Face à l’impasse du processus de la correction de la Lépi, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fcsad) a rendu publique la semaine dernière, une déclaration par laquelle elle fait des propositions. Ainsi, le Fcsad exige l’abrogation pure et simple de la loi n° 2012-13 portant apurement, correction, mise à jour et actualisation du fichier électoral national et de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et propose pour les Communales le vote d’une loi pour l’élaboration d’un fichier électoral pour le recensement et l’établissement d’une liste électorale ad’hoc. L’appel du front sera-t-il entendu?
L’incertitude qui plane sur les Communales de 2013 ne laisse personne indifférent. Alors que les politiques confrontent leurs visions sur le processus de correction de la liste électorale, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fcsad) donne un son de cloche hors du commun. Pour le Fcsad, il y a lieu de surseoir simplement aux activités du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi).
Arrêter les travaux du Cos-Lépi
Le Fcsad ne veut pas voir le Cos-Lépi aller plus loin. Dans sa déclaration, il exige l’arrêt des travaux du COS-Lépi et le vote d’une loi portant élaboration d’un fichier électoral dans la perspective des prochaines élections communales. Selon Antoine Déchénou et ses alliés, l’idéal serait le vote d’une loi portant élaboration d’un fichier électoral pour le recensement et l’établissement dune liste électorale ad hoc pour les communales limitées aux Béninois âgés de 18 ans et plus. Ils souhaitent par ailleurs, le vote d’une loi autorisant les audits organisationnels, techniques et financiers du processus du RENA et de la Lépi de 2011. Le front citoyen invite enfin la communauté internationale à étudier ses suggestions et à veiller à leur prise en compte pour la sauvegarde du jeu démocratique au Bénin.
Une prolongation indéfinie
En effet, la proposition du Fcsad intervient dans un contexte d’incertitudes totales sur le processus de correction de la Lépi et par ricochet sur l’organisation des prochaines élections communales qui connaissent déjà sept mois de retard. D’ailleurs, les propos du président du Cos-Lépi la semaine dernière, à l’occasion de la visite du président du mouvement Abt confirment bien l’impasse. "…Je voudrais dire aux Béninois de se rassurer ; il n’y aura rien de mystique qui se passera. Nous avons promis la liste pour le 16 février ; mais dans le meilleur des cas, on l’aura le 16 mars. Et peut-être un peu plus tard si on n’a pas les ressources le moment venu ", a déclaré le député Sacca Lafia dont les propos sont bien la preuve de ce que la prolongation du mandat des maires durera encore plus longtemps.
Sortir de l’impasse
Le jeu démocratique est remis en cause au Bénin depuis peu. La communauté internationale attire même déjà l’attention du gouvernement sur le fait. Il faut donc aller aux élections et le plus tôt. Tous les acteurs sont bien unanimes sur la question même s’ils sont de plus en plus divisés sur la liste électorale à utiliser. Une délégation des soixante maires de la mouvance est récemment allée dire au président de l’Assemblée nationale sa volonté que les élections se tiennent au plus vite, comme pour rester fidèle à la logique de leur leader politique. Le front citoyen semble être dans la même logique sauf qu’il propose de contourner le Cos-Lépi qui risque de ne jamais bouger puisque le gouvernement ne semble pas être résolu à lui donner les moyens de sa mission. Il revient donc à se demander si le gouvernement fera l’option du front citoyen après plus de sept mois d’enlisement ou s’il se réconfortera dans sa position déjà ambiguë. Quand on sait que la Cour constitutionnelle, dans l’une de ses décisions a rendu indispensable la Lépi pour l’organisation des élections au Bénin, ne peut on pas prédire un échec dans une quelconque tentative de marche arrière ?
Au total, la question de la Lépi se révèle comme un véritable défi pour le régime Yayi. Il a certainement le mérité d’avoir opéré une grande et salutaire réforme dans le système électoral du pays en imposant une Liste électorale permanente informatisée, mais reste à faire de cette liste un outil de développement, parce qu’en l’état, elle crée plus de problèmes plus qu’elle n’en résolve dans le pays.
Vitali Boton