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Honorable Eustache Akpovi, invité de « Sous L’arbre A Palabres » au siège de L’Événement Précis: « Avec Talon, il y a des changements positifs pour un avenir meilleur »

Publié le vendredi 20 septembre 2019  |  L`événement Précis
Eustache
© aCotonou.com par DR
Eustache Akpovi, professeur de français et politicien
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Le député Eustache Akpovi est le 129e invité de la rubrique « Sous l’arbre à palabres » de L’Evénement Précis. De retour au Parlement 12 années après y avoir siégé et occupé le poste de vice-président de l’Assemblée nationale, Eustache Akpovi a échangé avec les journalistes sur plusieurs sujets de l’actualité nationale, en commençant par les 100 premiers jours de la 8e législature. Le député s’est prononcé sur les dernières législatives et les violences qu’elles ont entraînées. Il s’est aussi exprimé sur les activités du Parlement, notamment sur l’élection des membres du Cos Lépi. La gouvernance de Patrice Talon était aussi au nombre des sujets abordés à travers la lutte contre la corruption, la formation du dernier gouvernement. Les démêlés de certains membres de l’opposition avec la justice, de même que la fermeture des frontières, un sujet brûlant de l’heure, ont été évoqués au cours des échanges.

Et si on en parlait

Quel a été votre sentiment en revenant à l’hémicycle après plus de dix ans d’absence ?
C’est un sentiment de joie qui m’a vraiment animé en posant les premiers pas de nouveau à l’Assemblée nationale. Ça fait pratiquement douze ans que j’ai cessé d’aller au Parlement et par la force des choses, j’ai opéré un retour à l’hémicycle. J’ai été très heureux de retrouver des amis qui sont restés députés depuis ce temps jusqu’aujourd’hui. J’ai été également content de retrouver des agents parlementaires avec qui nous avons beaucoup collaboré quand j’étais 2ème Vice-président de l’Assemblée. Des événements nous avaient mis ensemble, ce qui a fait que j’ai fait une sorte de réminiscence en revisitant notre passé.

Depuis lors, qu’avez-vous fait de majeur dans l’activité parlementaire ?
Dès que nous avons repris, nous avons procédé d’abord à la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale. Comme vous le savez, c’est des intrigues politiques qu’il faut vivre. C’est un événement majeur et a priori, d’aucuns pensaient qu’on allait choisir un président forcément originaire du septentrion. Mais la politique étant ce qu’elle est, nous sommes arrivés à élire un président qui est du Sud, de l’Ouémé plus précisément. En dehors de cet événement majeur que constitue la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale, nous avons procédé à la ratification de certains accords, nous avions désigné certains membres de la HAAC et dernièrement, nous avons désigné les membres du Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos Lépi).

Évidement à ce niveau, on ne vous a pas vu ; pourquoi n’êtes-vous pas parmi les membres du Cos Lépi ?
Vous savez, j’ai déjà vécu ce que c’est que l’Assemblée Nationale. J’ai vu beaucoup de choses et je reste purement politique. Je respecte les consignes du parti. Lorsque vous êtes dans un parti politique, il faut respecter les consignes. Si vous êtes vraiment partisan, respectez les consignes pour ne pas présenter une mauvaise image devant tout le monde. Aussi, tout le monde ne peut pas être responsable. Le parti a voulu que certaines personnes aillent le représenter au sein du Cos Lépi, il va de soi que nous fassions l’effort pour que ce soit effectivement ces personnes-là.

Entre votre expérience passée et ce que vous vivez maintenant, quelle est la différence ?
Nous étions beaucoup plus expérimentés. L’expérience que nous avions faite est beaucoup plus grande que ce que nous faisons aujourd’hui. D’abord parce qu’il y a assez de députés inexpérimentés. Beaucoup ont assez d’ambition mais ils ne sont pas préparés pour ces ambitions ; ils ne sont pas préparés pour ces ambitions mais veulent occuper des postes de responsabilité importante. En tant qu’ancien député et ancien vice-président de l’Assemblée Nationale, j’ai eu l’expérience et c’est ça qui me permet de ne pas m’agiter comme certains. Ils sont en train de faire leurs expériences et ils auront le temps de s’assagir aussi.

On entend dire que cette 8ème législature procédera à la révision de la Constitution, vous le confirmez ?
La conception que j’ai de la Constitution est que toute Constitution est faite pour être revisitée. Même dans les plus grandes démocraties, on revoie toujours la Constitution. Dans notre pays, nous avons cette appréhension que les gens vont réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Ce qui n’est pas vrai. Chaque fois qu’on soulève la question, les Béninois ont peur. Je voudrais simplement vous dire que faire la politique c’est avoir de l’audace. Si vous n’avez pas l’audace, vous ne pourrez rien construire. Ce n’est pas parce que la population ou la plupart des Béninois ont une appréhension de la révision que nous n’allons pas, à un moment donné, prendre cette décision. Le développement du pays dépend du toilettage positif que nous allons faire de la Constitution. Selon moi, réviser la Constitution est une chose normale. Mais quelles seront les conditions dans lesquelles la Constitution sera révisée ? C’est la grande question. Et quelles seront les réponses que les politiques auront à donner à ces lacunes que nous avons constatées aujourd’hui au niveau de la Constitution ? Donc, c’est après avoir obtenu une certaine appréciation de tous ces éléments que nous pourrons dire que la 8ème législature pourra réviser la Constitution ou pas.

Il est vrai que vous êtes encore en début de législature mais est-ce que cette révision va intervenir avant la fin de cette année ?
Sachez une chose, on ne peut pas faire de révision de la Constitution lors de ce quinquennat du président Talon. Pour moi, il n’y aura pas de révision. C’est-à-dire que cette 8ème législature peut procéder à la révision de la Constitution, mais pas avant la fin de ce quinquennat.

Trois mois déjà dans la nouvelle législature, est-ce que vous êtes resté en contact avec vos militants à la base ?
Aujourd’hui, les médias sont beaucoup plus développés. Si vous suivez bien à travers les médias, vous constaterez que moi, je ne m’agite pas. Je ne crie pas sur les antennes, je ne fais pas du bruit et c’est ça qui m’a même permis de réussir. Je pose des actes dans ma circonscription électorale, particulièrement dans la commune de Savalou. Je fais comme je peux. J’ai fait construire des salles de classe dans les collèges de la commune avant les élections. Après les élections, au lieu de prendre l’argent pour aller faire des remerciements, jouer de la musique ou faire la fête avec les populations, j’ai préféré continuer dans la même lancée qui est de construire des salles de classe dans un autre CEG de la commune. Notre objectif est de construire dans chacun des collèges de la commune, un module de trois classes puisque c’est ce qui manque de façon criarde dans cette commune. Politiquement aussi, sur le terrain, nous avons l’habitude de prendre langue avec nos militants, dans le but de leur expliquer ce que nous sommes allés voir à l’Assemblée, comment le débat politique se fait. Nous avons repris ce contact, quitte à bien parler avec la base et lui montrer que dans quelques mois, nous serons encore dans les tranchées électorales où le débat politique va s’enflammer. A ce niveau, c’est une élection de proximité, les combats seront beaucoup plus durs, surtout que les acteurs politiques que nous sommes, seront dans un cadre politique plus restreint, de l’arrondissement au quartier de ville puis au niveau de nos communes. Par conséquent, nous gardons le contact avec la base pour permettre à nos militants de mieux s’organiser afin que nous soyons victorieux une seconde fois dans la commune de Savalou.

Votre parti le Bloc républicain a procédé il y a quelques jours à la restructuration de son bureau en confiant les rênes au président Abdoulaye Bio Tchané. Pourquoi cette restructuration ?
Nous avons opéré cette restructuration parce que c’était nécessaire. Lorsque vous confiez la responsabilité d’une chose à trois personnes, voyez vous-même ce que ça peut donner. Un parti dirigé par trois personnes et un parti dirigé par une seule personne, vous imaginez déjà les résultats. Donc, pour avoir plus de visibilité dans la gestion, il va de soi que le bureau du parti soit restructuré.

Vous auriez pu attendre le congrès du parti pour faire cette restructuration
Dans nos textes, il est dit que le bureau politique a la responsabilité et le devoir, la prérogative même je dirai, de l’organisation. Le bureau directeur a la latitude, selon les textes, de s’organiser, de se restructurer. Alors, ce qui est fait, est conforme aux textes du parti.

