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Au Bénin, un dialogue politique sans les poids lourds de l’opposition

Publié le mardi 8 octobre 2019  |  AFP
Le
© Autre presse par DR
Le chef de l`Etat Patrice Talon rencontre les partis politiques
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Après des mois de crise politique au Bénin, le
dialogue voulu par le président Patrice Talon, accusé de dérive autoritaire,
devrait s'ouvrir jeudi en l'absence des principaux partis d'opposition et de
la société civile.
Le petit pays d'Afrique de l'Ouest, longtemps considéré comme un modèle de
démocratie, traverse une période difficile depuis les législatives du 28
avril, auxquelles l'opposition n'a pas été autorisée à participer. Les
manifestations populaires qui ont suivi, et leur violente répression, ont fait
une dizaine de morts par balle.
Mais la main tendue du pouvoir, qui avait promis dès le mois de mai de
rassembler les différents courants politiques après des semaines de tensions,
est vue par beaucoup comme un "non-évènement".
Si le contenu de cette rencontre - censée durer jusqu'à samedi - reste
flou, le gouvernement a été clair: il ne s'agit "en aucun cas" d'une nouvelle
"Conférence nationale" comme celle de 1990, qui avait mis fin au régime
communiste de Mathieu Kérékou et insuflé un vent démocratique dans le reste de
l'Afrique francophone.
"C'est un dialogue politique pour résoudre des problèmes spécifiques et
purement politiques. Ce dialogue ne postule pas qu'on débatte de ces questions
devant la nation et que tout le monde s'y invite", a déclaré lundi à la presse
le ministre de la Communication, Alain Orounla. "La politique et les
réajustements politiques ne sont pas l'affaire de la société civile ni du
clergé".
Neuf partis ont été invités à prendre part au dialogue, mais uniquement
ceux qui ont été reconnus officiellement par le gouvernement, dont beaucoup de
satellites de la majorité présidentielle.
Ni l'Union Sociale Libérale (USL) de l'homme d'affaire Sébastien Ajavon,
aujourd'hui exilé en France, ni Restaurer l'espoir, de l'ancien ministre de la
Défense Candide Azannaï, n'ont rempli les conditions légales posées par le
gouvernement.
"On ne peut rien attendre de ce dialogue (...) L'initiative du chef de
l'Etat est une initiative d'exclusion. De nombreux grands partis n'ont pas été
convoqués", a dénoncé le secrétaire général de Restaurer l'espoir, Guy
Mitopkè, assurant que son parti remplit pourtant "toutes les conditions en
tant que formation politique".
"Pour un dialogue, il faut un médiateur impartial et que les camps
antagoniques aient l'arbitrage nécessaire, ce qui n'est pas le cas. Il faut
aussi que les décisions qui seront prises soient exécutoires, ce qui n'est pas
le cas", a-t-il déclaré à l'AFP.

- "Assécher les opposants" -

Autre poids lourd de l'opposition, le parti de l'ex-président Thomas Boni
Yayi - qui avait quitté Cotonou fin juin après le siège de son domicile par
les forces de l'ordre durant les violences post-électorales -, a accepté le
principe du dialogue, mais a posé des conditions.
"Nous voulons participer au dialogue politique, mais nous demandons au chef
de l'Etat de revoir certaines choses parce que nous avons des gens à
l'extérieur fuyant le régime (...) des gens qui sont en prison", explique à
l'AFP Paul Hounkpè, secrétaire exécutif de Forces Cauris pour un Bénin
immergent (FCBE). "Nous lui demandons de libérer les prisonniers et de laisser
rentrer les exilés".
M. Hounkpé plaide aussi pour que "le dialogue aboutisse à la reprise des
élections législatives" avec des candidats d'opposition.
De nombreux observateurs locaux et internationaux dénoncent régulièrement
un tournant autoritaire du président Talon. Depuis son élection en avril 2016,
son gouvernement a adopté plusieurs mesures interdisant ou restreignant le
droit de grève et de rassemblement public.
La majorité de ses opposants ont fait face à de grave ennuis judiciaires, à
commencer par ses principaux rivaux à la dernière présidentielle, en exil, qui
ont écopé de lourdes peines.
En octobre 2018, Sébastien Ajavon a ainsi été condamné par un tribunal
spécial à 20 ans de prison pour trafic de cocaîne, tandis que Lionel Zinsou,
arrivé second, a été condamné début août à cinq ans d'inéligibilité et six
mois d'emprisonnement avec sursis pour usage de faux documents.
Pour Vincent Foly, éditorialiste et directeur de publication du quotidien
d'opposition La Nouvelle Tribune, le chef de l'Etat cherche avant tout à
"redorer son image et calmer les inquiétudes des investisseurs extérieurs car
le Bénin se trouve dans une situation économique difficile".
"En réalité, le président Talon continue à miser sur l'assèchement des
ressources des opposants" avant les élections locales de mars 2020, et surtout
la présidentielle de 2021, estime l'analyste.
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