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Soutien à la mouvance : Houngébdji partagé entre le cœur et la raison

Publié le lundi 30 septembre 2019  |  Fraternité
Adrien
© aCotonou.com par DR
Adrien Hougbedji, ancien président de l`assemblée nationale
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Nous y sommes ! Un soutien sans participation. C’est ainsi qu’il définit la posture actuelle du Parti du renouveau démocratique (Prd) vis-à-vis du régime en place. « Le soutien que nous apportons désormais au gouvernement, sans député, sans ministre, n’est pas inédit en politique ; il a un nom : c’est un soutien sans participation », a déclaré Adrien Houngbédji, à l’ouverture des travaux de l’Université des vacances de sa formation politique. Que vaut-il un tel soutien dans une démocratie représentative ? Le professeur de droit public et de science politique, Théodore Holo dira, qu’elle suppose une majorité qui soutient le gouvernement et l’opposition qui fait des propositions critiques pouvant servir d’alternative pour le choix responsable du peuple souverain au moment des élections. Donc, un pluralisme politique permettant la mise en concurrence des partis politiques ayant des projets de société différents appelés à compétir pour la conquête du pouvoir. C’est dire que le ‘’soutien sans participation’’ notamment d’un parti politique dans une démocratie représentative n’est qu’une vue de l’esprit. Comment peut-on être associé à la gestion d’un pouvoir tout en étant exclu ?
Adrien Houngbédji, lui-même, dira d’un tel soutien : « Il a des inconvénients ! Il n’a pas que des inconvénients ! Surtout imposé à un grand parti comme le Prd ». L’opinion aurait sans doute souhaité être éclairé sur les inconvénients, mais ne sera située que sur les raisons de cette posture ambiguë du Prd. « Continuer d’apporter au gouvernement et à Patrice Talon notre soutien franc et loyal, car les villes et les villages où nous sommes influents ont eux aussi, besoin de routes, de ponts, de maternité, d’écoles, de centre de santé, d’eau et d’électricité. Basculer dans l’opposition, c’est renoncer à tout cela », a expliqué à son auditoire, Adrien Houngbédji. Un amour exprimé pour le bien-être de ses concitoyens, soi-disant, qui s’éloigne de toute logique politique. De toute façon, c’est une posture bien difficile gardée dans le temps. Le patron des tchoco-choco le sait. Il va lancer quelques pics à ses partenaires politiques pour rappeler qu’un soutien sans participation a des inconvénients : « La fermeture de nos frontières avec notre grand voisin le Nigéria, est un drame aux dimensions et aux conséquences incalculables. Le gouvernement devrait communiquer pour éclairer l’opinion, il ne fait. L’Assemblée nationale devrait interpeler le gouvernement en question d’actualité, elle ne le fait... », a-t-il laissé entendre, avant d’enfoncer le clou. « Cette Assemblée nationale là, élue et installée dans les conditions qu’on sait, et où ne siègent que nos camarades députés de la mouvance, peut-elle rester pendant quatre ans, la représentation de notre peuple et de sa démocratie ?... ».
Se dire donc ‘’imposé’’ une posture politique au nom de ce qui relève du devoir de toute gouvernance publique dont le contraire devrait être combattu est une excuse indigne du leader des Tchoco-tchoco. En matière politique, il faut être conséquent, pour autant que : « le Prd peut se targuer d’être le parti le plus représentatif, lorsqu’on regarde le nombre cumulé de ses élus, députés, maires, conseillers… ».
Au fond, le choix du Prd est tiré d’une conception erronée de l’opposition sous nos cieux. Dans une approche moins réduite, Nathalie Brack et Sharon Weinblum expliquent que contrairement aux spécialistes contemporains, qui ont appréhendé l’opposition comme les partis exclus du pouvoir dont la fonction première serait de préparer un gouvernement alternatif, l’opposition peut choisir de collaborer avec la majorité pour réformer un système auquel elle s’oppose ou pour se légitimer en tant que force politique auprès du public. Des auteurs ont d’ailleurs démontré qu’aux Pays-Bas, les partis d’opposition s’opposaient rarement aux propositions gouvernementales, en raison de leur capacité d’influencer les propositions de loi avant leur vote final.  
Le président Adrien Houngbédji qui visiblement s’impatiente de l’organisation du dialogue politique annoncé par Patrice Patrice veut peut-être s’inscrire dans cette vision moins réduite de Nathalie Brack et Sharon Weinblum. En tout cas, son parti a des propositions à faire. « Nous marquerons notre entière disponibilité à participer à ce dialogue politique. Nous souhaitons partager avec l’ensemble de la classe politique, nos expériences respectives, et nos approches respectives de solutions, aux problèmes qui interpellent le Bénin ».
Garder son identité politique a un prix à payer, le Prd doit choisir.

Arnaud DOUMANHOUN
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