Elue députée sur la liste du Bloc Républicain (BR) dans la 8ème circonscription électorale et membre du Bureau exécutif National (BEN/BR) du parti au poste de Secrétaire générale chargée des affaires féminines, l’honorable Mariama BABA MOUSSA s’est prononcée à travers cet entretien qu’elle a accordé à votre rédaction sur des sujets brûlants de l’actualité politique nationale. A cœur ouvert, elle rend compte de ses dernières activités politiques sur le terrain ; se prononce sur : les réformes engagées par le Président de l’assemblée nationale ; la gouvernance du Président Patrice Talon ; la représentativité des femmes dans des instances de prise de décision, etc. Spécialiste des questions de fiscalité, elle s’est aussi prononcée sur l’actualité relative à la fermeture des frontières nigérianes et la croissance économique qui ne se sent pas dans le panier de la ménagère.
L’Evénement Précis : Comment se porte aujourd’hui le parti Bloc Républicain d’où vous êtes élue députée ?
He Mariama Baba Mousa : « …Le Bloc Républicain (BR) se porte bien. Le parti a été restructuré. Aujourd’hui, nous avons un président, c’est le Secrétaire Général National, Abdoulaye Bio Tchané avec deux secrétaires généraux adjoints, Jean Michel Abimbola et Robert Gbian. Il y a aussi les autres postes, les dix-sept membres du bureau exécutif national (BEN) ont chacun une responsabilité. En ce qui concerne ma modeste personne, Honorable BABA MOUSSA Mariama, je suis la secrétaire générale chargée des questions féminines.
Comment se passe la cohabitation entre le Bloc Républicain et l’Union progressiste à l’Assemblée nationale ?
Il faut dire que c’est deux blocs qui ont battu campagne comme deux adversaires. Il y a un bloc qui s’en est sorti majoritaire et l’autre dont je fais partie, le Bloc Républicain est minoritaire. Tout se passe assez bien puisque je dirai qu’on ne se livre pas une guerre acharnée. Par exemple, pour mettre le bureau de l’assemblée nationale en place, il y a eu des négociations et des concessions qui ont été faites. J’apprécie les relations que nous avons avec nos collègues de l’Union progressiste (UP). Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des camarades, nous sommes également des collègues et/ou amis dans la vie professionnelle ou sociale. On est même parent avec certains, c’est la politique qui a fait que nous sommes dans deux partis différents. Nos partis soutiennent les actions du gouvernement et chacun défend ses intérêts, ce qui est légitime.
Pourtant la campagne a été rude entre les deux partis. D’où viennent cette entente et camaraderie soudaines ?
Oui, il faut faire la part des choses. Là-bas, c’était une guerre pour avoir la majorité. Et je crois que nos amis de l’UP ne nous ont pas fait de cadeau. Cela a été dur, ce fut une surprise pour nous. Mais ce n’est pas pour cela qu’une fois que les résultats sont proclamés, alors qu’on a des défis communs à relever, qu’on va encore se livrer des guerres acharnées. Je crois que c’est pour cela qu’avec le Président actuel qui est d’un tempérament louable, les deux blocs ont procédé par des négociations. Parfois même si des négociations sont dures, les deux blocs finissent toujours par s’entendre en faisant des concessions.
De toutes les façons, ces deux blocs soutiennent tous les actions du gouvernement. Nous avons donc intérêt à nous entendre pour relever les défis. Des gens nous attendent beaucoup pour relever le défi du développement de notre pays, nous n’avons pas le droit de faillir.
Les élections législatives de 2019 ont été marquées par de fortes violences dans la partie septentrionale du pays. Comment avez-vous vécu ces périodes ?
Je suis gênée d’en parler. Je ne voudrais pas revenir là-dessus, refaire le récit non. On n’en est plus à cette étape-là. Il faut dire qu’il y a eu beaucoup de tractations, beaucoup d’échanges. Son excellence le Président de la République a reçu les notables, les sages, les religieux et différentes couches sociales, même des parlementaires de la région pour un retour à l’apaisement. Et Dieu merci, l’apaisement est revenu.
