Il n’y a plus d’attente qui vaille. Patrice Talon a rendu publique le jeudi dernier la liste actualisée de ses ministres. Désormais au nombre de 24, ses collaborateurs à qui sont confiés les départements ministériels sont connus et les nouveaux venus, 6 au total, ont déjà pris fonction. A caractère essentiellement politique, chaque remaniement ministériel a toujours attiré l’attention de l’opinion. Celui-ci était très attendu parce que postérieur aux législatives controversées du dimanche 28 avril dernier. Maintenant, c’est fait. Les membres du Bloc républicain et de l’Union progressiste peuvent se frotter les mains. Ils se partagent la quasi-totalité des postes ministériels. Partis soutenant les actions du chef de l’Etat et nés au lendemain de la promulgation de la charte des partis politiques, ces formations politiques considérées comme des bébés siamois filent le parfait amour avec Patrice Talon. La preuve, avant de former son 4ème gouvernement, le chef de l’Etat n’a consulté que ces deux partis. Le résultat final est à leur avantage.
Qu’en est-il alors des autres partis qui soutiennent également peu ou proue ses actions ? En l’occurrence, le Parti du renouveau démocratique (Prd), l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) et le Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) sont en droit de revendiquer leur appartenance à l’écurie politique de Patrice Talon. Certes, Adrien Houngbédji et Claudine Prudencio, chef de ces deux paris auraient pu accepter de se fondre dans l’un des deux partis cités supra. Idem pour Moele-Bénin dirigé par Jacques Ayadji qui n’aurait pas pu voir le jour. Mais, convaincus de leur force auprès de l’électorat, ils ont préféré faire cavalier seul en prenant le soin de se conformer à la nouvelle charte. Au final, aucun de ces deux partis « rebelles » n’a pu participer aux législatives.
L’Udbn n’a obtenu son certificat de conformité que très récemment alors qu’il fallait l’exhiber courant mars lors du dépôt des candidatures. Le Prd et Moele-Bénin croyaient avoir tiré leur épingle du jeu en réunissant les conditions de participation à ces élections. Mais leurs dossiers ont été invalidés par la Commission électorale nationale autonome (Cena). A leur décharge, Adrien Houngbédji, Claudine Prudencio et Jacques Ayadji n’en ont pas fait toute une histoire. Avec leur staff, ils se sont résignés.
Après cette parenthèse malheureuse, une certaine opinion croyait qu’ils seraient récompensés pour leur « sagesse » en faisant leur entrée au gouvernement. Niet, a répondu Patrice Talon, seul maître du jeu. Le Prd, l’Udbn et Moele-Bénin qui n’ont plus rien à perdre vont-ils continuer à soutenir vaille que vaille le gouvernement et son chef ? Sauront-ils prendre leur destin en main ? Espèrent-ils toujours d’autres nominations ? Connaissant le mode opératoire de Patrice Talon, rien n’est sûr, même si toutes les hypothèses restent plausibles.