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Deuil dans la presse sportive béninoise : Alex Chodaton, une bibliothèque a brûlé

Publié le jeudi 10 octobre 2019  |  Fraternité
Alex
© aCotonou.com par DR
Alex Chodaton, ancien journaliste sportif à l`ORTB
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« Allô le studio…Je vous renvoie définitivement l’antenne… ! » Et il l’a vraiment fait. Alex Chodaton s’en est allé. Cette voix singulière qui tonnait sur les ondes de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb) s’est éteinte dans la matinée d’hier. Journaliste émérite, il venait juste d’entamer sa retraite lorsqu’il a été rappelé par le Tout puissant le mercredi 9 octobre 2019 dans sa 68è année des suites de maladie. Après à son rappel à Dieu, collègues, confrères et autres acteurs sportifs se prononcent.
Christian de Souza (Ancien Directeur de la Radio Nationale)
« Il incarnait l’ancienne école »

« C’est un professionnel bon teint qui aimait son métier. C’est un monsieur qui est beaucoup cultivé et qui faisait tout avec soin. Pour l’avoir côtoyé pendant 22 ans de service, il a une très bonne présentation. Il ne connaît que la plume et le papier. Il incarnait véritablement l’ancienne école. Et il l’a d’ailleurs hérité de son feu Père, Instituteur puis Député plus tard, ami de l’ancien chef de l’Etat Hubert Maga, premier président du Dahomey même s’il avait tout le temps fait Apithy. Admis au concours de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) en France, il intègre l’Ortb en 1975. Entre 80 et 82, il était présent sur la Radio et la Télévision nationale en tant qu’animateur et présentateur du journal. Il a beaucoup œuvré pour trouver des sponsors afin que l’Ortb puisse diffuser les matches de la Coupe du monde. Alex est aussi un pratiquant du football. Au Lycée Victor Ballot, il a été surclassé. Ce qui lui a permis de rejoindre le club mythique de la Capitale d’alors, Aso de Porto-Novo. Nous faisons parfois recours à lui pour des analyses politiques. Il connaît l’histoire, il aimait la littérature, sa propre culture (Allada et Ouidah) et connaît aussi son histoire. Il faut simplement rendre hommage à un combattant ».

Mouf Liady (Collègue de l’illustre disparu)
« Je m’incline devant la mémoire de mon collègue »

« Je suis peiné par cette triste nouvelle. Je m’incline devant la mémoire de mon très cher collègue. Alex Chodation travaillait avec une forte intensité. Et c’est dommage qu’il n’a pas pu profiter de sa retraite pour ses services rendus à la nation béninoise. Il est un très brillant journaliste. Il est un passionné fou du sport puisque lui-même a été footballeur. Il exerçait avec beaucoup de soins. Il a toujours les mots justes et fait des analyses pertinentes et pointues. Il a une très belle plume. On a voyagé à l’intérieur du pays lors des championnats provinciaux de football. Il m’amenait partout et on vivait avec beaucoup de passion ces évènements. Il faut saluer tout ce qu’il a fait pour l’Ortb. Cela doit rester un bon souvenir pour la jeunesse ».

René Bewa (Collègue de Chodaton)
« Je ne dirai pas que c’est un chantre de la presse sportive »

« C’est la loi de la nature. C’est inéluctable à la vie de chacun. Et c’est l’œuvre du Seigneur ! Alex Chodaton est très sociable, c’est un boxeur. Il aimait beaucoup blaguer, c’est un vrai taquin. Je l’ai vraiment côtoyé pendant mes vacations à la Radio Nationale entre (20h et 00h). Nous restions ensemble jusqu’à ce qu’il me laisse en rentrant après le journal de la nuit. C’est un grand Monsieur. Je ne dirai pas que c’est un chantre de la presse sportive béninoise. Il m’appelait mon « Maître » et a de respect pour tout le monde. Il a la passion du travail et du travail bien fait. Il est très pointu dans ses analyses et dispose des expressions justes. C’est une grande bibliothèque qui vient de brûler ».

