À bâton rompus avec le député Gildas Agonkan de l’Union Progressiste : ’’…Il ne faut pas seulement soutenir le président Talon. Il faut prier pour lui ’’
Plusieurs sujets défrayent la chronique dans l’actualité au Bénin depuis plusieurs semaines. Mais le principal demeure la fermeture des frontières bénino-nigerianes par les autorités nigérianes. Face à cette situation, beaucoup s’attendent à voir les députés à l’Assemblée nationale ouvrir le débat sur le sujet à l’Assemblée nationale ; ce qui pose d’ailleurs la problématique du contrôle de l’action gouvernementale par le Parlement, 8ème législature composé de deux tendances politiques soutenant exclusivement les actions du pouvoir en place. Dans un entretien accordé à votre journal, l’un des membres de ce Parlement, en l’occurrence le député Gildas Agonkan, partage son point de vue sur cette situation entre le Nigéria et le Bénin. Il en a profité pour dresser les défis qui, selon lui, doivent être relevés par le Parlement, 8ème législature. Spécialiste en développement local, l’homme s’est aussi prononcé sur les réformes nécessaires pour l’avancée de la décentralisation au Bénin.
Vous êtes député à l’Assemblée nationale, 8ème législature. Vous êtes au parfum de l’actualité sociopolitique nationale. Cela fait déjà plusieurs semaines que les frontières terrestres bénino-nigérianes sont fermées par les autorités nigérianes. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Je voudrais d’abord avoir une pensée pour l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens qui sont meurtris par cette situation de fermeture de frontières. C’est une situation qui impacte négativement plusieurs de nos compatriotes par rapport aux échanges commerciaux avec nos voisins de l’Est. C’est un choc économique pour le Bénin. Mais au lieu que nous nous mettions dans des conjectures en recherchant un peu des relans de politique interne, il faut comprendre que c’est une situation qui est la cause de ces comportements et démarches de notre pays dans nos échanges avec le Nigéria. Ce qui nous est fondamentalement reproché, c’est que nous ne faisons pas de la production, mais que nous réexportons vers le Nigéria tout ce que nous importons d’ailleurs ; ce qui n’est pas du goût du Nigéria qui est en train de protéger sa production locale. Cependant, je crois que les choses doivent se faire dans un processus. Il y a une sorte de brutalité dans la fermeture des frontières et il faudrait que le Nigéria puisse comprendre que plus petit qu’on soit, on a toujours besoin du plus grand et vice-versa. On ne peut pas refuser les échanges entre le Bénin et le Nigéria. Il est important que chacun de nous puisse prendre des mesures pour que l’Etat puisse protéger ses citoyens comme le Nigéria est en train de protéger les siens. Il faut mettre en branle toute la batterie de négociations à travers la Cedeao voire l’Union Africaine pour que des solutions soient trouvées à cette crise et qu’on rouvre au plus tôt les frontières quitte à poursuivre les négociations pour établir d’autres accords d’échanges. Ce qui est certain, les choses ne peuvent plus être comme auparavant dans les relations avec le Nigéria.
D’aucuns pensent que les raisons sont ailleurs d’autant plus que dans la liste des produits interdits d’entrée au Nigeria, il y a des produits locaux du Bénin. N’est-ce pas paradoxal ?
Vous savez, la République Fédérale du Nigéria a toujours fonctionné en privilégiant sa politique interne à celle régionale. Ceux qui trouvent des relans de politique interne au niveau du Bénin ont certainement leurs raisons. C’est de bonne guerre. Mais moi, je ne voudrais pas aborder cette situation dans un contexte politique. On a tendance à dire que le gouvernement du Bénin est en porte-à-faux avec le gouvernement nigérian et que le président Patrice Talon a des situations conflictuelles avec le richissime homme d’affaires nigérian Aliko Dangoté. Tout ça rentre dans un paquet de négociations qu’il faut savoir conduire. Nous ne pouvons pas vivre sans le Nigéria et le Nigéria ne peut pas vivre sans nous. Je suis persuadé que les dommages qu’on retrouve ici au Bénin se retrouvent aussi au Nigeria. Si vous allez aujourd’hui au Nigeria, vous retrouverez sans aucun doute des Nigérians qui se plaignent de la situation de fermeture des frontières entre les deux pays. Il ne faut donc pas croire que c’est seulement le Bénin qui se plaint de la crise. Si c’est vraiment de politique interne qui concourent à cette situation, je crois qu’en tant qu’hommes, nous trouverons des solutions idoines pour le bien de nos populations.
