En dépit des remous et controverses qu’elle a soulevés, la loi sur la charte des partis politiques votée par les députés de la septième législature a, à l’arrivée, permis de voir clair dans le système partisan et de savoir désormais les partis politiques à même de l’animer. Mais il se fait qu’il reste à redire sur ce travail d’assainissement que vise fondamentalement cette réforme. Un goût d’inachevé donc…
Elle aura été une des lois ayant marqué la fin de la septième législature à l’Assemblée nationale, quand on se réfère aux tenants et aboutissants de son vote. Partant des émois de l’Opposition et des interminables débats virulents dans les médias et à l’hémicycle, qui ont précédé ce vote, l’évidence de la controverse de cette loi, n’est plus à démontrer. Mieux, sa mise en application a été une autre pilule très amère pour cette Opposition et d’autres partis politiques satellites de la mouvance présidentielle, lorsqu’il s’est agi des élections législatives du 28 avril dernier. Ceci, pour avoir été exclus des formations politiques en lice, faute d’un supposé non-respect de cette loi. Mais malgré ces frustrations observées depuis la mise en place de cette réforme, il est indéniablement reconnu que son avènement a rééquilibré bon nombres de choses, dans le gotha politique béninois. A commencer par la réduction et disparition soudaine des clubs électoraux, instruments de chantage, autrefois érigés en partis politiques au Bénin. Contrairement à l’énigme du passé, n’importe qui peut citer désormais, et sans beaucoup cogiter, les partis politiques existants et qui par ricochet, devront animer la vie politique dans le pays. En témoigne même l’énumération des dix partis politiques, faite par le communiqué du Chef de l’Etat qui récemment les a conviés à un tête-à-tête, au palais de la Marina. Si cette loi a donc dans son application conjugué au passé l’épineuse équation relative à la quantité des partis politiques, elle se confronte néanmoins à l’écueil afférent à la qualité de ces désormais grandes formations politiques. Autrement dit, le système partisan se heurte dorénavant, à une autre gangrène qu’est la transhumance, au sein de ces grands groupes politiques. Dès lors, il ne se passe plus un jour, sans que l’on n’apprenne la démission ou la migration d’un membre d’un parti politique donné, vers un autre et ce, sans difficulté aucune. Ainsi, de la démission de Patrice Hounsou-Guèdè, Nazaire Dossa et Félix Dansou Dossa, respectivement de la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud) et de l’Union progressiste (Up), tous pour le Bloc républicain (Br), sans oublier la vague de renonciation d’une certaine frange de militants au parti Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn), les exemples sont légions. Cette complaisance notée dans ces démissions semble être le manque de conviction et de militantisme, qui continue de caractériser l’univers politique au Bénin, malgré cette refonte. Même si la Constitution béninoise donne droit à tout citoyen de militer librement dans un parti politique de son choix, tout porte à croire que cette liberté s’apparente par ces agitations, à un libertinage ou une pagaille que nul ne saurait cerner. Lequel libertinage vient mettre à nue les insuffisances ou la caractère muet de cette réforme du système partisan qui, à tort ou à raison, a omis de régler cette question de manque de conviction et de transhumance, au sein des partis politiques au Bénin. Quand on choisit dès le départ de rouler pour une idéologie, comment juste quelques semaines plus tard, on en vient à changer aussi brusquement et à une autre idéologie aux antipodes de la première ? La relecture annoncée de cette loi entre autres, par les députés de cette nouvelle législature pourrait s’y pencher, si la vision du gouvernement actuel et de la classe politique est vraiment d’assainir certaines vieilles mauvaises pratiques.