(Le gouvernement rassure, les enseignants tiennent bon)
Cela ne fait point l’objet d’un doute au regard des récents évènements notamment les assemblées générales des enseignants dans différentes localités du pays. Le boycott de l’évaluation diagnostique des enseignants est inévitable. Prévue pour le 24 août prochain, ladite évaluation pourrait bien être massivement boycottée par les concernés. Et ce, malgré les assurances du gouvernement de ne procéder à aucun licenciement au terme de l’évaluation…
Le gouvernement de la Rupture risque d’essuyer un nouveau revers quant à l’évaluation diagnostique des enseignants. Fortement mobilisés et déterminés à ne point fléchir, ces derniers n’entendent pas prendre part à l’évaluation prévue pour le 24 août prochain sur toute l’étendue du territoire national. Pour le syndicaliste Alexandre Adjinan, la présente évaluation ne répond à rien et la réussite du boycott est déjà acquise. Il recommande au gouvernement d’y renoncer pour ne pas gaspiller les sous du contribuable. “Lorsque vous ne résistez pas à l’illégalité, c’est que vous donnez la possibilité à l’employeur et au pouvoir de faire de vous tout ce qu’ils veulent“ peut-on lire dans ses propos relayés par des médias et sur des réseaux sociaux. Sur le terrain, les faits semblent bien lui donner raison. A la faveur de plusieurs assemblées générales tenues dans différents départements du pays, la décision du boycott a été prise à l’unanimité. A l’école primaire publique d’Azovè ce mercredi, 07 août 2019, des enseignants membres de la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (Fesen), ont opté pour le boycott général de l’évaluation malgré l’intervention des éléments de la police républicaine pour les disperser. Des responsables syndicaux ont été arrêtés par la police. Dans le département du Borgou, les enseignants, réunis en Assemblée générale à l’Epp Ocbn de Parakou ont réaffirmé leur détermination à boycotter systématiquement l’évaluation diagnostique des enseignants. Le mot d’ordre est donc maintenu et de nouvelles assemblées générales sont annoncées pour rallier tous les enseignants à leur cause. Selon ces derniers, les enseignants recrutés en 2008 ne sont pas les seuls dans le viseur mais également les policiers recrutés sous l’ancien régime. Ceci, pour appeler à une synergie d’action pour faire échec à cette option du gouvernement. Ils ont aussi décidé d’inviter «les enseignants progressistes et républicains à une démission collective de ces différents partis politiques incapables d’œuvrer véritablement pour la conservation de leur emploi». Se référant à un éventuel soutien de la population, de l’Intersyndicale des enseignants du supérieur et des leaders politiques, ils se disent engagés sur la bonne voie en estimant que l’évaluation diagnostique ne respecte aucun texte régissant la fonction enseignante. Alors, ils refusent «une telle évaluation (…) ramenant l’enseignant au niveau de la troisième et terminale, sur la signature d’un nouveau contrat et ne prenant pas en compte les années de sacrifices». Dans la commune de Bopa, le mot d’ordre reste le même. Au cours d’une Assemblée générale mardi, 06 août 2019, les enseignants ont décidé également de boycotter les compositions. Quant à l’Union nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin (Unapeeb), la présente évaluation pourrait détruire la carrière des enseignants et donc l’école béninoise. Car pour l’Unapeeb, il s’agit d’une évaluation-licenciement. Autant d’indicateurs qui présagent d’un nouveau camouflet pour le gouvernement. Le gouvernement renoncera-t-il à son projet ? La seule évidence est que des initiatives se multiplient pour rassurer les enseignants…
Le gouvernement rassure mais…
Si les conclusions des Assemblées générales des enseignants sont loin d’être rassurantes, le gouvernement semble décidé à foncer. Convaincu de la nécessité de recourir à une évaluation diagnostique des enseignants pour identifier les besoins en renforcement des capacités de ceux-ci et sortir l’école béninoise des sentiers battus, le gouvernement continue de rassurer les enseignants. A la faveur d’une conférence de presse ce jeudi, 08 août 2019, les ministres de l’enseignement secondaire, Mahougnon Kakpo et des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou ont expliqué qu’il ne sera procédé à aucun licenciement au terme de l’évaluation diagnostique. Mais les enseignants plus que jamais déterminés, refusent de prendre part à l’évaluation. Ici encore, le gouvernement reste menaçant en décidant de radier de la fonction publique, quiconque refuserait de se soumettre aux épreuves de l’évaluation. De sources concordantes, au total, 9861 enseignants du primaire et 8706 enseignants du secondaire sont concernés par cette évaluation.