Vous êtes député à l’Assemblée nationale. Pourquoi vous n’interpelez pas le gouvernement ; afin qu’il vienne exposer à la représentation nationale le point des négociations avec le Nigéria ?
Il y a des dossiers qui sont sensibles où le bruit ne donne pas beaucoup de solutions. C’est vrai que comme le disent beaucoup de personnes, le Parlement peut interpeller le gouvernement aux fins d’avoir plus d’informations sur l’évolution de la situation. Mais je reste convaincu que même si nous interpellons aujourd’hui le gouvernement dans ce contexte de pourparlers, je ne crois pas que ça puisse arranger les choses. Nous sommes à une phase de négociations devant conduire à des solutions. Lorsqu’on est dans un tel contexte, il faut savoir raison gardée. Il ne faut rien faire pour perturber les négociations. Ce qu’il faut faire, c’est exhorter le gouvernement à accélérer le processus, à prendre en compte l’ensemble des désidératas des populations, l’ensemble des supplices de nos populations pour que véritablement une solution soit trouvée. Ce n’est pas en interpelant le gouvernement que la solution sera trouvée. L’interpellation du gouvernement n’apportera rien de nouveau à la résolution de ce problème.
Est-ce que vous pensez comme certains qu’il est temps pour le Bénin d’avoir un Ministre en charge des relations avec le Nigéria ?
Que nous ayons une politique volontariste avec le Nigéria, je suis d’accord. Il faut lire les livres du Professeur John Igué pour comprendre que le Bénin ne peut pas fonctionner sans le Nigéria sur le plan économique. Le plus important n’est pas d’avoir un membre du gouvernement au Bénin qui s’occupe exclusivement du Nigéria. Ce qu’il faut, c’est définir une politique dans les relations avec le Nigéria avec des rencontres régulières pour que nous ayons de bons rapports avec ce pays. S’il faut que ça soit nécessairement un Ministre, cela signifie que demain si le Ghana est indispensable pour le Bénin, il faudra encore un Ministre en charge des affaires avec ce pays. Idem avec le Togo, le Niger, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso. Non ! Nous avons des ambassades et des consulats dans ces pays. Par rapport à ça, la bonne démarche n’est pas d’avoir quelqu’un qui s’occupe exclusivement des relations avec le Nigéria.
Parlons maintenant politique nationale. Cela fait déjà 5 mois environ que l’Assemblée nationale, 8ème législature est installée. Alors, lorsque vous rencontrez vos mandant, avez-vous l’impression qu’ils sont fiers de la composition actuelle du Parlement ?
Ce qui est sûr, nous sortons d’un contexte sui generis. Nous avons eu des élections législatives avec quelques tumultes suite à la non participation d’une partie de la classe politique nationale à ces élections pour des raisons que chacun pourra apprécier à sa manière. Aujourd’hui encore, les populations ont quelques appréhensions. Elle se demandent si le Parlement en cours aura la possibilité de les représenter valablement. Elles se demandent si le Parlement actuel sera capable de jouer le rôle réel de contrôle de l’action gouvernementale. Nous les écoutons, nous partageons leurs inquiétudes. Il nous revient de faire en sorte que les inquiétudes partagées par les populations soient levées. Cela dépend du comportement qui sera le nôtre. Nous ferons en sorte que les aspirations que nous portons ici au Parlement soient celles véhiculées, voulues et souhaitées par nos populations. Nous ferons en sorte que nous méritions leur confiance malgré le contexte délicat dans lequel nous avons été élus.
Comment comptez-vous y arriver ?
Je pense qu’il faut déjà commencer par travailler sur des lois qui ont un impact positif sur le vécu de nos populations. Nous devons écouter beaucoup plus les populations dans ce qu’elles veulent. L’autre chose est de faire en sorte que nous n’apparaissions pas comme un appendice du gouvernement ou une caisse de résonance du gouvernement. Bien que nous soyons de la mouvance présidentielle, il faut que nous ayons la possibilité de relever les choses lorsqu’elles vont à l’encontre des populations et amener les gouvernants à changer la donne. J’ai l’habitude de dire que ce n’est pas parce que l’on soutient l’action gouvernementale qu’on devient un tribun du gouvernement. Nous devons être capables d’apparaître comme ce que j’appelle un élément porteur des aspirations des populations même contre des affres qui pourraient provenir de l’action gouvernementale. La dernière fois ici au Parlement, lors du débat d’orientation budgétaire où nous avions souhaité avoir la présence du Ministre des finances et celle du Ministre du plan et du développement et que nous ne les avons pas eues, nous n’avons pas hésité à dénoncer cet état de chose. On aurait pu se taire étant membres de la mouvance présidentielle. Je suis persuadé que le gouvernement a même intérêt à nous aider pour que nous n’apparaissions pas comme une chambre d’enregistrement et pour que notre démocratie, malgré cette situation de Parlement où on a l’impression que c’est un seul bloc, ne prenne pas de coup.
