On l’appelle Chantal AHYI, élue députée de la 8ème législature sur la liste Bloc Républicain dans la 16ème circonscription électorale comprenant les 7ème, 8ème, 9ème, 10ème, 11ème , 12ème et 13ème Arrondissements de Cotonou. Dans un entretien accordé à votre journal, elle se prononce sur l’actualité sociopolitique nationale, la réforme du système partisan, la gouvernance du Bénin par le régime du président Patrice Talon, la place des femmes dans les instances de prise de décision au Bénin et bien d’autres sujets. Elle fait de la question du développement local, son cheval de bataille pour l’épanouissement des populations à la base.
Vous êtes députée à l’Assemblée nationale, 8ème législature. C’est votre premier mandat. Qu’est-ce que ça fait d’être députée dans un Parlement ?
C’est beaucoup de charges. Ça fait réfléchir. C‘est un significatif changement dans votre vie, une grande responsabilité ; Croyez moi, ce n’est pas une balade à la plage. Je puis vous dire qu’au début, ça grise, mais très rapidement vous en prenez la mesure et réalisez qu’aucune errance ne vous sera permise.
Comment organisez-vous vos activités politiques depuis que vous êtes au Parlement ?
Mes activités se confondent très clairement aux priorités et aux urgences du parlement et de ma famille politique, le Bloc Républicain.
Rapporteur du bureau du groupe parlementaire Bloc Républicain, je m’inscris dans un apprentissage aux cotés du Président Jean Michel Abimbola et les autres honorables Pétris d’expériences et très avertis. Ensuite, je mets un point d’honneur à m’approprier les outils nécessaires à l’animation de notre institution. Le règlement intérieur, le bréviaire du député ont remplacé mes livres de chevet sans arriver à détrôner la bible ! En clair, disons que je m’accorde un temps d’apprentissage à l’intérieur de ce Parlement. Ensuite, je reste en lien avec le terrain pour éviter un fâcheux déphasage avec la réalité.
Vous avez suivi l’actualité sociopolitique nationale ces derniers temps, notamment depuis les dernières élections législatives jusqu’à présent. Le Bénin a connu des moments difficiles. Lorsque vous jetez un regard en arrière, qu’est-ce que cela vous inspire aujourd’hui ?
Le Bénin opère de profondes mutations à travers des réformes engagées dans tous les secteurs. Celle qui fait polémiques, touche au système partisan. En quête d’un équilibre entre le souhaitable et le possible, j’exhorte tous acteurs dits politiques et considérés comme tels à en suivre les méandres avec objectivité afin d’en cerner les différentes implications sur l’animation de leurs bases.
Forcément que cette vision faite de réformes bouscule et nécessite une disponibilité d’écoute, d’analyses. Ce qui ne peut se faire que par le dialogue. Je salue ici les efforts des uns et des autres pour évoluer dans un esprit de dialogue pour un nécessaire consensus.
Les béninois aiment le Bénin et savent aller de l’avant même quand tous les indicateurs virent au rouge. Ceci d’autant plus que le chef de l’Etat est resté constant dans son inoxydable volonté de construire le pays ensemble avec toutes les forces vives, présentes ici ou ailleurs.
Je remarque avec grand soulagement que plusieurs partis politiques se sont enfin conformés. Cela augure d’une bonne relance.
Parlons justement de la réforme du système partisan. Vous n’étiez pas au Parlement à la 7ème législature. Tout a été concocté au cours de cette législature. Nous avons aujourd’hui un nouveau système partisan. Pensez-vous que tout est parfait à ce niveau-là ?
Merci pour le rappel, car tous les acteurs majeurs, y compris ceux dits de l’opposition actuelle ont vite perçu l’opportunité de cette réforme. Tout texte, fut-il de loi ou régissant toute autre organisation est perfectible avec des axes de progression. Je pense tout simplement que la réforme du système partisan ne déroge guère à ce principe, et comme telle, sera étudiée en temps opportun quand les acteurs majeurs s’accorderont sur les points d’achoppement. Il est clair que nous y avons tous intérêt. Quant au Parlement, il jouera pleinement son rôle. L’image et le poids du landernau politique béninois sont en jeu.
Après les dernières élections législatives, le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon, a délivré un message à la Nation où il espérait des députés de la 8ème législature qu’ils puissent toucher les lois électorales pour faciliter la tâche aux formations politiques. Est-ce que vous, en tant que députée, vous êtes prête à aller dans ce sens ?
