voter ? Non, nous on ne peut pas corriger des lois pour des gens qui ne sont pas élus et qui sont désignés, donc des gens dont la légitimité n’est pas reconnue.
Comment entrevoyez-vous la présidentielle de 2021 ?
Talon ne veut pas prendre de risque. Vous avez suivi le dossier Lionel Zinsou. Il veut éliminer les gens un à un. Il a déjà éliminé Sébastien Ajavon, il l’a envoyé en exil. La Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a dit que cette condamnation est arbitraire, que la CRIET est une cour d’exception et comme vous le savez, la Cour Africaine est au-dessus de toutes nos juridictions nationales, parce que notre Constitution dit que lorsque vous adhérez à une convention internationale, elle s’impose à vous. Le Bénin a adhéré à la Cour Africaine des Droits de l’Homme, ratifié les accords. Celle-ci fait des injonctions, mais le Bénin ne les respecte pas. Donc dans leur tête, c’est qu’ils ont éliminé Ajavon.
Aujourd’hui, Komi KOUTCHÉ est un des challengers qu’il s’acharne à abattre. Ils pensent qu’ils l’ont éliminé, parce qu’ils lui ont collé des choses. Ils sont allés jusqu’à Madrid pour ridiculiser le Bénin. Komi KOUTCHÉ, c’est un concurrent de taille, donc on ne veut pas de lui. Maintenant ils ont jeté leur dévolu sur Lionel Zinsou. Il faut l’empêcher d’être candidat en 2021. Qu’est-ce qu’ils ont trouvé ? Il a dépassé les frais autorisés de campagne présidentielle.
Ce n’est pas fondé selon vous ?
Combien Patrice Talon a dépensé ? Il peut le dire ? Il peut mettre la main sur le cœur pour dire « moi Talon je n’ai pas dépassé ? ». C’est la justice du plus fort. Qui a dit que Lionel Zinsou a dépassé le montant légalement autorisé ? C’est la Chambre des comptes de la Cour suprême qui évalue et qui dit « telle personne a fait ce dépassement » Lionel Zinsou a déposé normalement ses comptes de campagne à la Chambre des comptes comme tous les autres candidats. La Chambre ne s’est pas plainte de ce que Lionel Zinsou a fait des dépassements. Pourquoi la justice s’autosaisit pour dire que Lionel Zinsou a fait un dépassement et maintenant on demande à le condamner ? Parce que dans notre pays, lorsque vous êtes condamné, même avec sursis, vous ne pouvez plus être candidat. Par contre, pourquoi lorsqu’on a parlé de la surfacturation dans le dossier des ambulances dans ce pays, la justice béninoise ne s’est pas autosaisie pour aller voir ce qui s’est passé ? Lorsqu’on a parlé de surfacturation dans le dossier des motos qu’on a achetées à des millions, pourquoi on ne s’est pas autosaisi ? Lorsqu’on a parlé de la surfacturation de la route Porto Novo – Pobè, 1 milliard 500 millions par km, alors qu’avant eux les routes étaient à environ 600 ou 700 millions par km, lorsqu’on a parlé de ces surfacturations, pourquoi le Parquet ne s’est pas autosaisi pour voir ce qui s’est passé à ces niveaux ? Et pourquoi c’est le cas Lionel Zinsou qui préoccupe ? Il y a deux poids, deux mesures. Il y a la volonté d’éliminer, d’écarter afin de se retrouver seul. Mais ce qu’on oublie parfois et je le dis souvent, le Président Talon ne connait pas encore son adversaire. Il ne connait pas encore celui qui sera son vrai challenger en 2021. Peut-être que la personne se trouve dans ses rangs en ce moment.
Qu’est-ce que vous reprochez concrètement à la gouvernance du Président Talon ?
On lui reproche beaucoup de choses. On lui reproche d’abord la prise des lois scélérates qui renforcent le pouvoir de la ploutocratie, de la dictature. Je prends un exemple. Le Conseil supérieur de la magistrature, lorsqu’on prend une loi organique qui renforce le pouvoir de l’Exécutif, qui introduit dans ce Conseil-là, des allogènes, des gens comme le ministre des finances, des allogènes qui sont majoritaires au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Ça veut dire qu’on soumet la justice. Ça veut dire que lorsque l’Exécutif dit « condamnez Paul », si vous ne le condamnez pas, votre dossier va aller là-bas. Et comme vous le savez, le Conseil supérieur de la magistrature peut radier complètement un magistrat. Ça veut dire que pour un rien du tout, on peut renvoyer un magistrat. Donc le juge est obligé d’exécuter la volonté du pouvoir. Alors que quand il était en campagne, il disait que le pouvoir du Président de la République est énorme, donc il faut libérer les institutions. Maintenant c’est lui qui embrigade les institutions. Nous lui reprochons la vassalisation des institutions.
Mais c’est ce qu’on disait au temps de Yayi Boni !
Est-ce une raison pour faire plus grave? On disait que c’est mauvais et nous avons voté pour celui qui a promis corriger. Contre toute attente, il fait plus grave que le régime de Yayi. C’est grave parce qu’aucune institution aujourd’hui, ne peut prôner son autonomie. Regardez la Cour constitutionnelle.
Le Président Boni Yayi avait nommé son porte-parole Robert Dossou à la Cour constitutionnelle qui est devenu Président de la cour par la suite. Qu’en dites-vous ?
