Un grand homme des arts et de la culture s’en est allé. Il s’agit de Koffi Gahou, artiste polyvalent, hommes de théâtre, graphiste, peintre, cinéaste avec un parcours remarquable. Son décès est intervenu ce samedi 24 août 2019 des suites d’une crise cardiaque. Né le 22 octobre 1947 à Cotonou, l’illustre disparu appelé « Doyen » dans le milieu artistique, est décédé à l’âge de 72 an. Contrairement à ses autres collègues qui ont reçu des hommages à titre posthume, Koffi Gahou a été honoré de son vivant. En effet, il y a quelques mois, la maison d’éditions « Wéziza » dirigée par Gérard Amouzouvi lui a rendu un vibrant hommage à travers le lancement d’une œuvre biographique en son honneur. A l’annonce de son décès, des voix se sont levées pour saluer sa mémoire.
Ils ont dit
Gérard Amouzouvi, Directeur des Editions Wéziza
« J’ai connu un vrai guerrier, un combattant »
Le doyen Koffi Gahou, je l’ai connu fortuitement par le biais de l’administrateur Eguédji. Je ne suis pas de sa génération. Je suis son petit-fils. Je l’ai connu pour un autre projet et quand j’ai lancé la « Bio », du coup j’ai pensé à lui, parce que sa carrure, sa personnalité, son parcours méritaient qu’on l’immortalise et c’est ce travail-là que nous avons fait. J’ai connu un homme simple, capable, mais direct, franc parfois même choquant, un homme qui n’a pas sa langue dans la poche, un vrai guerrier, un combattant, qui malgré que dans le milieu certains ne l’aiment pas, il est resté lui-même, lui-même égal à lui-même. Celui que dans mon texte que j’ai intitulé « appel à la restauration d’une icône ». J’ai pensé qu’il fallait l’honorer de son vivant. Ça me fera mal qu’on expose son corps dans la grande salle de Fitheb, qu’on fasse des cérémonies laudatives pour rien, mais je pense que tel qu’il a dit dans ses dernières volontés, que j’ai écrit dans le livre, son testament, il a souhaité qu’on l’enterre au plus vite comme on enterre un roi à Abomey et qu’après si les gens veulent faire leur Java, de le faire. Il a déjà aménagé sa tombe, son espace est déjà là, il a déjà fait tous les papiers pour son espace chez lui à Bidossessi (Calavi). Toujours est-il que ce digne fils du Bénin, plasticien, comédien, metteur en scène, prêteur de voix, écrivains…. sans lui, lui qui meurt, c’est une partie de l’histoire du théâtre béninois qui part, parce qu’on ne l’oubliera jamais. »
Florent Coua-Zotti, écrivain
« J’ai mal parce que je n’ai rien compris à ta dernière facétie »
Kofi GAHOU, l’Éternel irrévérencieux a tiré sa révérence
J’ai mal, frère, j’ai mal parce que je n’ai rien compris à ta dernière facétie.
J’ai mal, cher Togan parce que tu as risqué ce genre de blague dont tu es seul à connaître la trame.
J’imagine, avec ta voix gutturale, ton sourire ironique, que tu me diras que tout te ressemble, y compris le style par lequel tu as décidé de partir…
Tes épaules n’étaient pas basses pour t’affaisser, grand frère, ton béret basque, tu ne le mettais pas de travers pour qu’on dise que tu avais perdu le nord…
Comme d’habitude, tu étais fort, toujours robuste, même si tu avais besoin parfois d’une canne pour équilibrer tes pas quand tu marchais. Car, tu donnais l’impression d’être un roc, un homme fait pour défier le temps. Comme d’ailleurs sont tes œuvres, qu’elles soient ces sculptures en bois, magnifiques personnages massifs ou ces tentures, héritage de tes ancêtres d’Abomey que tu revisitais régulièrement. Comme tes œuvres, l’éternité cheminera avec toi, artiste irrévérencieux dont les éclats de rire me parviennent encore en ce jour de tristesse. Mais je suis convaincu d’une chose, cher grand frère: la mort est une plaisanterie faite à la vie, même si elle ne t’a pas laissé le temps d’en rire, je considère qu’elle nous aura manqué, à nous autres, encore une fois le respect. Repose en paix, grand frère…