Vu votre parcours politique, pour avoir été 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale, puis président de votre parti avant d’être membre fondateur du Bloc républicain, comment vivez-vous le fait que les partis de l’opposition n’aient toujours pas d’existence légale ?
Ce n’est pas l’opposition dans son entièreté, mais une partie de l’opposition. Je le dis parce que la DUD de Houdé dit qu’elle est de la mouvance à priori, mais pose des actes ou fait des déclarations qui ressemblent à ceux de l’opposition.

Comment et pourquoi certains partis n’ont pas reçu le certificat de conformité à ce jour ?
Moi je parle en termes de mise en application des textes qui ont été votés. Certains disent que c’est une élection au cours de laquelle l’opposition a été exclue. Je n’ai pas eu la chance de m’exprimer sur cette question, sinon j’aurais fait part de mon appréciation. L’opposition n’a pas été exclue. Je ne peux pas être député, participer au vote d’une loi (81 députés ont voté la charte des partis politiques, 74 députés sur 83 ont voté le code électoral), et dire après que j’ai été exclu. Si nous arrivons à voter ces lois, cela veut dire que nous avons une idée des formalités exigées par elles. Par conséquent, on ne peut plus me dire qu’on a des difficultés pour faire ces formalités qui ont été énoncées dans ces différentes lois votées. Ils se sont exclus eux-mêmes. Dès les négociations pour voter ces lois, ils devraient déjà comprendre qu’ils seraient contraints à de sérieuses difficultés pour faire les formalités. Ils ont voté et la loi doit être appliquée. Même si on doit revoir les choses, comme ils le disent, chacun doit pouvoir jouer sa partition. Il s’agissait d’ouvrir la Constitution pour qu’on puisse y faire des aménagements qui vont permettre une certaine refonte concernant les législatives. L’opposition ne veut pas prendre la responsabilité de dire au peuple que la révision de la Constitution, ne serait-ce qu’à ce seul niveau, est une nécessité et qu’elle l’approuve et la porte. Ils veulent que ceux de la mouvance prennent cette responsabilité pour se faire griller par la population, à leur profit. Ils se sont exclus eux-mêmes. Je suis formel, ils n’ont pas été exclus et je l’ai toujours dit dans mon environnement. Si j’étais à leur place, j’aurais pris mes dispositions depuis le vote des lois. On ne peut pas imaginer que sur 83 députés, 81 ont voté une loi et quelques mois plus tard, une bonne partie de ces députés décide de renoncer à ces lois.

Mais Fcbe, Restaurer l’espoir et Usl n’ont pas obtenu leur certificat de conformité
Les Fcbe par exemple savent ce qu’ils doivent faire pour obtenir leur certificat de conformité. Dans ce pays, on a toujours dit que celui qui a des démêlées avec la justice ne peut pas aller aux élections. Le législateur qui a fait la loi a aussi, en dehors de ce que nous lisons, donné une interprétation de la loi. La loi est ce qu’elle est et son interprétation l’est aussi. Quelqu’un qui a fui ce pays parce qu’on l’interpelle pour qu’il vienne se justifier sur la gestion d’une affaire d’Etat, ne doit plus être dirigeant d’un parti politique. Qu’est-ce que ça leur coûte de mettre de côté ces gens et de faire les formalités ? Ceux qui sont à l’extérieur veulent juste les utiliser comme boucliers humains. C’est à eux de prendre leur destin politique en mains. Même si ce sont ces gens qui ont l’habitude de financer les activités politiques, ceux qui sont sur le territoire et qui ont la légitimité de pouvoir organiser les activités politiques, doivent pouvoir prendre leurs responsabilités.

Ils estiment qu’il n’appartient pas au ministère de l’Intérieur de fixer les membres de leur bureau
Le ministère de l’Intérieur ne peut pas fixer les membres de leur bureau mais a l’obligation de regarder la finalité des formalités entrant dans le cadre de la constitution de leur parti politique. C’est dans ce cadre que le ministère a eu l’esprit de leur dire que ceux qui ont eu des difficultés avec la justice ne peuvent pas figurer dans leurs documents. Est-ce des immortels et sont-ils irremplaçables ? Je ne crois pas. C’est à ce niveau que vous devez constater que la logique de l’opposition n’était pas d’aller aux élections, puisqu’elle connaissait déjà leur issue. Ceux de l’opposition savaient qu‘ils n’allaient pas gagner ces élections. Les comportements que j’ai notés ne montrent pas qu’ils étaient dans une logique d’aller aux élections. Dans quelques mois, il y aura les municipales. Il est important que l’opposition puisse se réorganiser en mettant de côté ceux qui ont des difficultés avec la justice. De dehors, ils peuvent continuer à financer ces partis politiques pour les rendre forts et leur baliser le terrain pour leur retour. Mais s’ils estiment qu’ils doivent figurer encore en lettres d’or dans la conscience de ces partis politiques, ça ne sera pas possible. Sans le certificat de conformité, ils ne pourront pas aller aux élections.

Face à une telle situation, ne craignez-vous pas une résurgence de la violence ?
Nous avons vu les gens faire de la violence dans Cotonou et dans beaucoup d’autres villes. Mais, ce que j’ai vu après les élections, dans la ville de Cotonou, c’est que personne n’a le monopole de la violence. On ne peut pas dire qu’une seule personne est violente. Nous réfléchissons au développement de notre pays et c’est ce qui explique pourquoi tout le monde ne rentre pas dans ce réseau de violence. Sinon, on sait comment ça se passe. Nous allons demander à l’Etat d’être à présent ferme. On ne peut plus permettre à certains individus de fouler aux pieds les lois de la République. L’Etat doit prendre ses responsabilités à tous égards. C’est parce que les responsables de la sécurité et les autorités au haut niveau n’ont pas voulu utiliser la violence légitime à temps, qu’il y avait eu ce qu’on a tous constaté.

Pensez-vous que les morts qu’on a enregistrés étaient légitimes ?
On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs. Ceux qui ont organisé ces émeutes doivent comprendre que la réplique entraine toujours des casses, dans tous les pays du monde. Chez nous, je dirai qu’on a paré au plus pressé pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts et de morts. On a connu malheureusement 5 morts. Ceux qui ont organisé ces émeutes doivent savoir que ça peut aller loin et je ne trouve même pas une faute à l’administration publique.

Vous parlez comme si les émeutes n’étaient pas spontanées
Les informations que nous avons nous démontrent que ces émeutes ont été savamment organisées. La preuve, ceux qui ont été arrêtés ont pris le temps de tracer l’itinéraire de l’organisation de ces émeutes. Les acteurs principaux de ces émeutes ont été indexés. Lorsqu’on donne de l’argent et qu’on drogue des jeunes pour faire de la violence, vous imaginez ce que ça peut donner. N’eût été l’intervention énergique de l’armée, à un moment donné, les gens auraient brûlé la présidence de la République, brûlé le Parquet et tous les ministères. D’ailleurs, on a vu qu’ils ont commencé par mettre le feu au ministère de la Fonction publique. Est-ce que ce sont des comportements qui peuvent entrer dans le cadre de la construction d’une République ?

Mais pour les élections à venir, nous risquons d’avoir les communales sans l’opposition
L’opposition peut aller aux élections si elle le veut. Pourquoi veulent-ils, par exemple, que Djènontin fasse à nouveau partie des cadres du parti Fcbe ? N’y a-t-il pas d’autres personnes dans ce parti avec les mêmes capacités intellectuelles et physiques que Djènontin ? Cela voudra simplement dire que les décideurs politiques ne pensent pas aux autres leaders de ce parti politique. Ils ne se rendent pas encore compte du danger qui les guette. Et ce danger, c’est de s’exclure continuellement de tous les jeux politiques. Ce n’est pas intelligent de leur part. Qu’est-ce qui empêche Candide Azannai de se mettre à jour, d’aller aux élections, de se présenter comme candidat de Cotonou pour démontrer sa capacité de mobilisation des masses, gagner les élections communales et attendre les présidentielles ?

Mais il dit que son certificat de conformité a été confisqué
Il n’a pas fait les formalités. Si c’était le cas, il irait aux élections

Donc l’opposition joue mal ?
Oui. A leur place, je ne fonctionnerais jamais comme ça. L’Udbn, Dud ont eu leurs documents. Personne ne peut empêcher Fcbe d’avoir son certificat de conformité.

Un porte-parole des Fcbe a dit que vous avez peur de leur popularité
Le département des Collines était le fief des Fcbe. J’ai dirigé les élections de 2016 à Savalou. Moi je les ai battus dans des arrondissements Manhi dès le départ, c’est-à-dire qu’au premier tour, je les ai battus dans beaucoup d’arrondissements. J’aurai peur de qui ? Quand ils étaient tout puissants, ministre des Finances présent sur le terrain, je les ai battus dans certains arrondissements. J’ai dirigé la campagne pour le candidat Patrice Talon et j’ai gagné dans des arrondissements déjà dès le premier tour. C’est maintenant qu’ils ne sont plus au pouvoir qu’ils vont me battre ? Je pense que celui qui a parlé n’a pas la maîtrise de tous les terrains politiques.

Que faire pour que le pouvoir puisse associer l’opposition pour les prochaines élections ?
Il n’y a pas d’autre voie de dialogue que le respect des textes. Nous votons les lois pour les respecter. Je ne fais pas preuve de rigorisme ; je dis tout simplement qu’il faut respecter les lois.

Mais le professeur Joël Aivo, par exemple, dit que c’est des lois-drones destinées à exclure des gens. Qu’en pensez-vous ?
Quand certaines personnes disent certaines choses ça me fait rire. Le professeur Aivo, il sait à quoi il joue. C’est un acteur public. C’est un grand professeur d’université et sa parole ne peut pas tomber dans les oreilles de sourd. Il fait partie de l’élite du pays et quand il parle, les gens l’écoutent. D’une manière ou d’une autre, il a une position politique dans le pays. Il a sa vision de la politique, une idée de ce qui s’y fait politiquement. Donc, il émet ses idées à des moments donnés pour montrer son camp politique. J’estime qu’il travaille pour l’opposition et il est en droit de raisonner de la sorte.

Qu’a fait le gouvernement de bien à Savalou ?
A l’heure où nous sommes, la route inter-Etats Savalou-Dassa-Djougou est en pleine construction.

Ça c’est une œuvre de Boni Yayi !
Quel Boni Yayi ? Vous pouvez avoir le projet, mais si vous n’arrivez pas à mobiliser les fonds pour son exécution, on ne peut pas dire que c’est vous qui l’avez fait. C’est la recherche de financement qui est le gros lot du problème. Donc, nous devons louer ce gouvernement qui est en train de faire des efforts pour mettre en exécution beaucoup de projets.

Et en dehors de ça ?
En dehors de ça, à Savalou, l’Etat est en train de faire construire un stade moderne qui va regrouper pratiquement tous les sports. C’est une construction totalement moderne.

Mais les populations continuent de serrer les ceintures, n’est-ce pas ?
Dans ce pays depuis 1959 que nous avons commencé par parler de Parlement et autres, où la politique est devenue la chose des populations, on n’a jamais vu un président de la République qui s’est occupé de ses citoyens à titre individuel, de maison en maison. C’est toujours ce que les gens font qui détermine leur existence. C’est toujours les activités que les gens mènent qui déterminent leur existence. Il est bien vrai que la gestion politique de l’Etat donne des orientations au développement du pays, et cela affecte aussi les activités quotidiennes des populations. Aujourd’hui, vous devez constater avec moi que les différentes gestions antérieures de notre Etat ont démontré qu’il y a eu trop de laisser-aller dans ce pays. C’est ce qui a consacré la nécessité de ces différentes réformes qui sont d’ailleurs un peu plus dures pour nous aujourd’hui.

Est-ce que le problème d’eau a été réglé à Savalou ?
Il y a un projet d’adduction d’eau qui englobe les communes de Savalou et Bantè. Ça, c’est un projet d’envergure. Avant ça, le gouvernement avait initié, par exemple, dans la commune de Savalou, la construction de 15 forages à haut débit pour renforcer le système de la Soneb. Les études ont été faites et les travaux liés aux forages ont été faits, les forages ont été identifiés. Maintenant nous sommes dans la phase de construction des différentes canalisations et la connexion au réseau de la Soneb. Là, ça va renforcer le débit et permettre aux populations de Savalou, au moins en réseau urbain, d’avoir de l’eau 24h/24 et sur toute une année.

Savalou faisait face à un immense déficit d’eau
Oui, puisque c’était même la promesse la plus forte du candidat Patrice Talon lors des campagnes. Il a été clair, il a dit : « j’ai vécu moi-même ici à Savalou et je connais les problèmes dont vous parlez. Le problème le plus récurrent est celui de l’eau. Quand je serai président de la République, je ferai tous les efforts pour que vous ayez de l’eau dans vos robinets 7 jrs/7 ». Donc, en dehors des 15 forages à haut débit, il y aura le grand projet qui concerne Savalou et Bantè qui viendra régler ce problème définitivement.

