Depuis l’alternance au pouvoir en 2016, des réformes ont été initiées dans le secteur sanitaire béninois. Patrice Talon a mis un point d’honneur à la lutte contre les faux médicaments pour favoriser l’assainissement du sous-secteur pharmaceutique. Le démantèlement du grand marché des produits pharmaceutiques contrefaits « Adjégounlè » et la saisie systématique des médicaments de la rue ont prouvé à suffisance la volonté du gouvernement d’épurer le secteur quoi que phénomène socio-économique.
Dans cette perspective de réformes, plusieurs cliniques et centres sanitaires non agréés ont été fermés. L’exercice en clientèle privé en ce qui concerne les médecins et autres acteurs sanitaires a été redéfini et applaudi par le commun des béninois. Des infrastructures sanitaires notamment l’hôpital de zone d’Allada a été mis en service et d’autres sont en cours de construction. Mais il reste du chemin à parcourir pour le bien-être sanitaire du citoyen béninois, selon plusieurs experts.
Les programmes sociaux tels que les prises en charge doivent être revus et améliorés. L’Etat devra procéder à un recrutement massif d’agents pour pallier l’insuffisance en personnel. Les hôpitaux publics sont asphyxiés depuis la fermeture des cabinets illégaux et la nouvelle réglementation relative à l’exercice en clientèle privée. « Les coûts des services sanitaires sont élevés parce que l’hôpital doit payer les prestataires de services. Si le gouvernement pouvait prendre en charge ce dossier, ce serait bien », nous a confié un agent de recouvrement.
En plus de la vétusté des matériels médicaux, les hôpitaux publics sont également en proie à un manque criard d’équipements. D’où l’urgence pour l’Etat d’équiper davantage les hôpitaux pour mieux répondre aux sollicitations des usagers. Une autre question primordiale à régler est l’éternelle question des primes du corps médical. Pour un soin sanitaire de qualité, il faudrait un personnel motivé dont les conditions de vie ne laissent pas à désirer.
L’Etat devra également revoir à la hausse le fonds sanitaire des indigents en tenant compte de la densité de chaque population. Il devra doter les services sociaux d’un fonds sanitaire d’urgence pour régler les cas des pauvres extrêmes en attendant que le projet Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) touche toutes les contrées du Bénin. Toute chose qui va considérablement soulager les formations sanitaires.
Certaines autorités sanitaires approchées dans le cadre de ce reportage proposent l’identification de tous les Béninois afin de faire bénéficier les vrais indigents et de décourager les personnes de mauvaise foi. Elles souhaitent également que le Ministère en charge de la santé et celui des affaires sociales travaillent en lien pour le bonheur des personnes indigentes.
« C’est gênant d’aller constater dans une maternité que l’enfant est né, il y a deux semaines mais qu’il est encore à l’hôpital alors qu’on l’attend à la maison pour la fête. C’est une très mauvaise chose. Je pense que ces deux Ministres doivent tout faire pour qu’il n’y ait plus de nouveau-nés prisonniers dans nos hôpitaux », a souhaité Théophile Dossou, Secrétaire général de l’Unité CNHU. Pour le Professeur Jules Alao rencontré à l’hôpital de la mère et de l’enfant à Cotonou, « la santé au Bénin n’est pas financée ».
A tout prendre, le cas des indigents ou des personnes en situation difficile dans les hôpitaux publics constitue un véritable casse-tête pour l’administration sanitaire. L’Etat, dans sa politique d’accompagner les formations sanitaires met à leur disposition un fonds dédié aux indigents. Mais il se révèle être aujourd’hui une denrée rare d’où la cherté de certains services sanitaires. Pour éviter alors la précarité du système sanitaire béninois dans la perspective d’atteindre les objectifs de développement durable, il est crucial pour le pouvoir central de prendre les mesures nécessaires pour l’octroi régulier des fonds aux hôpitaux publics.