A 48h de l’ouverture des travaux entrant dans le cadre du dialogue politique, c’est le branle-bas général. Pendant que les partis qui ont adhéré à l’initiative peaufinent les stratégies pour se faire entendre, du côté de l’opposition, c’est la désolation. Bien qu’invité, le parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), n’entend pas y participer sans que des préalables ne soient satisfaits. Même posture du côté de la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud) dont le président a adressé à cette fin un courrier au chef de l’État dans l’après-midi d’hier. Contactés, les représentants de l’Union progressiste et de l’Union démocratique pour un Bénin nouveau n’ont pas réagi jusqu’au moment où nous nous mettons sous presse. A ce propos, il faut quand même retenir que l’Union progressiste adhère à l’initiative et sera de la partie. Par contre, interrogées, les têtes de pont des partis Restaurer l’espoir et Force cauris pour le développement du Bénin ont donné leur langue au chat. Connu pour ses prises de position, Joël Aivo, Professeur titulaire de droit public est resté dans la même dynamique. Ce qui n’était pas le cas de son collègue et ancien en grade Ibrahim Salami qui a bien voulu se prêter à nos questions. Dans le même temps, la parole fut libre du côté de Moele-Bénin, du Prd, de l’Usl, du Pcb et du Bloc républicain.
Cephise Béo Aguiar, SG Moele-Bénin
« Il faut qu’on discute pour corriger ce qui peut l’être »
« Le parti a reçu vendredi dernier l’invitation à prendre part au dialogue politique. Le parti marque sa disponibilité et son accord à participer à ces échanges qui mobiliseront les forces politiques afin que les réformes mises en œuvre au niveau politique et qui sont contenues dans la charte des partis politiques et le code électoral soient évaluées. Il s’agira de voir si elles créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent ou si elles sont porteuses de gènes de conflits afin qu’ensemble on décide de ce qui peut être corrigé. Mais nous pensons qu’elles sont opportunes, utiles et judicieuses. Notre parti se retrouve parfaitement dans cette dynamique pour que le dialogue avance. Au lendemain des législatives d’avril 2019, Moele-Bénin avait préconisé et souhaité qu’une telle initiative soit prise pour permettre aux forces politiques d’échanger. Le président de la République a donné une suite favorable à ce souhait. Le parti lui en est reconnaissant. Maintenant il faut qu’on discute pour que ce qui mérite d’être corrigé le soit afin que ce qui nous divise ne soit plus d’actualité ».
Christian Parfait Ahoyo, Membre de la direction exécutive nationale, Prd
« Nous espérons une tribune d’écoute des uns et des autres »
« Il ne vous a pas échappé que les 28 et 29 septembre derniers, le Prd a organisé son université de vacances sur le thème : « les réformes politiques, quelles perspectives pour le Prd ». A l’issue de cette rencontre de 48h qui a réuni quatre communicateurs du monde universitaire et tous les cadres et responsables du parti, une résolution importante a été prise, celle de marquer fortement la disponibilité du Prd à répondre au dialogue annoncé par le chef de l’Etat. Les travaux ont pesé sur les dysfonctionnements des deux textes de loi que sont la charte des partis politiques et le code électoral. Les universitaires ont fait des propositions concrètes qui seront versées dans un mémorandum et à cette occasion, ils mettront leur contribution sur la table pour permettre au pays d’avancer. Ce n’est plus un secret pour personne que l’application de ces deux lois suscitées a créé des problèmes, mis à mal notre démocratie, perturbé l’unité nationale et surtout, on a observé malheureusement pour une première fois dans l’histoire du renouveau démocratique, des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Nous du Prd attendons de ce dialogue une tribune d’écoute des uns et des autres, une tribune où chaque béninois se sente appartenir à la nation. Nous estimons que dans une tribune comme celle du dialogue politique, il faut y être et poser ses problèmes. La position du Prd est claire. Une délégation telle que convenue dans la lettre d’invitation sera composée et je ne vous cache rien en disant que la Den se réunit mardi (Ndlr aujourd’hui) pour définir l’orientation du parti à cet effet. Nous espérons fortement qu’à l’issue de ce dialogue que la nation se réconcilie avec elle-même, que la classe politique parle d’une seule et même langage et que l’unité nationale soit sauvegardée. Nous allons exiger que ce que nous avons vu dans un passé récent ne se répète plus ».
Donklam Abalo, Usl
« Les conditions pour un dialogue ne sont pas réunies »
« C’est un non-événement. Il n’y a pas de dialogue. Il s’agit plutôt d’une rencontre entre le président de la République et quelques partis politiques triés sur le volet. Aucune décision issue de cette rencontre ne saurait nous engager. Nous pensons que les conditions pour un dialogue ne sont pas réunies. Nous n’avons pas un médiateur indépendant, les sujets ne sont pas définis et toute la classe politique n’est pas invitée ».
Gilbert Kouessi, Pcb
« Pour nous, c’est un monologue »
« Le fameux dialogue initié par le président de la République est un non-événement. Le chef de l’Etat rassemble ses gens autour de lui pour faire croire au peuple qu’il y a un dialogue. Ce sont seulement les partis qui ont obtenu le récépissé du ministère de l’intérieur qui sont invités. Tout le monde sait les conditions dans lesquelles le récépissé a été donné. Pour nous, c’est un monologue »
Robert Gbian, Bloc républicain
« C’est dans le dialogue qu’on peut se comprendre »
« Mardi prochain (ndlr aujourd’hui), nous allons nous réunir pour préparer notre participation à ce dialogue. D’ores et déjà, je puis vous dire que nous sommes disposés pour la relecture en des points précis de la charte des partis politiques et du code électoral. C’est dans le dialogue qu’on peut se comprendre et de notre côté, nous ne sommes pas braqués »
Ibrahim Salami, Professeur titulaire de droit public
« L’idéal aurait été qu’il y ait un facilitateur »
« C’est un événement attendu et espéré. On aurait souhaité que les partis s’entendent d’abord sur le format, qu’il y ait un minimum d’accord sur les points inscrits à l’ordre du jour. Nous espérons qu’il y ait de vraies négociations et que, outre les parties prenantes, que tout le monde soit invité pour crever l’abcès. Lorsqu’on est dans une situation comme celle que nous vivons, l’idéal aurait été qu’il y ait un facilitateur comme l’Église catholique pour que ce dialogue ne soit pas un monologue ».