Vous voyez, quand on échange, quand on s’écoute, quand on se parle on finit toujours par voir et se comprendre. On se rend compte qu’on se bat et on s’entredéchire pour des choses qui ne méritent pas d’être à la base d’autant de dissensions et de haine. Je vais encore ajouter qu’après ces échanges qui ont ramené le calme, il y a eu des prisonniers et tous ceux-là qui ont été arrêtés au cours de ces événements qui ont été relaxés. Je crois que cela a été un geste louable de la part de son excellence le Président de la République de les relaxer. Notons aussi que l’ancien Président de la République qui a été gardé pendant une cinquantaine de jours a repris ses mouvements et est même parti hors du territoire national. Tout ça concoure au retour de la paix. Nous devons aussi apprécier le dialogue que le Chef de l’Etat a instauré pour échanger avec les différents partis politiques. Avec le dialogue on peut arranger beaucoup de choses. Je crois que le calme revient déjà, de plus en plus et je dirai même que le calme est revenu encore plus dans notre pays. C’est ce que je souhaite vivement, pour mon pays puisque je reviens du Nord.
Depuis votre élection au sein de la 8ème législature, en quoi se résument vos activités politiques sur le terrain ?
Cette question vient à point nommé puisque je reviens du Nord après une tournée dans la 8ème circonscription électorale. Il faut dire qu’après leur installation le 16 mai, les députés ont passé trois mois au parlement. Pendant ce temps, nous avons travaillé pour la mise en place du bureau de l’assemblée nationale et l’investiture du Président. La désignation des députés dans les institutions parlementaires régionales, internationales et nationales a été faite, et ce n’est pas une tâche facile. Nous avons continué le travail comme s’il n’avait pas eu de changement. Les députés de la 7ème législature ont entamé l’étude de certains dossiers qu’ils n’ont pas achevés. Beaucoup de dossiers n’ont pas pu être examinés et le gouvernement a introduit de nouveaux. Nous avons donc, continué le travail. Ceux qui sont entamés, nous devons les reprendre et les achever et ceux qui n’ont pas été entamés nous ont été soumis pour examen et vote.
Pendant trois mois, voilà ce que nous avons fait. Après Cette période d’intense activités, on a eu quelques jours de pause. C’est ce qui m’a permis de retourner vers ma base dans la 8ème circonscription électorale.
En effet, quand je faisais la campagne, j’ai dit qu’il faut que les députés soient en relation permanente avec la base. Et comme promis, trois mois après, je suis retournée à Parakou pour entreprendre une tournée de reprise de contact et de remerciements, dans la 8ème circonscription électorale appuyée par une équipe formée de militants inconditionnels. Le programme a été dense : rencontre avec le comité communal de campagne ; réunion avec le conseil communal de Parakou ; séance de travail et d’échanges avec les chefs de quartier et des élus locaux. J’ai échangé avec près de 250 d’entre eux qui sont du Bloc Républicain pour la plupart. J’ai également échangé avec presque toutes les communautés résidant à Parakou. Je fais allusion aux Lokpas, aux Yoms, aux Natimbas, aux Sèmèrès, à la communauté de Basila, le bureau de la communauté Ibonsè de Parakou, le bureau de l’association Tembi, une délégation des Idashas. Vraiment, cela a été une joie pour moi de voir toutes ces personnes répondre à mon appel.
A mon humble avis, le développement de notre pays, de nos communes n’est pas l’affaire d’une seule personne ou d’une seule communauté. J’ai essayé d’expliquer que la politique politicienne a tué ce pays et il faut arrêter. En tant que politicienne, élue du peuple, je pense qu’il faut que nous nous mettions ensemble, toutes les communautés vivant dans la commune de Parakou et dans la 8ème circonscription électorale formée des quatre communes de Parakou, de N’Dali, de Pèrèrè, et de Tchaourou. Le développement doit être inclusif et participatif, avec la prise en compte des doléances des populations à la base.
