« Querelles de coépouses..., division…, suspicion…, zizanie… ». En dépit des huit longs mois passés à la prison civile de Cotonou pour des faits punis par le code du numérique, Sabi Sira Korogone est demeuré un farouche opposant au régime de Patrice Talon. Très amer contre sa famille politique qui a du mal à parler d’une même voix, il tape dans la fourmilière et livre un secret de polichinelle. C’est connu depuis plusieurs mois que les contempteurs du gouvernement sont divisés. Ils ont semblé s’organiser et s’unir le temps des législatives du 28 avril dernier lorsqu’ils partageaient le même destin. Mais juste après, la méfiance et les querelles ont repris le dessus à telle enseigne que les opposants ne se gênent plus pour se tirer entre les pattes. Candide Azannaï, Nicéphore Soglo, Boni Yayi, Sébastien Ajavon, Philippe Noudjènoumè, en dépit de leur opposition commune au régime en place, n’ont pas tous le même discours politique. Entre eux, la guerre est plutôt froide.
Rêvant d’une opposition soudée, organisée et qui donne des sueurs froides à Patrice Talon, Sabi Sira Korogone a exprimé son amertume. La seule porte de sortie qui reste à l’opposition qui n’a pu participer aux dernières élections législatives reste pour l’ex prisonnier « le combat pour la restauration de la démocratie ». Encore que, à ce jour, aucun parti dit d’opposition n’a une existence légale selon la nouvelle charte des partis politiques. « Restaurer l’espoir », les « Forces cauris pour un Bénin émergent », « Union sociale libérale », le « Parti communiste du Bénin », pour ne citer que ceux-là n’ont toujours pas obtenu le fameux certificat de conformité. Pour l’instant, seuls « l’Union démocratique pour un Bénin nouveau » et la « Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud) ont obtenu, il y a peu, les faveurs des services compétents du ministère de l’Intérieur. Il urge que les autres formations politiques laissées en rade obtiennent elles aussi une existence légale afin d’animer en toute responsabilité la vie politique nationale. L’opposition au-delà des divergences de certains de ses membres a donc besoin de se réinventer pour assurer sa survie et à court ou moyen termes se positionner comme une alternative en vue de la conquête et de l’exercice du pouvoir. C’est à cela qu’appelle Sabi Sira Korogone.
Clin d’œil de la 8ème législature
Décriée parce que composée uniquement de députés pro-gouvernementaux, la 8ème législature installée dans des conditions éprouvantes, a également son rôle à jouer pour une opposition forte et crédible. Certes, en politique, on ne se fait pas de cadeau. Néanmoins, le parlement pourrait marquer sa volonté à œuvrer pour un rapport de forces au profit de la République. La loi portant statut de l’opposition votée depuis des années souffre de plusieurs insuffisances. Il est venu le moment de l’actualiser afin de donner à l’opposition un véritable contenu. Le faire va créer de fait un environnement institutionnel favorable à l’expression de l’opposition. En démocratie, le monologue n’a pas sa raison d’être. Toutes les sensibilités doivent s’exprimer à temps et à contretemps. C’est d’ailleurs cet état de choses qui donne à l’alternance tout son charme.