Depuis le mois d'octobre 2012 où l'affaire de tentative d'empoisonnement du chef de l'Etat a éclaté, les questions électorales sont reléguées au second plan alors que le mandat des élus locaux s'achève dans quelques semaines. L'urgence devrait être à l'organisation des élections communales et municipales. Mais toutes les énergies sont polarisées par la multiplication d'affaires pendant que le mutisme des partis politiques sur le retard du processus électoral.
Il y bientôt six mois que la supposée tentative d'empoisonnement du chef de l'Etat a éclaboussé le pays. Le Bénin continue de vivre, d'une manière ou d'une autre, les retombées de cette situation dont le présumé principal auteur serait Patrice Talon, en France depuis Octobre 2012 ; son extradition vers le Bénin n'a pas encore obtenu l'approbation de l'appareil judiciaire français. Et bientôt, depuis deux semaines, une autre affaire, celle de la présumée atteinte à la sûreté de l'Etat, a replongé le pays dans le doute et la peur. A ce niveau également, l'homme d'affaires Patrice Talon a été pointé du doigt par le pouvoir avec qui il est en délicatesse.
Détourné de l'essentiel
En ces temps de délestage ambiant dans le pays, certaines questions d'ordre national s'efforcent d'occuper quelque peu les commentaires dans les rues, et plus rien. C'est le cas de l'actualité sur la campagne cotonnière 2012-2013 dont les résultats, annoncés pour être la référence en la matière, se révèlent décevants en attendant les chiffres de fin de campagne.
Par contre, d'autres sujets ont disparu de l'actualité nationale alors que les responsables de partis aiguisent leurs stratégies à la base. Il urge d'évoquer les prochaines élections communales et municipales. En effet, les mandatures des élus locaux s'achèveront dans quelques semaines. Les débats sur la révision de la Lépi, longtemps agités sont devenus rares. Il en est de même pour l'organisation des prochaines élections communales. Pratiquement plus personne ne veut aborder ces questions dont la résolution est pourtant nécessaire en vue de consolider le climat de paix et de stabilité propre aux Béninois et à un niveau supra, le processus de développement du Bénin. Les débats sur les supposés coups d'Etat préoccupent les autorités alors que les questions essentielles attendent d'être résolues.
Et le processus électoral ?
Depuis des mois, des interrogations demeurent sans suite. A quand la tenue effective des prochaines élections communales, municipales et locales ? A quand la mise en place de structures devant intervenir dans la correction de la Liste électorale permanente informatisée et celles en charge de ces échéances ? Tant de préoccupations qui, aux lendemains des dernières législatives, ont fait l'objet de moult réflexions en vue de régler au plus vite les difficultés qui seront enregistrées dans le cadre des communales de cette année. Rien n'y fit. En effet, depuis l'examen et le vote de la proposition de loi portant correction, apurement, mise en place de la liste électorale permanente informatisée (Lépi) par les députés, courant 2012, et celui de la proposition de loi portant création des unités administratives locales en République du Bénin, c'est le silence au parlement. L'adoption du code électoral avait été inscrite à l'ordre du jour de la première session extraordinaire de l'année en cours. Mais les députés n'ont même pas eu le reflexe d'y penser puisque durant le temps, il n'a été question que de l'examen des dossiers de poursuite des anciens ministres de la République épinglés pour des cas de corruption. Même les membres de l'organe politique, le Conseil d'Orientation et de Supervision de la Lépi, qui devrait se charger de la correction de la liste électorale, n'ont pas encore été désignés par les députés. Aussi, du côté du gouvernement, aucune réaction n'est enregistrée. Dans la foulée, on apprend que les députés seraient sur le point d'introduire une proposition de loi modificative pour proroger d'environ six mois le mandat des actuels maires. Toutes choses qui confirment le report des prochaines élections communales, municipales et locales qui, conformément aux textes en vigueur, devraient se tenir au plus tard en avril 2013. Ainsi, les élus locaux vont jouer la prolongation. D'autres par contre agitent la possibilité pour le gouvernement de constater la vacance de pouvoir et laisser les secrétaires généraux des mairies liquider les affaires courantes sous la tutelle des préfets en attendant les prochaines élections municipales, communales et locales. Face à cette situation ambigüe, il urge que le gouvernement rassure les Béninois à travers des actes concrets.