Secret de polichinelle, l’alliance des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) est dans la décrépitude. Le mal est profond. Pour certains analystes, cela ne pourrait en être autrement vu les circonstances dans lesquelles elle est née et la façon dont elle est gérée. L’alliance est plus que jamais ébranlée par une succession d’événements lourds de conséquences. Mais à y voir de près, c’est Yayi Boni qui en est le premier responsable.
Beaucoup l’avaient prédit. Les Fcbe disparaîtront comme l’Ubf sous Mathieu Kérékou. L’alliance de circonstance est sans doute en fin de mission, celle d’accompagner l’actuel Chef de l’Etat dans l’exercice du Pouvoir. Lui aussi à deux ans de la fin de son deuxième et dernier mandat, il est de bon ton que l’alliance s’éclipse. Nous sommes un peu loin de 2016. Du moins, c’est dans un peu plus de deux ans, et pourtant tout se déroule comme si c’est déjà la veille. Les calculs vont bon train au point où les ennemis d’hier ont commencé à se rapprocher les uns des autres.
A l’Assemblée nationale, les groupes parlementaires se recomposent, et ailleurs sur la scène politique, ce sont des déclarations téméraires qui se font, en tout cas à l’encontre des idéaux du Chef de l’Etat. Mais pourquoi ces nouvelles donnes ? A y voir de près, beaucoup d’attentes n’ont pas été comblées. On parle de beaucoup de déceptions dans la maison Fcbe. Tenez ! En 2006, quand la rumeur de création de l’alliance courait, les plus avertis ont tiré en son temps la sonnette d’alarme en conseillant à Yayi Boni de ne pas se mêler à ce jeu, et de se mettre au-dessus de la mêlée en laissant les acteurs politiques gérer le regroupement.
Malheureusement, « intrus » qu’il était, il a pensé qu’il maîtrisait la maison et qu’il pouvait facilement conduire la troupe. Ainsi, sans tirer leçons des expériences de ses prédécesseurs Nicéphore Soglo avec le fameux appel de Goho, et Mathieu Kérékou avec la défunte Union pour le Bénin du futur (Ubf), Yayi Boni a foncé tête baissée en créant les Fcbe dont il en a fait une propriété personnelle, y laissant nom et image. En effet, Yayi Boni a réussi à installer le véritable siège de l’alliance au Palais de la Marina.
Le Coordonnateur Eugène Azatassou, enseignant d’Université, jadis inconnu dans le landerneau politique, n’est que l’ombre de lui-même. Il ne s’occupe que des questions de moindre importance. La preuve, il n’est qu’un simple Directeur de Cabinet de Ministre qui non aucune importance politique au sein de l’alliance Fcbe. Ainsi, le Chef de l’Etat est incontestablement le seul maître à bord.
Il s’est refusé de laisser les acteurs politiques s’occuper de la gestion des Fcbe et a tôt fait de ramener à lui, toutes les ficelles de ce conglomérat de partis dits soutenant ses actions. Il en est le manitou et de ce fait, passe son temps à gérer les positionnements des candidats sur la liste Fcbe, que cela soit aux Législatives, aux Communales et mêmes les candidats au poste de chef de village ou de quartier de ville. Les petites mésententes habituelles entre acteurs militants ou responsables Fcbe sont réglées par le président Yayi Boni.
Et ce n’est pas tout
Si les Béninois ont pu placer leur confiance en l’ancien président de la Banque ouest africaine de développement (Boad), en le portant au pouvoir en mars 2006, c’est parce que le terrain a été balisé plus tôt par des ouvriers de la première heure. Mais une fois élu, Yayi Boni a tôt fait de créer des mécontents dans le rang de ceux qui ont tracé le chemin de sa victoire. Des Fcbe bon teint ont subi les pires humiliations dans les nominations et limogeages. Aujourd’hui, les vrais « gestionnaires » du pouvoir pour ne pas dire les hommes de confiance sont désormais ceux-là qui ont fait tous les régimes au Bénin.
A eux, se sont ajoutés les adolescents politiques et des opposants « reconvertis » d’hier. Sous Yayi, des jeunes fraichement sortis de l’Université pouvaient prendre la parole et parler au nom du gouvernement, et ceci en présence de ministres. Une chose est claire, les Fcbe aujourd’hui sont une marmaille et beaucoup de forces politiques n’hésitent même plus à claquer la porte. A l’instar du député Candide Azannaï, c’est récemment son collègue Valentin Aditi Houdé qui s’est refusé d’appartenir à cette famille politique qui se trouve au soir de sa vie. L’autre réalité à ne pas perdre de vue, c’est le traitement réservé à certains opérateurs économiques ou hommes d’affaires oubliant que derrière eux, il y a des acteurs politiques qui sont mécontents à cause des traitements dont font l’objet leurs protecteurs de la part du Pouvoir Yayi.
La réponse aux frustrations était là depuis mais Yayi Boni n’a pas su prendre la mesure des choses. Parallèlement à la liste Fcbe, ses proches frustrés dans les positionnements en ont créés bien d’autres lors de joutes électorales passées : Alliance Cauris 2, et toutes les autres alliances Cauris satellitaires, etc. A deux ans de la fin du deuxième et dernier mandat du roi des Cauris, des « sujets » n’ont toujours pas trouvé leur salut. Ces derniers ont préféré reprendre à temps leur destin en main. Cela selon eux passe d’abord le combat pour la restauration de certaines valeurs propres à la démocratie. Le fétiche est peut-être trop sorti et ne fait plus peur aux « enfants », est-on tenté de dire. Visiblement, le chemin d’avant 2016 s’annonce difficile pour Yayi Boni qui somme toute n’est que victime de ses propres turpitudes.