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Editorial : Reversés irréguliers !

Publié le vendredi 9 aout 2019  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Education / Les enseignants de Kandi dans la rue
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Les chiffres donnent froid dans le dos. Juste pour le secteur de l’enseignement, ils seraient, pas moins de 791. Au niveau de la santé, ils avoisinent les 310. Des départements de l’agriculture au ministère de l’intérieur, ils dépassent la centaine. Massivement déversés dans la fonction publique en 2008 au lieu d’être décemment reversés, ils nourrissent depuis quelques jours l’actualité. Démasqués par un audit de l’IGE, ils apportent de l’eau au moulin des pourfendeurs de l’incompétence et de l’anarchie dans l’administration publique. Avec des diplômes falsifiés ou non appropriés, ils ont, pendant plus de dix ans, inutilement profité des efforts du contribuable. Plus maintenant, la course est terminée et laisse place à des interrogations.
Déjà, même s’il pourrait y avoir quelques erreurs avec les chiffres effrayants annoncés, il est totalement incompréhensible que le séjour de ces irrégulièrement reversés dans la fonction publique ait duré tout ce temps. Soit, le système de filtrage des ressources humaines exploitable pour appuyer le développement du pays est inexistant, soit délibérément, des yeux se sont fermés dans le processus de leur admission. J’imagine combien le préjudice causé à l’Etat béninois par ces faussaires est énorme et que dorénavant, le contribuable aura de bonnes raisons de croire que la fonction publique n’est pas un panier à crabe. En tout cas, la compétence et l’atteinte des objectifs attendus exigent des normes qu’il faut mettre en pratique. Evidemment, il y a un audit qui plaide pour une rigueur de tous les instants.
A ce sujet, le contrôle du profil des contractuels doit être systématique. D’ailleurs, aucune largesse ni gymnastique, ni politique ne saurait admettre que sans la qualification requise, un poste soit pourvu. C’est dire qu’un génocide a été orchestré par les fautifs contre la bonne gouvernance, l’éthique et le bon sens. Et puisqu’à présent, l’essentiel est de bannir une pratique et de corriger le tir, il revient aux décideurs d’opérer le choix des mécanismes les plus efficaces. Ce qui est sûr, à l’ère des Tics et des meilleurs outils d’identification, la traçabilité des personnes et des documents administratifs est la chose la plus facile.
Sinon, je parie que l’effectif des rescapés regorge certainement de diplômés qui, entre-temps, ont eu recours pour leur réussite à d’autres personnes physiques avec de fausses pièces d’identité. D’où, rejeter d’emblée les évaluations est une fuite en avant. Sinon, quand on est allé à la bonne école et sué pour arracher ses diplômes, il n’y a aucune raison que cela ne se ressente dans vos productions. Alors, en amont comme en aval, le suivi indispensable pour qu’au grand jamais, on ne parle de reversés irréguliers doit être de mise. En un mot, l’action appelle la réaction et l’heure est à la traque des apatrides et des filous.
Cependant, mettons-nous à l’esprit que le vrai diplôme ne fait pas toujours la meilleure compétence. Ailleurs, il vous est tout simplement demandé ce que vous savez faire et de quoi vous êtes capables. C’est dire qu’à un moment ou à un autre, la culture des diplômes doit s’effacer au profit de celle du réalisme. Mais en attendant, que les reversés irréguliers paient pour leur forfait.


Angelo DOSSOUMOU
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