Si c’était une blague, elle est de mauvais goût. Ce n’est non plus un « Fake news » puisque c’est la Direction de la Communication de la Fédération béninoise de football qui a clamé urbi et orbi que le président Mathurin de Chacus, chantre du « Bénin Football Nouveau Départ » a pris ses responsabilités pour un championnat sans tricherie et sans corruption. Dans une allégorie dithyrambique, on glose sur une pseudo-sanction des arbitres traités comme des « délinquants de rues ». Le courage du président est magnifié dans un casting approximatif. Il est présenté comme le « Sauveur » des dirigeants de clubs qui se saignent financièrement et dont les actions sont annihilées par des « Hommes en noir » qualifiés « d’indélicats ». Il est vrai que la présence du gendarme est déjà le début de la sagesse. Mais, dans le Contrat social, Jean-Jacques Rousseau affirmait : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». Dans une pièce de théâtre, Mathurin de Chacus serait impeccable dans le rôle d’un « super héros » parce qu’il voulait en finir avec la « pègre ». Cela va de soi. Et le jeu en vaut la chandelle, si c’est pour mettre hors d’état de nuire un « groupuscule de fourbes » comme l’a affirmé la Direction de la Communication. Sauf qu’il doit se rendre à l’évidence que de son propre chef, il ne peut plus administrer une autre sanction intuitu-personae à ces arbitres déjà réprimés en première instance par la Commission des arbitres, compétente en la matière. A défaut d’une Commission d’éthique jamais installée au Bénin et qui pourrait sur des faits nouveaux trancher en dernier ressort après un contradictoire, la sanction ne peut passer outre cet étage. Le fait de corruption évoqué est d’autant plus grave que si cela s’avérait vrai, les auteurs subiront la fatwa à la hauteur du crime comme ce fut le cas au Togo, au Ghana, au Nigeria, à la Caf et la Fifa. Bref, partout où on parle de corruption dans le football, la sanction est sévère et amère. Mais le hic dans le cas d’espèce, est que et corrompus et corrupteurs devront apporter les preuves afin d’aider à s’assurer du fait avant de s’inquiéter de la cause. Cette sanction fantôme qui a inondé la toile est comme un morceau de sucre dissout dans un seau d’eau. Introuvable pendant que les mis en cause continuent de bomber le torse et de vaquer au quotidien à leurs occupations. Il est de notoriété publique que les arbitres ne sont pas des « Saints » à qui il faut donner le bon Dieu sans confession. Des pots de vin par ici, des dessous de table par là sont des actes ignobles qui enveniment le parcours de certains. Et ces faits sont rendus possibles par des acteurs, dirigeants de clubs et compagnie. C’est un doux euphémisme de constater que tous les membres de l’actuel bureau exécutif de la Fbf sont des responsables de clubs. Et Dieu seul sait la pression que subissent ces arbitres présentés aujourd’hui pour de vils individus. « Celui qui a un maître n’est pas maître de ce qu’il porte sur le dos » dit l’adage. En mettant le pied à l’étrier, le président de Chacus prend faits et causes pour le corrompu et passe en perte et profit le forfait du corrupteur. Le paradoxe, ces arbitres vilipendés, persiflés et humiliés sont encore appelés pour suivre les dernières formations de la Caf et de la Fifa. Comme quoi, « Que chacun raisonne en son âme et conscience, qu’il se fasse une idée fondée sur ses propres lectures et non d’après les racontars des autres », dixit Albert Einstein.