Le passage hier, dimanche 17 novembre 2013, du président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) sur le plateau de « Zone Franche » démontre une fois encore que le Chef de l’Etat a du mal à tenir ses engagements, surtout en matière de bonne gouvernance. Ceci d’autant plus que six mois après l’installation de l’Anlc, l’Exécutif n’a daigné mettre à sa disposition aucun moyen devant permettre à cette structure d’appliquer la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin. Comment comprendre ce fait ?
L’exercice n’était pas facile pour le président de l’Autorité Nationale de Lutte contre la corruption hier, dimanche 17 novembre 2013, sur le plateau de Canal3. Guy Ogoubiyi était coincé entre dire la vérité et disculper le Chef de l’Etat par rapport aux moyens qui ne sont toujours pas mis à sa disposition pour appliquer la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin. Le président de l’Anlc s’est voulu optimiste, mettant le tort sur les collaborateurs du président de la République. Seulement, Guy Ogoubiyi est contraint de subir la dure réalité. L’Autorité n’a aucun moyen de sa politique et ceci depuis six mois qu’elle a été installée tambour battant. Aux bureaux, les membres de l’Autorité ne peuvent d’ailleurs pas travailler. Entre les factures impayées, l’eau courante coupée, le personnel, en plus, sans salaire, est démotivé. Leurs courriers restant sans suite, le décret sur le règlement financier toujours en souffrance à la Présidence de la République : la liste est longue pour caractériser le dépit, du moins l’abandon dans lequel végète l’Anlc. Pourtant, c’est dans cette situation que le président de l’Anlc est resté indulgent envers le Chef de l’Etat. Mais en réalité, vu l’état dans lequel se trouve l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, on est à même de conclure que c’est plutôt Boni Yayi qui accorde très peu de souci à ce combat.
Des déclarations, juste çà !
Vu l’installation à grand renfort de publicité des membres de l’Autorité et la détermination seulement théorique du chef de l’Etat sur le sujet, on ne peut s’empêcher de dire que l’état dans lequel se trouve l’Anlc reflète parfaitement la gouvernance sous Boni Yayi. Beaucoup de concepts agités. Beaucoup d’agitations et de médiations et puis, l’échec. Les responsables, ce sont les autres. Cette fois-ci, Yayi n’est-il pas pris à son propre piège ? Le blocage vient sans doute, cette fois-ci, de lui. Ses propos tenus le 6 avril 2011, le jour de son investiture à Porto-Novo, amènent à penser ainsi : « S’agissant de la Gouvernance économique, le défi à relever est de bâtir une économie compétitive basée sur un véritable partenariat public-privé et débarrassée des faiblesses d’une Administration non performante. Cette Gouvernance sera fondée sur la lutte contre l’impunité et la corruption. En effet, les impératifs de développement au cours des cinq années à venir nous imposent de faire de la lutte contre la corruption notre cheval de bataille. Je saisis l’occasion pour rappeler que la priorité de mon Gouvernement sera de demander à la nouvelle Représentation Nationale dès son installation l’examen en procédure d’urgence de la loi sur l’enrichissement illicite et la lutte contre la corruption. ». Il a alors mis tout en œuvre pour disposer de cette Autorité. Et voilà qu’au moment de démontrer véritablement son engagement réel à lutter contre la corruption et de donner les moyens à l’organe en charge de l’application de la loi, Boni Yayi se fait prier. En réalité, tout porte à croire que le chef de l’Etat ne veut pas de la lutte contre la corruption. Autrement, comment expliquer son attitude actuelle… ?