Cette démarche a été accueillie de bon cœur. Nous avons échangé sur des problèmes domaniaux, le manque d’infrastructures socio-communautaires, la souffrance des populations du fait de la cherté de la vie, des difficultés liées à la fermeture des frontières du Nigéria, la souffrance des femmes et des jeunes, etc.
Appuyée d’une forte délégation des membres du conseil communal, des réponses ont été apportées à ces préoccupations et les doléances ont été notées.
Toujours accompagnée de ma délégation, je suis allée dans la commune de N’dali, où le maire et les membres du conseil communal, membres du BR m’ont reçu. Nous avons échangé dans la même logique où il faut qu’on pense au développement de nos communes tout en faisant la politique.
Au cours de ma tournée, j’ai profité pour parler de plusieurs projets et de la volonté de ce gouvernement de voir les choses changées. Il s’agit des projets qui concernent l’autonomisation des femmes et des filles, les projets pour les jeunes, les projets pour encourager la scolarisation des enfants et la prise en compte des populations démunies, notamment, les cantines scolaires, le projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH), les micro finances sous la nouvelle formule instituée par le ministère des affaires sociales, le projet Autonomisation des Femmes du Sahel et Dividende Démographique ( SWEDD ), ce qui a été accueilli favorablement.
Ma tournée s’est terminée avec la rencontre des rois de Parakou et du chef de terre de Pkébier. J’ai reçu des bénédictions et beaucoup de conseils et je crois qu’il faut suivre ces conseils. J’ai dû écourter ma tournée pour raison de travail. Je compte poursuivre pour boucler les quatre communes. Il reste donc les communes de Pèrèrè et de Tchaourou. Entre autres, j’avais lancé un tournoi de football et les cours de vacances. J’ai participé à la clôture des cours de vacances avec remise de kits scolaires aux 36 meilleurs, et à la finale du tournoi de football, avec remise du trophée et des lots aux meilleures équipes.
A la fin de la première phase de cette tournée, je peux dire qu’il est important d’échanger avec les populations à la base, cela permettra aux élus de les écouter, de relever leurs doléances, de leur expliquer les questions nationales, je veux dire ce qui se fait à l’assemblée nationale, et d’apporter les réponses à leurs préoccupations. C’est très important pour moi.
Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale vous donne les prérogatives d’initier des propositions de lois, de contrôler l’action du gouvernement à travers des questions écrites et orales. Avez-vous des projets dans ce sens ?
Les projets, j’en ai une kyrielle. Cela ne veut pas dire que tous ces projets du jour au lendemain, je vais les sortir, non. C’est tout une procédure. Il faut d’abord initier ces propositions de loi. Si d’autres existaient, comme la loi sur la parité sur les femmes qui est a été introduite et qui n’a pas pu être votée. Il faudra les reprendre. Il faudra d’abord chercher à comprendre pourquoi elles n’ont pas été votées Et ensuite, voir sous quelle forme, il faut les réintroduire. Actuellement, toutes les femmes députées ont ce dossier à cœur. Nous devons nous mettre ensemble pour travailler avec les organisations et institutions activistes, les femmes parlementaires des autres pays, les députés de nos partis. Ceci permettra de réexaminer le dossier et de faire un lobbying et des plaidoyers pour convaincre ceux qui se sont opposés ou qui doutent.
En ce qui concerne les propositions de lois, il faudrait d’abord préparer l’exposé des motifs et passer par mon parti pour les examiner avant de les présenter aux autres députés. Ces proposition concernent la jeunesse ma vision de la fiscalité de développement ; les finances, la promotion des pme, pmi etc.
Depuis son élection à la tête de l’Assemblée nationale, le Président Louis G. Vlavonou a engagé des réformes. Lesquelles ont le plus retenu votre attention ?
Le Président de l’assemblée nationale a engagé des réformes très importantes. Parmi ces réformes, il faut d’abord noter que le respect mutuel entre députés est revenu. Je ne suis pas une personne étrangère de l’assemblée nationale. Au cours de mes hautes fonctions, j’ai participé aux débats parlementaires pendant plusieurs années, aux côtés de mes ministres et j’avoue que ce n’était pas honorifique le comportement de certains députés. Aujourd’hui, j’ai senti que les débats se font avec élégance, avec politesse. Certains diront que Oh ! C’est parce que vous êtes tous de la mouvance, ce n’est pas vrai. Il y a des questions qui nécessitent des discussions mais on ne discute pas de façon anarchique. C’est important la courtoisie et le respect de l’autre.
L’autre chose est la ponctualité et la présence effective des députés pour les débats. Ce n’est pas normal qu’on parle de certaines questions sans que tous les députés soient présents au parlement. Par le passé, certains nous ont dit que, pour faute de quorum, de simples dossiers font des mois avant d’être vidés. Ici, j’ai constaté qu’un effort est fait. On n’a jamais reporté ad’viternam des séances plénières pour des raisons banales.
Il y a aussi, le contrôle du personnel et la présence effective du personnel au poste. Il a également instauré les cérémonies des couleurs les lundis. C’est vrai que c’est dur mais il l’a fait et il continue de le faire. Je pense qu’il y a encore d’autres idées qui feront que les réformes vont continuer, notamment en ce qui concerne la rémunération des députés, leurs avantages et la répartition des postes.
A votre avis qu’est-ce que le peuple béninois attend fondamentalement de cette législature ?
Le peuple béninois attend beaucoup des députés. C’est pourquoi, les députés doivent se mettre encore plus au travail. Nous avons connu quelques difficultés dont nous avons parlé tantôt. Donc il revient à nous parlementaires, de prouver au peuple béninois que nous sommes venus pour le développement de notre pays. S’il y a des lois qu’on puisse les voter. Si on voit que ces lois n’ont pas été bien présentées par le gouvernement, qu’on puisse le dire avec toute la sincérité possible. De toutes les façons tous les députés ont le droit à la parole et à l’écriture. On peut écrire ce qu’on a dit pour que demain on sache que « je suis députée, mais voilà ma position.» Il nous revient à nous députés de convaincre le peuple par nos actions. Il faut qu’on prenne à cœur les rôles des députés. A mon humble avis, c’est aux députés de montrer au peuple qui attend beaucoup de nous, que nous travaillons.
Malgré la volonté politique affichée, les deux partis n’ont pu amener que 7 femmes à l’Assemblée nationale. Qu’est ce qui n’a pas marché ?
Ne parlons pas en termes de ce qui n’a pas marché. D’abord, nous les femmes, nous représentons près de 52% de la population. Mais j’avoue que pour les positionner (je parle du cas du BR que je connais), cela n’a pas été facile. Parce que les conditions qui ont été établies par le BR étaient rigoureuses… Beaucoup de femmes ont eu de difficultés à remplir ces conditions. On n’avait pas l’habitude de travailler comme on l’a fait de façon claire et transparente. Il y a des femmes qui n’avaient pas de carte Lépi. C’est banal, ce n’est pas parce qu’elles ne se sont pas battues pour l’avoir, mais parce qu’il y a eu des goulots d’étranglement. Elles se sont battues, elles ont tout fait, elles n’ont pas eu leur carte. Et pourtant, elles devaient être positionnées. Ça c’est ce que je connais. Ensuite, il y a eu le problème de quitus fiscal qui n’était pas une mauvaise chose. On ne peut pas être député et ne pas savoir que ce sont les impôts et taxes qui font vivre notre pays. Ces femmes ont eu de difficultés à avoir ce quitus fiscal, non pas parce qu’elles ne sont pas à jour. C’est la procédure qui a été disons mal comprise par beaucoup de personnes. Comme c’est une question de délai, le temps qu’elles se mettent à jour, il avait eu clôture. Il y a également que beaucoup de femmes ont un peu de réserves, les femmes ne s’affirment pas. Il faut aider les femmes à s’affirmer. Je pense qu’au niveau du BR, beaucoup de femmes ont été pressenties pour être positionnées et à cause de ces problèmes elles n’ont pas pu être positionnées. Ce n’est pas qu’on ne veut pas faire la promotion de la femme. Même moi qui suis ici, j’ai occupé de hautes fonctions dans l’administration, mais pour avoir mon quitus fiscal cela a été la croix et la bannière parce qu’il fallait que je respecte scrupuleusement les règles du jeu. La preuve, le BR a quand même sorti cinq des sept femmes élues députées de l’assemblée nationale, ce qui est appréciable et montre la volonté du parti de voir les femmes émerger.
De plus en plus, le taux de croissance économique du Bénin grimpe mais sans aucune incidence sur le panier de la ménagère. Comment expliquez-vous ce déphasage ?
Il y a croissance économique parce que les agents économiques ont produit de la valeur ajoutée et le PIB s’est amélioré. S’il n’y a aucune incidence sur le panier de la ménagère, Je pense que les raisons sont multiples. Il y a la cherté des produits importés notamment ceux des produits de grande consommation (inflation); de même, les prix des produits locaux ont augmenté. Il faudrait que l’Etat fasse en sorte que les prix des produits locaux n’augmentent pas trop et que ceux de grande consommation importés soient maîtrisés. Ce n’est que de cette manière que la situation peut s’améliorer.
Le gouvernement doit développer la production locale notamment, l’agriculture, l’élevage et la pêche. Une production de produits locaux en quantité et en qualité permettra de satisfaire les besoins des populations et d’exporter le surplus. Le gouvernement a entrepris une grande réforme dans ces domaines, et ça évolue bien. Je souhaite vivement que les béninois consomment plus les produits locaux.
Après la désignation des membres du Cos-Lépi, des partis d’opposition ont dénoncé la prise en otage du fichier électoral par deux partis de la mouvance. Leurs inquiétudes sont-elles légitimes selon vous ?
Je ne dirai pas que leurs inquiétudes sont légitimes. Le Cos a toujours été composé des membres des partis politiques siégeant à l’assemblée nationale (Opposition et mouvance), du directeur général de l’Insae et du directeur national de l’Etat civil. La principale attribution du COS (article 36 et 37 du code électoral), c’est la réactualisation du fichier électoral national. Etant donné que nous avons actuellement deux partis présents à l’assemblée nationale, c’est tout à fait normal que le Cos soit constitué avec ces deux partis politiques. Venons-en à la prise en otage du fichier électoral, depuis la réforme du système partisan, tout se passe dans un climat de suspicion, de méfiance ponctué de critiques acerbes de la part de l’opposition. J’aurais souhaité que les critiques soient constructives accompagnées de propositions concrètes, malheureusement, ce n’est pas le cas. A mon humble avis, le Cos actuel est constitué légalement.
Depuis environ un mois, vos concitoyens subissent des conséquences de la fermeture des frontières du Nigéria. Quelle approche avez-vous par rapport à cette situation ?
Notre pays le Bénin est réputé être un pays ré-exportateur. Certains produits agricoles béninois (maïs, igname, ananas, etc.) sont déversés sur le marché nigérian. Donc cette fermeture impacte négativement les deux économies. Si cette situation perdure, elle pourrait entraîner une réduction sensible des recettes fiscales, la baisse des prévisions budgétaires des années à venir ; de même, la croissance économique ressentirait un coup. De l’autre côté, les opérateurs économiques nigérians n’échapperont pas aux conséquences néfastes de cette fermeture. Parce qu’il y a des produits nigérians qui transitent par le Bénin pour aller vers les pays tels que le Togo, le Ghana, le Sénégal et certains pays de l’hinterland. Ce sont les populations des deux pays qui souffrent de cette situation. Il faudra donc que les négociations se poursuivent au plus haut niveau pour que la libre circulation des biens et des personnes redevienne une réalité pour la sauvegarde des intérêts des deux peuples. Cette situation interpelle les autorités politiques que nous sommes. Il faut que les réformes agraires se poursuivent et que la promotion des PME et des PMI soit effective. C’est ce qui fera du Bénin un pays industriel.