Tant que l’intérêt général est en jeu, il ne faut pas hésiter. Le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon, est constant dans sa quête du dialogue et du consensus autour des questions d’intérêt général. Tant qu’il s’agira du Bénin, on ne peut pas rêver mieux que de se mettre tous à la tâche pour apporter sa pierre à l’édifice. Tant qu’il faut poser de solides bases pour un dialogue constructif, dans une nécessaire et positive cohabitation des forces vives, l’objectif est clair. Malgré les divergences, nous devrions participer de toute notre intelligence, qui de sa bravoure, qui de son audace à installer un cadre de consensus.
Parlons des femmes en politique. Vous vous êtes engagée en politique certainement parce que vous avez pris le temps d’observer. Aujourd’hui, il y a peu de femmes au Parlement comme sous les autres législatures. Est-ce que cela ne vous déçoit pas un peu ?
Je vais profiter de cette interview pour vous dire ma façon de voir les choses. Dans d’autres pays, notamment la France, on a dû légiférer pour régler le problème de la présence des femmes dans les instances de prise de décision. J’espère qu’on ne va pas en arriver là au Bénin. Sachez juste qu’en ce qui concerne la participation et la présence des femmes en politique, la question est plus qualitative que quantitative : qualité et non quantité. La 7ème législature, comptait 8 femmes ; à la la 8ème, on y dénote 7 avec une position de première Vice-présidente ; ce n’est pas rien ! bien au contraire, cela reflète une certaine volonté politique et une rassurante disposition des politiques à évoluer hors des stéréotypes. C’est une avancée certaine pour les femmes.
Voulez-vous dire qu’il n’y a pas d’autres femmes politiques aussi compétentes que vous ?
Cela ne se rapporte pas du tout à ma personne. Nous sommes aujourd’hui 7 femmes au Parlement, 7 femmes de qualité qui représentent valablement la gent féminine béninoise au sein de l’institution. La tendance à penser qu’au niveau des femmes, la mesure de leur participation se détermine à la quantité et non à la qualité me paraît erronée. La femme marque toujours, en toutes circonstances son passage remarquablement. Sans vouloir superposer l’intelligence, la compétence des femmes, il est à faire un constat : n’est-il pas vrai que la première vice-présidente de l’assemblée nationale du Bénin est une femme ?
Comment l’honorable Chantal Ahyi entend impacter le Bénin par son passage au Parlement ?
Je fais miens les idéaux du Bloc Républicain qui incitent au travail, à la solidarité et à l’excellence. Avec méthode, nous sommes à pied d’œuvre pour une meilleure structuration du parti. De notre déclaration de constitution du groupe de la minorité parlementaire, nous indiquions déjà toute l’ardeur que nous mettrions au service de la nation et ce, sans parti pris. Dans tout le Bénin, nous accompagnons toutes les initiatives à même de réduire substantiellement les problématiques liées à l’équité dans la politique de développement. C’est notre devoir.
Vous êtes députée à l’Assemblée nationale et vous avez quand même la latitude de prendre des initiatives comme des propositions de loi voire des questions au gouvernement aujourd’hui. Est-ce que vous avez déjà des pistes d’actions ?
J’étudie profondément la loi sur la décentralisation dans notre pays. Il faut dire que la vie des territoires m’intéresse au plus haut point. J’ai parcouru et égrené bien de réalités sociales et me suis promise de m’investir de toutes mes forces dans une distribution équitable de ressources aux communautés. Des compétences aux ressources financières. La résolution de l’épineuse question du transfert effectif des ressources et des compétences aux autorités locales m’interpelle en tant que politique et humainement.
Parlons à présent du président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou. Que vous inspire sa méthode de travail ?
Le président de l’Assemblée nationale est une personnalité du juste milieu et du bon dosage. Il refuse le clivage et est rigoureux. Il a une idée très claire de la façon dont il veut marquer son passage à la tête de l’institution. Pour avoir demandé mon avis et de mon regard de jeune parlementaire, tout est à prendre dans sa méthode.
Croyez-vous qu’il va réussir puisque l’Assemblée nationale, 8ème, c’est deux tendances politiques et lui est issu d’une tendance ?
Il va réussir d’autant plus que, la halte parlementaire dans un parcours politique est essentiellement justifiée par la capacité à préserver l’intérêt général. A priori, malgré nos divergences, nous nous sommes vus confier la même mission par nos mandants. Autrement dit, quand les problématiques de développement sont en jeu, on tait les clivages, et autres tendances. Il n’y a rien qui puisse empêcher le président du Parlement de réussir. Le président Louis Gbèhounou Vlavonou porte un tel dynamisme à l’institution, que vous avez à peine le temps de remarquer qu’il y est depuis peu.