Est-ce que le gouvernement a fait quelque chose pour les jeunes ?
Aujourd’hui, vous allez constater que le gouvernement est en train de vouloir réorienter l’éducation. Le problème du chômage est lié à la formation que nous recevons dans nos écoles. Le gouvernement est en train de réfléchir pour transformer les collèges en des établissements techniques, et les moyens conséquents viendront pour que ces CEG soient transformés en collèges polytechniques, quitte à permettre à ceux qui vont sortir de ces centres de formation d’avoir la possibilité de s’auto-employer.

Que pensez-vous du 4ème gouvernement de Talon?
Je vous ai dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ça veut dire que le travail que fait ce gouvernement commence par porter ses fruits. Donc, il ne s’agit pas d’un gouvernement de combat politique. Il s’agit plutôt d’un gouvernement de développement du Bénin.

Et pourtant Marie-Odile Attanasso qui est de votre commune, a été sortie du gouvernement !
Oui, la politique a ses raisons que la raison même ne connait pas. J’ai vu cette dame qui a été efficace, prompte et même perspicace dans son travail quotidien. C’est une dame de rigueur. Je ne sais pas si c’est à cause de sa rigueur qu’elle a eu beaucoup de démêlées avec certains de ses collègues qui sont les patrons de l’université. Peut-être que c’est à cause de sa rigueur, mais je pense que lorsque vous êtes nommé à un poste de ministre, le jour où on vous a nommé, vous devez commencer par penser au jour où vous allez le quitter. Et généralement dans la chose politique, lorsqu’on vous nomme ministre, on prépare aussi le décret de votre départ que vous signez. Et le jour où le président décide de vous faire partir, il vous fait partir tout simplement. Lorsque vous entrez, vous devez savoir que du jour au lendemain vous pouvez être viré. Si la ministre Attanasso est sortie du gouvernement, ce n’est pas la fin du monde. Elle est efficace et Dieu fera, le chef de l’Etat essayera de la mettre quelque part où elle sera utile pour le développement du pays.

Parlons à présent de la fermeture des frontières entre le Nigéria et le Bénin. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
C’était d’abord une surprise pour moi. J’ai été surpris de constater que le Nigéria a fermé ses frontières avec le Bénin. Je n’ai pas été d’accord avec les appréciations de nos camarades de l’opposition disant que c’est à cause de la mauvaise gouvernance commerciale du Bénin que les Nigérians ont fermé leurs frontières. Les Nigérians ont fermé toutes leurs frontières, certes, pas avec le Bénin seul, et c’est pour l’enracinement d’un dispositif sécuritaire interne au Nigéria, pour y faire des scénarii de système de sécurité. Donc ce n’est pas pour une question fondamentalement béninoise. Ce qui s’est passé concerne la sécurité du Nigéria.

Cela a beaucoup de répercussions sur le Bénin
Ça a des répercussions sur beaucoup d’affaires ici. Même lorsque vous prenez la tomate fraiche qui est produite un peu partout sur notre territoire, vous devez constater que les prix ont chuté et que les tomates pourrissent dans les champs actuellement. Les prix sont maintenant pratiquement à moins de 50%, parce que tous ces produits étaient acheminés vers le Nigéria. Ce sont des choses qui sont produites au Bénin, pas des produits de contrebande. Et voilà, à cause de la fermeture des frontières, tout ce qui est produit au Bénin pour être acheminé au Nigéria aura des problèmes. C’est ce qui entraîne aujourd’hui, les faibles recettes de ces producteurs.

Que vous disent les populations de la gouvernance Talon ?
Les populations aujourd’hui pensent qu’avec le président Talon il y a des changements positifs pour un avenir meilleur dans ce pays. Mais le présent est durement vécu à cause des réformes dont nous parlons. C’est des habitudes que nous avons pour la plupart entre temps, que nous devons abandonner. Ce n’est pas facile d’abandonner des habitudes. Par exemple, lorsqu’ils ont fermé les frontières, on a l’habitude d’acheter l’essence frelatée ici à moindre coût. Lorsque les frontières ont été fermées, avez-vous vu le coût de l’essence ? Supposons que Talon arrive à bloquer l’introduction de l’essence dans le pays. Les populations vont en souffrir. Mais les caisses de l’Etat seront renflouées. Et l’Etat aura plus de moyens pour le développement de notre nation.

Les Béninois continuent de croire à une lutte sélective contre la corruption. Que leur répondez-vous ?
Ça c’est les tintamarres de l’opposition. C’est l’opposition qui estime en accusation de la gouvernance Talon, qu’on fait une lutte sélective. Il y a des gens dans nos rangs qui sont corrompus mais qui ne sont pas touchés. Mais ce que nous voulons dans ce pays pour cette opposition qui parle de lutte sélective, qu’ils montent au créneau pour désigner des acteurs politiques tapis dans la mouvance qui ont été des faussaires dans ce pays, qui sont corrompus. Ils n’ont qu’à monter au créneau et dénoncer et voir si on ne va pas les prendre. Le président Talon n’a pas d’ami. Il le dit toujours.

Ce sont des opposants qui sont en exil
Non, moi je n’ai pas vu de politiques en exil.

Ah bon ?
Non

Et Komi Koutché ?
Non, il n’est pas en exil à cause de la politique.

Pourquoi est-il en exil alors ?
C’est une affaire privée. Ce n’est pas de la politique. Il est en exil, Ajavon aussi est en exil, ce n’est pas à cause de la politique. Je ne veux pas parler du cas Ajavon. Je ne veux pas polémiquer sur ces choses-là. Mais je crois que nous n’avons pas d’adversaire politique digne du nom qui soit à l’extérieur à cause de son obédience politique. Ce sont des questions de corruption pour la plupart du temps qui ont obligé ces gens-là à prendre la clé des champs, pour se retrouver de l’autre côté.

Aujourd’hui sur les médias internationaux, ils disent que Talon a asphyxié l’opposition et qu’ils risqueraient de se retrouver en prison s’ils rentraient…
C’est faux. Ils ne peuvent pas se retrouver en prison. Si eux-mêmes n’estiment pas qu’ils ont fait une gestion peu orthodoxe de l’argent public pourquoi vont-ils avoir peur de venir dans leur propre pays ?

Mais pourquoi est-ce sous Talon que cela se passe ? Sous Yayi ce n’était pas le cas
Yayi avait commencé une lutte contre la corruption. Il n’a pas continué parce qu’à un moment donné ils l’ont ceinturé totalement. Lui-même a donné le feu vert inconsciemment et les gens ont continué. Le président Talon dit : « Je ne permettrai plus ça. Nous avons fait ça tout le temps dans ce pays, il va de soi que nous cessions et que le pays décolle. » Regardez le ‘’petit’’ Rwanda, 26.000 km2, mais avec une ligne d’émergence économique qu’on dirait même qu’ils sont cinq fois le Bénin en matière de superficie. Cela veut dire qu’il y a une dynamique qui a été inculquée à tous les actes de développement dans ce pays. Il va de soi que nous aussi nous fassions cela parce qu’on ne peut pas le faire sans qu’il y ait grincement de dents.

Comment vous vous êtes retrouvé à soutenir le président Talon ? On ne vous avait pas vu…

Vous ne m’aviez pas vu ? Je vous l’explique. Nous avons soutenu en 2006, le président Yayi Boni au deuxième tour sous l’impulsion de Patrice Talon. Moi particulièrement, c’est lui qui m’a conduit dans ça. Après, les crocs-en-jambe ont commencé. Yayi a commencé par nous frapper. Il nous a décimés totalement. Je ne parlais pas beaucoup, mais j’avais l’habitude d’aller au tribunal. Et j’ai toujours gagné tous les dossiers. Parce que c’était de l’injustice pratiquement. Même là où nous sommes, c’est parce que le chef de l’Etat avait refusé, sinon l’Etat me doit beaucoup d’argent ; mais il a dit que lui ne paye rien de tout cela, sinon, l’Etat va en souffrir, parce que ces cas d’injustice sont légion. Ce que nous avons vécu sous Yayi ne nous a pas fait fuir le pays. Mon portable était tout le temps sur écoute. Tu vas à l’extérieur, on te montre combien de fois tu as été écouté. Ce que Yayi et ses gens nous ont fait, si aujourd’hui nous on se met à leur rendre cela, ils auraient chaud.
Donc, vous n’avez pas commencé à leur faire ça ?
Non. Rien n’est fait contre eux. Ce qui est sûr, c’est que nous ne ferons pas comme eux. Mais on ne peut plus permettre à la corruption de continuer à gangréner ce pays, parce que les gens doivent changer. Il y a des gens honnêtes dans le pays qui travaillent, qui souffrent et c’est ceux-là qui ne font rien qui amassent de l’argent. Vous imaginez que des Béninois travaillent durement et n’arrivent pas à régler leurs besoins primaires tandis que d’autres sont tapis dans l’ombre de l’administration et volent ? Et on va continuer à laisser ces gens-là ? Il y a eu des gens de ce pays qui perçoivent eux seuls des centaines de salaires. Et vous voulez qu’on laisse tous ces gens-là ?

Qu’est-ce que vous aimez chez Talon ?
Moi, particulièrement, j’aime en ce monsieur le sens de l’organisation et sa rigueur au travail. Si vous n’avez pas ces qualités là, vous ne pouvez pas rester dans son entourage. Vous allez fuir de vous-mêmes. Il a de l’ambition pour le pays. Si nous le suivons, je pense que ce ne sera pas comme ce que nous avons eu par le passé.

Parler nous de la particularité de la fête du 15 août cette année à Savalou.
Vous savez, cette fête est dans une phase critique. Les acteurs principaux sont en train de décider de ne plus venir juste faire les festivités, manger et rentrer. Ils pensent qu’à chaque édition il faudrait que nous puissions consacrer quelque chose pour le développement effectif de la commune. A l’avenir ça risque de bouger beaucoup plus. J’ai vu qu’il y a une prise de conscience généralisée par rapport à cette fête-là qui a été toujours organisée rien que dans les festivités. Il faut que cette fête puisse constituer un tremplin pour le développement.

Le roi n’était pas à la fête. Un boycott?
Non. Le roi était indisposé. Dieu merci, il est en train de connaitre un rétablissement ces derniers jours.

Carte d’identité: Un leader à l’origine

Né le 20 septembre 1967 à Cotonou, Eustache Akpovi a fait ses études primaires à Savalou et à Cotonou. Ses études secondaires se sont déroulées à Cotonou où il obtient avec mention ‘’Assez-bien’’ un baccalauréat série A1 en 1991, au Ceg Dantokpa où le pourcentage de réussite au bac cette année était de 11%. Il fait des études de droit au bout desquelles il décroche une maîtrise en droit et relations internationales en 1996. Parallèlement, il s’est inscrit dans d’autres départements pour avoir plusieurs cordes à son arc. Ce qui lui a permis d’enseigner l’anglais et le français pendant 7 ans en tant qu’enseignant vacataire. Il fait une incursion dans les affaires avant de se retrouver en politique. Déjà en classe de terminale, Eustache Akpovi était leader des groupes d’anglais ; à l’université, il a été tout le temps directeur de campagne des responsables d’amphithéâtre. D’ailleurs, ses camarades l’appelaient « monsieur le député » à cette époque. De l’amphithéâtre à la scène politique, il a d’abord été membre des cellules universitaires des partis politiques. En 2002, il a été élu député et vice-président de l’Assemblée nationale. Depuis mai 2019, il a opéré son retour au Parlement en tant que député mais, cette fois-ci, pour le compte de la neuvième circonscription électorale (Dassa, Savalou, Bantè). C’est que Eustache Akpovi a d’abord été élu conseiller communal à Cotonou, en 2002, au moment même où les Soglo faisaient leur loi dans la ville. Parce que l’opposition maitrisait alors la ville, même les services des renseignements avaient assuré à Mathieu Kérékou, président de la République, qu’Eustache Akpovi ne pouvait rien. « Mais, dit-il, moi je les ai défiés pour dire que je vais réussir. » Elu conseiller municipal avec 5000 voix environs dans son arrondissement (Sikècodji-St Michel), il réussit également à s’imposer toujours à Cotonou aux législatives qui ont lieu en 2003. Moulé dans les jeux politiques depuis le collège, le député de la neuvième circonscription électorale est de ces leaders qui ont appris à vaincre, malgré les manœuvres souterraines.

Intimité: Amoureux de l’igname pilée

Digne fils de Savalou, Eustache Akpovi adore l’igname pilée communément appelée « agoun », avec la sauce d’arachide ‘’auréolée’’ de crincrin. A table, il prend de l’eau ou du vin. Son sport préféré est le football, mais il ne le pratique plus comme avant. L’honnêteté est la plus grande qualité qu’il recherche chez l’être humain. Pour ce politicien avéré, l’on n’a pas besoin de mentir avant de faire la politique. Il a donc horreur de la trahison.
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