Sabin Loumèdjinon (Auteur d’un documentaire sur l’illustre disparu)
« Un sac à dos qui a su mendier pour égayer tout un peuple »

« C’est une immense perte pour le pays en général et pour toute la presse béninoise en particulier. Je ne dis pas presse sportive car la presse béninoise est une et indivisible. Maintenant, vu le monument qui s’est écroulé, pourquoi nous lamenter ? Qu’avons-nous fait de son vivant pour l’honorer ? Rien parce que ce Monsieur n’était pas un politique tout simplement. Et c’est dommage. Je garde de lui l’image d’un passionné du sport. Et du football en particulier. " Un sac à dos qui a su mendier pour égayer tout un peuple." comme il aime le dire. Moi c’est mon mentor qui m’a ouvert assez de portes dans ma vie professionnelle. Il a préfacé mon ouvrage les « ECUREUILS A L’EPREUVE DE LA CAN EN 2009 ». UN HOMME CULTIVÉ qui aime manier la langue de Molière. Un homme de caractère qui aime qu’on respecte ses principes. Son credo, c’est le TRAVAIL. Je me souviens de ses anecdotes. « Quand on t’a envoyé à Ballot (collège Victor Ballot) ce n’est pas pour aller jouer au ballon », lui reprochait sa pauvre maman analphabète qui va entendre le nom de son garçon à la radio un dimanche après-midi lors d’une retransmission de foot. Le lendemain, la vieille a quitté ALLADA pour se rendre à Porto Novo pour demander qu’on punisse son enfant au drapeau. Alex a toujours regretté le décès très tôt de sa mère qui n’était plus en vie pour entendre les montants faramineux que les footballeurs gagnent actuellement. Bref moi j’ai eu la chance et l’honneur de couvrir des évènements avec lui. Cameroun- Benin en 2005 à Douala. Can 2008 à Takoradi au Ghana. Mondial juniors en 2005 à Kerkrade en Hollande. J’ai réalisé un documentaire sur sa vie en 2014 intitulé "Alex Chodaton ou l’ombre du baobab" 54 minutes. Une bibliothèque a brulé et les politiciens charognards viendront bientôt danser la danse lugubre autour de sa dépouille. Ce ne sera que récupération politique Dommage ! Repose en paix Chodus ! ».

Constance Meffon (ex-Stagiaire du disparu)
« Il a fait de moi une professionnelle rompue à la tâche »

Une réalité à laquelle nul ne saurait se soustraire. Mais il est des êtres que nous aurions souhaité avoir à nos côtés éternellement si je ne m’abuse. Fofo Alex en fait partie. Mais je comprends aussi que dans ma volonté à moi, il y a la volonté divine. Oui l’Etre suprême, c’est lui qui décide de quand on vient et quand on part. Je voudrais bien me cacher derrière cette assertion pour dire que la volonté de Dieu a été faite. Du coup, avec beaucoup de respect je m’incline. Alex, du moins Fofo Alex n’a pas vécu inutilement. Puisqu’il a fait de moi une professionnelle rompue à la tâche. Je me rappelle ces petits matins dans les couloirs de l’Ortb, très matinal avec sa belle plume écrire des commentaires assez poignants dont lui seul a le secret. Sa plume très appréciée nous a forgés. Je me rappelle comme si c’était hier la finale NIGERIA-CAMEROUN au stade Suru Lere de Lagos. Comme un aîné, il a su jouer un rôle énorme dans ce direct que j’ai fait. Tant de bonnes choses que je retiens de lui dans mon apprentissage à ses côtés. Comme un mur, la mort te sépare de nous. Finie, les petites causeries comme tu aimes bien, les taquineries petite sœur-grand-frère. Mon amitié, mon affection et mon espérance s’en iront te rejoindre là où tu nous attends près de Dieu. Fofo Alex, tu n’as pas vécu inutilement. La vie a décidé de ton départ. Merci pour l’héritage professionnel partagé. Avec beaucoup de peines je lui dis. Au revoir ».

Athanase Bocco (Parent du disparu)
« Faisons ce que nous devons faire… »

« Tout le monde parle, fait des éloges et que sais-je encore. Mais est-ce qu’on a pu l’aider dans ses moments difficiles ? Qui lui est venu en aide lors de sa traversée du désert, surtout sa période de maladie ? Apprenons à être là quand il le faut pour ne rien avoir à se reprocher sur la conscience après. Faisons ce que nous devons faire et à son temps pour nos proches. Sinon, c’est toujours trop tard. Salut Alex !! J’ai dit ».

Sosthène Seflimi (Chroniqueur Analyste sportif)
« Alex donnait l’impression d’avoir vu les matches, la veille »

« Alex Chodaton a marqué le monde du football béninois par ses remarquables analyses des matches internationaux qu’il avait l’habitude de présenter sur la Télévision nationale. Il séduisait par la qualité de sa plume et l’originalité de ses commentaires. En outre il écrivait très vite, de sorte qu’à la mi-temps, quand il lisait son commentaire, on avait l’impression qu’il avait regardé le match, la veille. Après lui nous n’avons plus connu un autre commentateur de son envergure. Il a déclaré un jour avoir suivi une formation en France. Je ne sais pour combien de temps mais je pense qu’à défaut de leur offrir des bourses, nous devrons trouver un mécanisme pour former les jeunes qui sont actuellement en activité ».


Ambroise ZINSOU
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