Ils appartiennent à la même mouvance et soutiennent le même homme. Mais ils ne parlent pas tout le temps le même langage et ne poursuivent pas les mêmes objectifs. C’est également l’art de la politique. Reste que le cas des deux partis majeurs au pouvoir, nés il y a moins d’un an, fend déjà l’œil. Républicains et progressistes n’ont pas fini de faire les premiers pas, après leur naissance, que déjà, ça tiraille entre eux. Si certains font l’effort de jouer à la grande sagesse, en continuant de ruminer les frustrations et mécontentements de plus en plus fréquents, d’autres sortent depuis peu des griffes. En annonçant publiquement et officiellement son départ du camp des progressistes pour celui des républicains, Félix Dansou Dossa, leader politique influent dans la 6ème circonscription électorale, se dit mieux à l’aise dans sa nouvelle destination politique, dénonçant des «coups bas » et autres incompatibilités à sa vision au niveau de l’Union progressiste. Il est parti, avec beaucoup d’autres leaders locaux et une vague de militants propres à lui.
Alors que ces deux partis naissants exhibent toujours des listes ouvertes pour absorber en masse de nouveaux adhérents, voici déjà ce qui leur arrive. Tout laisse croire aujourd’hui qu’ils se combattent entre eux, au lieu d’unir leur force pour freiner une opposition dont la fougue contre Talon ne faiblit pas. D’aucuns continuent de jurer que tout se passe bien entre républicains et progressistes. La suprême autorité du chef peut dissuader les plus réfractaires à la discipline du groupe. Mais des informations laissent croire qu’il ne s’agirait que d’une bombe à retardement, davantage activée par le dernier remaniement ministériel. Occasion vainement attendue dans le camp des républicains, comme des progressistes pour se tailler la part du lion. Le chef de l’Etat, Patrice Talon avait sans doute des raisons stratégiques et inhérentes à la qualité de sa gouvernance, que celles consistant à assouvir d’intenses soifs politiques. Les choix opérés à l’occasion de ce remaniement ne seraient pas au goût de plusieurs hommes forts des deux camps, même s’ils ont du s’y plier. A la veille des prochaines élections municipales et communales et à un an environ de la présidentielle 2021, beaucoup avaient espéré que Talon érige un gouvernement fortement politisé avec des politiciens vétérans à la pointe d’attaque. C’est mal connaitre cet homme, très fidèle en amitié et respectueux des compétences auxquelles il a fait appel aux premières heures de son mandat.
Ils déploient davantage d’énergie pour l’instauration réelle du système partisan au Bénin, raison éminente de leur regroupement politique historique. Mais en vérité, nombreux sont les progressistes et républicains qui n’ont pas encore rompu avec les anciennes pratiques où l’intérêt personnel prédomine tout le reste. Si Talon réussit déjà, tant bien que mal, à maintenir un certain ordre, du fait de sa rigueur implacable dans la gestion du pouvoir d’Etat, il faut s’interroger sur l’avenir de ces deux grands blocs politiques, après son départ, si les vieilles habitudes persistent.