Au sujet de l’action du gouvernement. Nous avons un gouvernement qui est en place depuis 2016 avec le régime du président Patrice Talon. Croyez-vous que les objectifs fixés par ce gouvernement sont en train d’être atteints, ne serait-ce qu’à plus de 50% ?
J’ai un peu de difficultés avec les proportions même si c’est une bonne part de ma formation professionnelle. D’abord, avant d’être élue députée à l’Assemblée nationale, je suis une observatrice. En tant que telle, je pense que le gouvernement du Bénin a une vision. C’est important. Il est facile de constater que le gouvernement du Bénin a mis ensemble des hommes de bonne facture, et sait faire appel aux compétences qu’il juge utiles à l’exécution de sa vision. Tout ceci moulé dans une rigueur assortie d’une méthode quoiqu’un peu rigide. A titre illustratif, si on n’avait pas organisé le désencombrement des espaces publics à Cotonou, nous en serions encore au 3CI, déplorant des inondations et j’en passe... Par ailleurs, ce gouvernement a une bonne intelligence des moyens. Nos actuels gouvernants ne se contentent pas de sillonner ou d’arpenter les couloirs conventionnels des partenaires techniques et financiers. Il cherche au-delà des sentiers préétablis. Ils diversifient les sources de financement du développement. Le développement du Bénin est désormais financé aussi bien par le Bénin que par des partenaires nouveaux. Cependant des difficultés demeurent même si les voies et moyens pour les enrayer sont rassurants.
Vous êtes députée à l’Assemblée nationale. Cela suppose que vous rencontrez vos mandants. Est-ce que parfois ils ne vous disent pas que ‘’c’est vrai le gouvernement du président Patrice Talon travaille, mais nous avons faim’’ ?
Le caractère même de pays sous-développé suppose certaines évidences. Il faut travailler à les réduire ; travailler à permettre une lisibilité de la gouvernance de telle sorte que les gens puissent en apercevoir les retombées. La batterie de projets en cours de réalisation dans notre pays, telle l’eau pour tous, l’asphaltage, l’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH) l’érection d’infrastructures touristiques, sportives, sanitaires et culturelles augure d’un ici où il fait bon circuler, bon s’exprimer et bien se soigner. Il n’y aura presque plus de délestage grâce à la diversification des sources d’approvisionnement en énergie. Tout est en branle pour atteindre une indépendance économique. Le Bloc Républicain est en parfait accord avec cette vision.
Je constate dans vos propos que vous tenez beaucoup à votre parti politique le Bloc Républicain. Après les élections législatives, est-ce que vous êtes retournée vers vos mandants ?
Il est vrai que c’est de tradition qu’après les élections, on reparte sur le terrain pour remercier les populations. Pendant la campagne législative, les populations nous ont dit toutes leurs difficultés. Elles sont urgentes et d’importance quasi égale. Une fois élue, il est une priorité pour nous de réfléchir à des solutions. Nous sommes occupés à cela. Et puis, le contact avec le terrain n’a jamais été rompu et ne le sera jamais. Au contraire, nous sommes conscients de la justification quotidienne qu’il faut faire de notre mandat. Notre mandat est vif, dynamique et sans fausses promesses.
Comment ça se passe sur le terrain dans le cadre du Bloc Républicain ? Est-ce que vos mandants sont toujours motivés à vous suivre quand on sait que d’autres partis politiques commencent par se mettre à jour ?
Que du bonheur de constater que l’appel que nous avons lancé pendant la campagne électoral qui consiste à demander aux partis politiques de se conformer à la nouvelle charte des partis politiques est enfin entendu. C’est ensemble, qui de la mouvance, qui de l’opposition que nous allons construire ce pays et gérer au mieux les intérêts des populations béninoises. Cela vivifie l’esprit de compétition. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au Bloc Républicain, un mot maître de notre vision est la compétitivité. Chacun sait qu’il doit marquer son territoire dans un mouvement d’ensemble. Pour y arriver, il ne faut pas s’enfermer dans un confort. Il faut aller vers les populations et trouver ensemble avec elles des solutions.
Qu’est-ce que vous avez envie de dire en ce moment au peuple béninois ?
Au peuple béninois d’être rassuré du fait que tout ce qui incombe aux parlementaires de la 8ème législature pour son épanouissement ne sera jamais trahi. L’Assemblée nationale est loin d’être monocolore, les identités politiques y sont clairement affirmées. Pour ce qui concerne le Bloc Républicain, j’invite les militantes et militants à un productif militantisme. L’engagement politique est lourd de responsabilité et nécessite une hygiène de pensée. Travaillons à faire triompher les idéaux du Bloc Républicain.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN