Boycott ou composition ? D’ici quelques heures, la sentence tombera et les conclusions sur une actualité qui a concentré les énergies durant des jours seront tirées. Mais avant, la logique recommande de soupeser les raisons qui militent pour l’une ou l’autre des éventualités qui se dessinent depuis l’annonce de l’évaluation des Ace 2008. Déjà, pour ceux qui l’ignorent, il est important de rappeler que les enseignants concernés par les compositions de ce samedi avant de bénéficier de leur statut actuel n’ont pas été sélectionnés sur la base d’un test. Pénurie dans un secteur clé sans doute et le filtre nécessaire pour séparer le bon grain de l’ivraie n’a pas été activé.
Conséquence, ils sont aujourd’hui, un certain nombre incapables de bien parler la langue de Molière. Il suffit de tenir un bout de temps la conversation avec eux pour se rendre compte de la catastrophe qui court sans frein et ceci, depuis des lustres, au niveau de l’instruction et de l’encadrement de la relève de demain. Relativement à l’importance de l’éducation, le célèbre homme de lettre Victor Hugo avait déjà tout écrit en insistant que « chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne ». Mais, au préalable, faut-il que l’instruction donnée soit convenable et que le canal ne souffre d’aucune ambiguïté. Cela suppose que l’enseignant doit être à la hauteur des objectifs assignés et pour être plus clair, du devenir de la Nation. Car, c’est de la façon dont l’élite de demain est aujourd’hui formée non seulement sur le plan académique mais aussi civique que dépendra le développement du Bénin qui se fait toujours désirer.
A ce sujet, il est apparu aux yeux de tous que dans la sous-région notamment en zone francophone, malgré tous les efforts et la quantité d’investissements supérieure aux autres Nations voisines, l’enfant béninois est à peine meilleur que celui du Niger. Il y a de quoi perdre son latin et se retourner dans leur tombe ces pionniers qui jadis rêvaient d’une compétence à tous les niveaux au pays pompeusement baptisé par le colon, ‘‘quartier latin de l’Afrique’’.
Démonstration de capacité !
D’ailleurs, entre nous, comment peut-on comprendre qu’après dix ans de service et de pratique, que des enseignants parachutés dans un domaine sensible, s’opposent véhément et avec des prétextes à une évaluation ? Pourtant, qu’ils soient de l’enseignement primaire ou secondaire, ce sont dans les mêmes matières qu’ils dispensent que ces Ace 2008 apeurés et réfractaires au jaugeage de leur niveau seront évalués. C’est dire qu’ils sont mal placés pour bomber le torse et rejeter une initiative qui, en principe, devrait rehausser leur image. Du moins, pour les plus méritants. Et donc, toute analyse faite et certains syndicats l’ont d’ailleurs bien compris, les canards boiteux doivent se départir des réflexes pavloviens qui consistent à contester pour contester. Il est impérieux que les syndicalistes sachent que ce n’est pas parce que le gouvernement dit qu’il fait beau qu’instinctivement, ils doivent répondre qu’il pleut.
Pas de développement sans compétence
En réalité, loin des instincts grégaires, la question d’évaluation est essentielle pour la survie de notre pays dans un univers de plus en plus concurrentiel. De ce fait, face aux enjeux de compétence qui sous-tend le développement, il urge sans hésiter, de se débarrasser de tous ceux-là qui répondront absents à l’évaluation de ce samedi. En effet, faire la politique de la chaise vide serait un aveu tacite d’incapacité notoire et la preuve qu’ils ont pendant plusieurs décennies, usurpé le titre d’enseignant.
Au vu de tout ceci, les absentéistes méritent une action récursoire pour les obliger à rembourser au pays ce qu’ils ont injustement et goulûment perçu pendant ces longues années. Espérons avec eux que, quand ils se retrouveront sans possibilité de conserver leur gagne-pain, ils pourront financièrement et moralement compter sur le soutien de leurs supporteurs. Mais, qu’ils n’oublient surtout pas qu’ils ne sont que des Ace et donc très vulnérables. En définitive, tant pis pour ceux qui n’auront pas compris qu’on ne défie pas une logique responsable. Ils l’apprendront à leurs dépens.