Il était porte-parole du candidat Boni Yayi et non porte-parole du gouvernement. Robert Dossou a pris des décisions qui sont allées à l’encontre du gouvernement de Yayi Boni. Depuis que l’actuel Président de la Cour constitutionnelle est là, tout recours qui va là-bas, le résultat est connu d’avance. Qui saisit la Cour constitutionnelle ? Ce n’est pas moi. Même si j’ai raison, je n’ai pas le courage de saisir la Cour constitutionnelle, parce que je connais déjà le résultat. Lorsque c’est comme cela et que le citoyen perd confiance aux institutions juridiques l’illégalité s’empare du pays et c’est le plus fort qui a toujours raison. c
En dehors de tout ça, qu’est qu’il y a de bon dans sa gouvernance ?
Quand j’étais à l’Assemblée nationale, je disais qu’en matière de sécurité, le Président Talon a essayé. Toutes les fois que le ministre de la sécurité vient à l’Assemblée nationale, je le félicite. Je ne parle pas au nom de mon parti. Personnellement, je trouvais que la gendarmerie et la police, les deux faisaient le même travail et les mettre sous deux tutelles était mauvais. Ce que j’ai déploré dans l’opérationnalisation de cette réforme est là précipitation. Ce qui donne des grincements de dents au sein de la troupe.
Quelle est la deuxième action que vous appréciez dans la gouvernance Talon ?
L’énergie dans les grandes villes. Dans le nord les populations subissent le martyr.
Je pouvais aussi citer asphaltage, mais malheureusement le projet est devenu «asphalpavé».
Le Bénin est quand même 1erdu coton en Afrique. N’est-ce pas une prouesse à saluer ?
Qui a évalué ? On a dit ici que Mo Ibrahim a dit que le Bénin est 1er. C’est encore Mo Ibrahim qui a dit tout récemment que la gouvernance de Talon est mauvaise. Le Bénin est 1erdans tout actuellement, mais le Béninois souffre. Le ministre des finances est 1er, Patrice Talon est 1er, ce n’est pas visible. Les Béninois souffrent.
Comment s’organise le parti Fcbe pour participer aux communales et municipales 2020 ?
On se prépare très bien. On est sur le terrain. Même si le président Patrice Talon empêche les rencontres politiques, les réunions politiques. C’est aussi ça la dictature. Dire que mon pays est dans la dictature, pensez-vous que c’est un plaisir ? C’est une honte. Lorsqu’on voyage, c’est une honte pour nous aujourd’hui. Les gens demandent « mais vous Béninois, vous acceptez ça ? » Le Togolais va demander si moi j’accepte ce qui se passe dans mon pays. Aujourd’hui, ce qui se passe au Bénin est plus grave jusqu’au point où le Togolais traite le Bénin comme un pays de dictature. C’est inadmissible pour un patriote. C’est une honte pour nous. Même dans vos maisons, quand vous faites une réunion, la police vient vous chercher. On fait des enlèvements de nuit, alors que la loi dit qu’à partir de 21 heures, on ne peut pas arrêter quelqu’un. Qu’est-ce qui urge, quel élément motive à aller chercher quelqu’un à 4 heures du matin dans sa maison ? Les événements de Tchaourou, c’est Yayi qui a demandé à la police d’aller enlever quelqu’un à 4 heures du matin à Tchaourou ? Ce n’est pas possible.
Carte d’identité: Le politique au service du peuple
Né le 6 juin 1969 de père agriculteur et de mère ménagère, NourénouAtchadé obtient son Cep à l’école primaire de Manigri en 1981, le Bepc au collège de Bassila en 1986, puis le Baccalauréat série C en 1990 à Parakou. Après avoir obtenu son Master 2 en Sciences économiques à l’université nationale du Bénin, il crée sa propre société intervenant dans les domaines des BTP, de la foresterie et du commerce de bois. Sollicité par les populations de Manigri pour occuper des postes de responsabilité à la base à l’avènement de la décentralisation en 2002, Nourénou Atchadé a accepté et a été élu pour la toute première fois, conseiller communal sur la liste Fard Alafia. Il a été réélu pour la deuxième mandature de la décentralisation et courtisé pour prendre la tête de la mairie de Bassila, mais il a décliné l’offre. « On m’a demandé d’être maire et j’ai dit non, que je soutiens l’ancien maire. Et le Maire sortant a voulu que je sois son premier adjoint. J’ai également refusé, le premier adjoint étant celui qui doit suppléer le Maire en cas absent. De discussion en discussion, j’ai accepté être le deuxième adjoint au Maire de Bassila », confie-t-il. A l’occasion des législatives de 2011, il a battu tous ses challengers aux primaires au niveau de sa circonscription électorale et a été désigné comme le premier titulaire sur la liste de l’Alliance Fcbe. Au terme du scrutin législatifde 2011, il a été élu député pour siéger à l’Assemblée nationale. Il y a siégé et est reconduit député de la même liste au termedu scrutin législatifde 2015. C’est en cette qualité de représentant du peuple qu’il a contribué, sous la 7ème législature, au vote de plusieurs lois et à l’animation de la vie politique. Il explique alors sa transition en politique par la volonté des leaders politiques de Bassila dont son mentor, feu Ahamed Akobi. Il a pour idéal politique, le bien-être des populations. « A l’Assemblée nationale, j’ai toujours défendu cet idéal et comme j’ai fait l’économie, mon plat préféré au parlement, c’est le budget national », a-t-il renchéri.
Intimité: Prime à la sincérité
Marié et père de 6 enfants, Nourénou Atchadé adore le football et supporte le Fc Barcelone à cause de Lionel Messi. Cependant, pour maintenir sa forme, il pratique le sport d’entretien, la marche et est membre d’une équipe de sport d’entretien qui s’exerce tous les dimanches. A table, l’homme mange de l’igname pilée accompagnée de n’importe quelle sauce que son épouse propose. Mais si vous l’invitez, inutile de lui servir des boissons de la brasserie, car il ne prend que de l’eau simple. Dans ses rapports avec les êtres humains, Nourénou Atchadé attache du prix à la fidélité et à la sincérité.