Depuis plus d’un mois que le Nigéria a fermé ses frontières avec le Bénin, les recettes des douanes béninoises au niveau du Port de Cotonou ont pris un coup, selon des indiscrétions. Si désormais on engrange moins qu’on en dépense, on peut se demander si la gestion déléguée au Port of Antwerp international (Pai) doit se poursuivre.
Bientôt deux mois que le voisin de l’Est du Bénin a décidé de fermer ses frontières avec le Bénin. Cette mesure austère prise par l’administration Buhari à l’encontre du Bénin et qui fait suite à l’entrée de plusieurs produits réexportés, pourtant refusés par le Nigeria, a mis en berne plusieurs activités économiques béninoises. Conséquence : la baisse des recettes douanières surtout tant au niveau des frontières du Bénin qu’au niveau du Poumon économique de ce pays, à savoir le Port de Cotonou. Il ne pouvait en être autrement puisque le Port représente le canal principal par lequel les produits refusés par le Nigeria font leur entrée sur le territoire béninois. Administré en gestion déléguée depuis 8 janvier 2017, par le Port belge d’Anvers (Pai) pour neuf ans à raison d’un mandat de trois ans, renouvelables trois fois, les objectifs visés par les autorités béninoises en actant cette forme de gestion, sont été clairs : la modernisation des infrastructures du Port qui reçoit plus de 12 millions de tonnes de fret par an, l’organisation de l’enceinte portuaire, le renforcement des capacités de l’équipe locale et surtout l’informatisation du système des données. Grâce donc à cet accord avec les belges, le gouvernement béninois ambitionnait de donner un nouveau souffle au Port, non seulement fleuron de l’économie béninoise, mais également une passerelle stratégique de choix pour des pays enclavés comme le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Cette astuce trouvée par le gouvernement de Patrice Talon en son temps, faisait suite à la faveur du redémarrage de l’économie du Nigeria qui est, avec le Niger, l’autre marché majeur que dessert Cotonou, du redécollage des exportations de coton et de noix de cajou et des importations d’engrais et de riz. Or, ce riz importé, ces engrais et plus de vingt autres produits, conformément à l’Accord de Badagry signé en 2003 avec le Nigeria, constituent la base de la fermeture des frontières nigérianes. Le gouvernement béninois, qui a longtemps fermé les yeux sur ces produits qui arrivent à son Port et sont réexportés vers le Nigeria est désormais tenu d’avoir un œil vigilant sur tout ça même si la première puissance africaine rouvrait ses frontières. Sachant que lesdits produits importés sont pour la plupart ceux qui font l’activité économique au Port de Cotonou, et donc le socle de l’entrée des recettes, il est une évidence que les caisses de l’Etat vont en souffrir. Dans ces conditions, est-ce dans les maigres ressources qu’on va puiser pour alimenter le Port d’Anvers dont les experts ne sont pas des philanthropes parachutés sur Cotonou ? N’est-ce pas une préoccupation légitime quand on sait que la masse salariale de ces gestionnaires s’élève à plusieurs milliards de Franc Cfa par an ? Jusqu’à quand le Port pourra-t-il supporter ces lourdes charges au regard des maigres ressources qu’il engrange désormais. Des explications sont attendues des autorités portuaires et surtout gouvernementales.