Trois ans de gouvernance sous la rupture, quelle appréciation faites-vous ?
Je ferai mon appréciation sur le plan politique, économique et social. Sur le plan politique, il y a l’amélioration de la gouvernance : le respect de l’autorité, la lutte contre la corruption et les abus de biens sociaux, la réforme du système partisan. Du point de vue gouvernance, on dit souvent Démocratie-Gouvernance et Développement. Tous ces éléments de gouvernance sont aujourd’hui une réalité et ne peuvent qu’engendrer le développement du pays. Pour moi, la réforme partisane était nécessaire pour notre pays. Parce que près de 250 partis pour un petit pays comme le nôtre, ce n’est pas la peine. Des partis de quartier, de maison, etc. Vous savez quand vous faites une réforme, vous êtes souvent impopulaire. Il en a qui sont contre parce que c’est leurs intérêts qui sont en jeu. Alors ils vous poussent à droite, ils racontent des choses sur vous, on vous tire pour que vous n’avancez pas ; on vous pousse pour que vous tombez. Au niveau du Bloc Républicain, la réforme du système partisan c’est le regroupement de 170 partis et mouvements politiques. Je soutiens fortement la réforme du système partisan. Il est vrai le vivre ensemble n’est pas facile, mais il faut bien commencer un jour.
Sur le plan économique, je me réfère au pilier II du PAG relatif à la transformation structurelle de l’économie. De façon pratique le gouvernement a mis l’accent sur les secteurs stratégiques de relance de l’économie. Au niveau de l’agriculture par exemple, il y a, la mise en place des sept pôles agricoles qui permettent de promouvoir le développement des filières spécifiques à chaque zone du Bénin. Les produits de spécifications sont : l’ananas, l’anacarde, le coton, le riz, le karité, le manioc, le palmier à huile, le maïs. Des efforts sont consentis dans le secteur du numérique avec l’installation de la cité de l’innovation et du savoir pour encourager les jeunes entrepreneurs. Nous avons aussi la mise en place de la fibre optique sur l’ensemble du territoire national y compris les gros travaux réalisés dans le cadre du passage de la télévision analogique au numérique. Dans le domaine de l’énergie électrique, des efforts perceptibles ont été faits de sorte que les coupures intempestives ne sont plus d’actualité. Vous savez que l’énergie est un élément capital pour l’activité économique. Les industries, les commerces, même le simple vendeur de yaourt, la simple marchande, ils en ont tous besoin pour prospérer leurs activités. Le développement économique passe également par la modernisation des infrastructures. A ce niveau, le constat est remarquable dans toutes les grandes villes du Bénin. Elles sont en chantier et se métamorphosent. Le projet Asphaltage prend en compte 237 km de voies avec des accessoires tels que l’assainissement des eaux fluviales, la construction des places publiques, l’éclairage public, etc.
Le social est le troisième pilier du Programme d’action du gouvernement (PAG). A ce niveau le gouvernement met l’accent sur les services sociaux de base. Il y a le cas particulier des hôpitaux que l’Etat s’investit non seulement à construire mais aussi à équiper. En général dans le secteur de la santé, nous constatons l’aboutissement des réformes où nos hôpitaux ne sont plus des mouroirs. De même le personnel de santé travaille désormais de gaieté de cœur parce que les conditions de vie sont améliorées. Au niveau de l’éducation, nous avons non seulement la construction des infrastructures mais aussi l’opérationnalisation des cantines scolaires pour la rétention des écoliers à l’école et pour relever leur niveau scolaire. Pour ce qui concerne l’eau, le gouvernement prévoit qu’elle sera accessible à tous à l’horizon 2020-2021. A suivre les réalisations à travers tout le Bénin, nous pensons que ces prévisions seront atteintes. Ce programme aura un impact sur la scolarisation des filles. En effet, il revenait aux filles de s’occuper de cette tâche, mais avec la disponibilité de l’eau à portée de main dans les villages, elles pourront aller à l’école au même titre que les garçons. Toujours au plan social, le gouvernement a initié le projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH) pour prendre en compte les couches vulnérables sur le plan de la santé, la retraite, la formation et des appuis de microfinance. L’ARCH est un projet qui évolue et qui aura un impact positif sur la vie des couches vulnérables de la société.
Vous qui êtes souvent au milieu du peuple, qu’est-ce que ce peuple vous dit de la gouvernance du Président Patrice Talon ?
Pour être franche les efforts fournis par le gouvernement actuel sont louables aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. En zone urbaine, les populations sortent de plus en plus pour le dire. Les fonctionnaires témoignent des changements notés aussi bien dans leur cadre de travail et des émulations. Dans les zones rurales, les populations ont plus besoin d’eau, de l’amélioration de l’agriculture, de l’élevage et de tranquillité dans leur petit commerce et mouvement. Avec l’évolution du projet accès pour tous à l’eau à l’horizon 2020-2021, les réformes agraires, le programme de lutte contre la corruption, elles sont pour la plupart satisfaites.
Les élections, municipales, communales et locales approchent à grand pas. En dehors du BR et de l’UP, d’autres partis dont les Fcbe ont obtenu le fameux certificat de conformité. Comment entrevoyez-vous la compétition en 2020 ?
C’est de gaieté de cœur que je constate que d’autres partis politiques et même de l’opposition, vont participer aux élections de 2020. Leurs partisans pourront sortir et participer au scrutin. Les questions d’intimidation et de menaces cesseront sans doute et il aura une vraie compétition. Au niveau du Bloc Républicain, il n’y a pas d’inquiétude. L’organisation mise en place nous permettra d’avoir le maximum d’élus municipaux, communaux et locaux sur toute l’étendue du territoire national.
Quels sont vos appréciations par rapport au dernier remaniement ministériel ?
Pour moi, ce remaniement ministériel traduit la volonté du chef de l’Etat de prendre en compte les deux partis. Vous allez constater que le nombre de ministres du Bloc Républicain est passé de sept à dix. Ce qui est une joie et ce sont des techniciens. On a dosé le technique et le politique. Il ne que cette nouvelle équipe à qui je souhaite d’ailleurs un bon vent, se mette résolument au travail pour relever les nombreux défis qui les attendent.
Je vous laisse conclure cet entretien
En termes de conclusion, en tant que députée l’assemblée nationale, mon souhait est de voir le Bénin devenir un pays prospère épris de paix et de justice, gérer par ses filles et fils pour un véritable développement. Pour y parvenir, il faut nécessairement, qu’il y ait la mise en place de politiques et programmes économiques et sociaux cohérents qui prennent en compte tous les secteurs de la vie nationale. Le développement économique tant prôné comprend plusieurs volets : l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim, l’accès aux soins de santé pour tous, la mise à disposition de l’eau, de l’électricité, et l’accès à l’emploi et puis un environnement sain et un habitat décent. La tâche est immense, elle n’est pas facile ; il n’y a que la détermination, le courage et la cohésion au sein du gouvernement avec à sa tête Son Excellence Monsieur le Président de la République Patrice Talon, pour aller de l’avant.
Quant à nous députés à l’assemblée nationale, nous sommes tenus de voter et de proposer des lois pertinentes en faveur du développement de notre pays et contrôler l’action du gouvernement. C’est de cette manière que nous pourrons mériter la confiance placée en nous par le peuple