Vous ne voulez pas apparaître comme les membres d’un Parlement soumis au gouvernement. Mais qu’est-ce qui explique le fait que depuis plus de 5 mois, vous n’ayez pas posé une seule question au gouvernement ?
Nous venons à peine de nous installer. Après l’installation de la 8ème législature, nous avons consacré beaucoup de temps à mettre en place les organes de fonctionnement et gestion de l’institution. Je veux citer les commissions permanentes, les groupes parlementaires, les élections de nos représentants dans les Parlements régionaux et autres institutions nationales. Ensuite, la session ordinaire a été clôturé et nous sommes allés en vacances parlementaires. Bientôt l’ouverture d’une nouvelle session ordinaire au cours de laquelle beaucoup de choses vont se passer. Il y aura des questions au gouvernement parce que nous ne méconnaissons pas nos prérogatives. On a tendance à croire que les questions au gouvernement viennent toujours pour embêter les membres du gouvernement. Elles viennent aussi pour éclairer l’opinion publique sur les tenants et aboutissants d’une décision gouvernementale. Nous n’hésiterons pas à poser des questions chaque fois que nous jugerons nécessaire de le faire. L’autre chose est de savoir que lorsqu’on appartient à une mouvance présidentielle, il y a quelques fois des questions que nous nous posons et pour lesquelles nous trouvons rapidement des réponses. Lorsque vous avez des explications à une situation, je ne vois pas pourquoi il faut encore chercher à vouloir faire du buzz. Il y a des questions sur lesquelles nous avons des inquiétudes. Nous allons les aborder en empruntant les voies requises. Nous le ferons sans considération partisane et dans l’intérêt de nos populations.
Vous êtes membre fondateur du parti Union Progressiste. Comment se porte aujourd’hui votre formation politique dans la 23ème circonscription électorale ?
Ce qui est sûr, nous sommes un grand parti politique issu de la fusion de plusieurs autres partis et mouvements politiques pour nous conformer aux exigences de la nouvelle charte des partis politiques et la loi portant Code électoral en République du Bénin. Nous ne nous méprenons pas sur les difficultés auxquelles nous faisons face. Je dis souvent que nous avons créé un parti politique et non un paradis politique. Dans le paradis politique, il n’y a pas de difficulté contrairement au parti politique. A l’Union Progressiste, nous travaillerons à les surmonter. Il y a par exemple les problèmes d’entente entre nous. Ce sont des hommes qui se sont mis ensemble et je suis convaincu que nous trouverons toujours des solutions à nos problèmes. C’est encore le début et venant d’horizons divers, nous allons apprendre à nous connaître et à nous accepter. Ce sont des choses qui se réaliseront avec le temps. Aujourd’hui, nous essayons de tenir. Il y a quelques semaines, nous avons tenues les journées progressistes au cours desquelles nous avons mis l’accent sur le militantisme politique parce que très souvent au Bénin, on devient homme politique parce qu’on est nommé à un poste de responsabilité ou parce qu’une situation vous y conduit. Donc, nous souhaitons désormais que l’homme politique ait un parcours. Nous souhaitons que la politique soit la constance d’un parcours. Le discours peut se nourrir du parcours. Par rapport à ça, je crois que nous sommes sur le bon chemin à l’Union Progressiste. Dans la 23ème circonscription électorale, nous considérons que nous sommes dans notre fief de prédilection, mais nous devons aussi tenir compte des autres forces en présence. Je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut jamais minimiser le potentiel d’un adversaire en politique. Nous sommes dans un challenge. Nous avons en face de nous d’autres forces politiques. C’était le Bloc Républicain. D’autres vont venir encore. C’est dans notre capacité à bien faire pour impacter positivement la vie des populations que nous allons gagner la bataille du terrain. Il n’y aura pas de chasse gardée.
Vous soutenez les actions d’un Chef d’Etat, le président Patrice Talon, un homme qui ne cherche pas la popularité. Est-ce que cela ne freine pas vos actions politiques sur le terrain ?
Je crois que c’est pour ça que je dis qu’il ne faut pas seulement soutenir le président Patrice Talon. Il faut prier pour lui. Il est entrain de changer ce que j’appelle le paradigme de la politique chez nous. Parfois, nous souhaitons qu’il prenne le devant pour faire des communications politiques agressives très fortes pour nous hisser davantage sur nos succès politiques. Malheureusement, ce n’est pas de sa nature. Il réfléchit, agit et ne crie pas la gloire de l’instant. Il a dit qu’on va le porter en triomphe demain. Je crois qu’il est fondamentalement lié à sa vision des choses. Quel que soit ce que nous faisons aujourd’hui pour le sortir de sa ligne, il reste ferme. De grandes infrastructures comme les routes, la centrale thermique de Maria Gléta ont été lancées. Sur d’autres cieux, c’est le Chef de l’Etat même qui procède à l’inauguration. Au Bénin, on ne voit pas le président Patrice Talon sur les cérémonies d’inauguration. C’est son style et nous devons nous en accommoder. Je me retrouve dans ce style qui casse le rythme de la propagande politique inutile. C’est le style de l’efficacité, le style de l’efficience et il faut souhaiter que nous les politiques, nous puissions nous défaire de cette tendance grandiloquente que nous avions par le passé et savoir que le concret est plus important que le paraître. Comme le dit le proverbe, le bien ne fait de bruit et le bruit ne fait du bien. Certes, c’est difficile pour nous qui soutenons ses actions et nos populations, quelques fois, nous reprochent de ne pas mener des actions de propagande politique. Nous essayons de leur faire comprendre que nous sommes dans une nouvelle dynamique au Bénin. Le plus important, c’est le développement de notre pays.
Est-ce qu’il ne vous arrive pas de craindre qu’après le départ du président Patrice Talon du pouvoir tôt ou tard, votre parti politique disparaisse ?
Le risque n’est pas du tout à ignorer hein ! Le risque existe. Nous sommes des hommes. Il faut déjà commencer par cerner le risque en construisant de bases solides pour le parti. Comme je l’ai tantôt dit, nous avons un groupe politique qui est la somme de plusieurs autres groupes politiques. Est-ce que nous sommes déjà suffisamment intégrés ? Est-ce que nous nous faisons déjà assez suffisamment confiance ? C’est un processus et nous travaillerons en prenant en considération tous les risques de dislocation après le départ du président Patrice Talon du pouvoir. Néanmoins, il existe aujourd’hui dans notre arsenal juridique, quelque chose de fort. Je veux parler de la loi portant Charte des partis politiques et la loi portant Code électoral. Ce sont des textes de loi qui ne favorisent plus la création des partis politiques de quartier au Bénin. Ce sont des balises qui nous permettent de renforcer les partis politiques au lieu d’en créer d’autres.
Bientôt les élections municipales, communales et locales. Des rumeurs font état de ce que l’Union Progressiste travaille pour le report de ces élections. Est-ce vrai ?
Je peux tout de suite vous dire qu’il n’y a pas eu de rencontre au sein de l’Union Progressiste sur cette question. Les reports d’élections sont toujours des situations à ne pas souhaiter. Généralement, ça devient toujours des situations exceptionnelles. Quand on n’arrive pas à les gérer, ça conduit dans le décor. Tant qu’on doit organiser les élections municipales, communales et locales, il faut le faire. Du point de vue personnel, nous sortons d’une élection où des partis politiques n’ont pas pu participer pour des raisons sur lesquelles nous n’allons plus revenir. Pour apaiser aujourd’hui le climat politique, il faut au moins des élections auxquelles participeront tous ces partis politiques qui se seraient conformés à la Charte des partis politiques.
Depuis le début de la 8ème législature, qu’est-ce l’honorable Gildas Agonkan fait pour impacter à sa manière, les activités parlementaires ?
J’essaie de faire ce que je peux. Dans une autre vie, j’ai un penchant pour les questions de la décentralisation. Je suis moi-même Administrateur de développement local. J’ai été cadre dans une mairie. J’ai une nette maîtrise des questions de la décentralisation et de la gouvernance locale. C’est l’un des chantiers phares de mes activités parlementaires au cours de la 7ème législature. Je continuerai dans le même registre au cours de la législature en cours. J’essaie de porter les voix des élus communaux pour l’avancée de la décentralisation au Bénin. J’ai travaillé avec l’Association nationale des Communes du Bénin (ANCB) sur un certain nombre de textes de lois qui concourent au renforcement de la gouvernance locale et de la démocratie à la base. Actuellement, je suis en train d’introduire sur la table du président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou, une proposition de loi portant Code de l’hygiène publique en République du Bénin. Je me donne véritablement les moyens intellectuels pour que mon passage ici soit utile aux populations du Bénin. Je profite pour dire que toutes les fois où les populations ont des préoccupations majeures qui puissent avoir une influence sur leur quotidien, c’est à travers des textes de lois que nous pouvons les aider. S’ils en possèdent, qu’ils nous les apportent pour que nous les portions.
Aujourd’hui, lorsqu’on parle de décentralisation au Bénin, est-ce que c’était vraiment nécessaire quand on sait que l’État central a confisqué presque toutes les ressources à son niveau ?
Je crois que si la décentralisation n’existait pas, il fallait la créer. Vous savez qu’avec les élections municipales et communales de 2003, le Bénin est rentré de plein pied dans le processus de la décentralisation. Nous sommes en train de terminer la troisième mandature de ce processus et d’autres pays amis sont même venus copier le modèle béninois. On ne peut pas faire de développement au Bénin sans passer par le développement à la base. La plupart de nos Communes ont déjà connu plusieurs plans de développement. Nous avons une politique nationale qui s’arrime aux projets locaux. Nous avons un certain nombre de partenaires techniques et financiers qui accompagnent la décentralisation dans notre pays. Il y a encore beaucoup à faire en matière de renforcement de capacités des élus et de transfert de ressources aux Communes. La question du statut de l’élu et celle de la proximité de l’élu avec le citoyen restent à régler. Il y a la question du contrôle des ressources mises à la disposition des Communes qui doit être aussi réglée. Beaucoup d’efforts sont fournis par le gouvernement et je souhaite que cela se poursuive. Il faut qu’il y ait plus d’articulations entre les projets locaux et sectoriels. Il ne faut plus qu’un ministère agisse sans avoir pour point de mire, la décentralisation. Je reste persuadé que les prochaines élections municipales, communales et locales qui s’annoncent, donneront naissance à des élus capables d’assumer les fonctions relatives à la décentralisation. Il y a un projet de relecture des lois sur la décentralisation. Nous travaillons là-dessus ensemble avec l’ANCB et nous souhaitons que cela aille dans l’intérêt de nos populations.
Nous sommes à l’air des réformes avec le régime du président Patrice Talon. Quand est-ce qu’on parlera d’agglomération au Bénin en matière de décentralisation ?
Avant, on avait une décentralisation à un seul niveau à savoir l’Etat et les Communes. On pense que comme dans d’autres pays, on peut avoir des régions. La chose est possible. Aujourd’hui, nous sommes dans un cadre de regroupement des Communes sur le plan associatif. Quand on parle de regroupement de Communes, il faut faire très attention parce que nos populations ont développé une tendance qui consiste à préserver leurs espaces territoriaux au point de s’adonner parfois à des conflits frontaliers. Il faut donc faire très attention sur ces questions pour ne pas en créer d’autres. Ce qui est sûr, avec l’évaluation de la décentralisation au Bénin, il y a des ajustements majeurs à faire. J’ai pris part à une tournée avec l’ANCB où nous avons recueilli les attentes des populations et des élus. Nous les avons portées au niveau central parce que le gouvernement a adopté en Conseil des Ministres une sorte de relecture de loi sur la décentralisation. Ça va être fait. Ce qu’il faut aussi faire pour aider la décentralisation, c’est travailler pour que les Maires soient des managers de villes. Il faut prévoir des critères pour être Maire. Avec les textes actuels, le Maire est à la fois représentant des populations de la Commune qu’il dirige, gestionnaire des ressources de la Commune et respsentant de l’État. Il ne faut donc plus laisser ce rôle à n’importe qui dans nos Communes. L’essentiel est que les réformes se fassent dans un dialogue.
Votre mot de fin
Contrairement à ce que pensent certains dans l’opinion publique, la fonction de député est très délicate. Il est appelé à voter des lois pour le compte de toute la population. Il est appelé à contrôler l’action du gouvernement pour le compte des populations et en même temps il est appelé à jouer un rôle social. La fonction de député, par rapport aux nombreuses sollicitations qu’il reçoit, doit être protégée. Nous avons été élus dans un contexte particulier. Je travaillerai à ce que l’image que nous projetons aujourd’hui dans l’opinion publique soit vite renversée.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN