Une œuvre en provenance du Bénin a fait son entrée dans la compétition internationale des films retenus par la 21ème édition du Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris. Ce 9 octobre 2019, au Cinéma Le Grand Action de Paris, le Smartfilm documentaire réalisé par le jeune cinéaste béninois Arcade Assogba est admis en compétition. Il s’agit d’un court métrage intitulé ‘’La Traversée…’’ réalisé à partir de son téléphone portable. Un court métrage documentaire expérimental tourné et monté sur un téléphone mobile mais n’en donne pas du tout l’air à la visualisation. Une performance filmique à bord d’une barque motorisée qui fait la navette entre les quartiers d’Akpaka et le marché international de Dantokpa. Le réalisateur qui faisait pour la première fois cette expérience de transport en commun dans une ville où il est né depuis bientôt près de quarante ans, a filmé la traversée de la lagune de Cotonou et y a mis en fond sonore une chanson du célèbre groupe de musique béninois, Gangbé Brass Band. Le texte de la chanson demande aux africains de rentrer au bercail afin de développer leur lieu d’origine. Arcade Assogba confie que le groupe lui avait proposé de lui réaliser un clip vidéo sur ce titre en particulier après qu’il les avait accompagnés muni de sa caméra sur deux tournées consécutives à travers la Belgique en 2011 et 2012. En juillet 2018 où la vidéo a été tournée, Arcade Assogba venait lui-même de rentrer au Bénin après un séjour de près de deux ans en France et dans la sous-région Ouest-africaine. Sa performance qu’il décrit comme relevant du cinéma direct emprunte aux codes du cinéma expérimental en ceci qu’il crée un croisement entre l’art et cinéma. Le résultat offre une vidéo qui ne rentre pas dans les moules de l’industrie du cinéma ou de l’audiovisuel dans sa dimension spectacle et show-business. Comme il le dit lui-même, ce film est une rencontre de trois artistes du Bénin : La musique des Gangbé Brass Band, la photographie de Victor Okpaati Gugel et le la narration cinématographique d’Arcade Assogba qui, à défaut de gros moyens pour filmer, se sert de son téléphone pour produire ce qu’il appelle des « smartfilms ».
Une reconnaissance de taille
Selon les données publiées par les organisateurs du Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris – FCDEP, 43 films au total sont retenus pour la sélection de cette 21ème édition sur plus de 1600 soumis par leurs auteurs. Les films représentent 33 pays dont deux africains : La Tunisie et le Bénin. Après Paris, La Traversée…, d’Arcade Assogba sera montrée à Gorée au cours du mois de novembre dans le cadre du festival Gorée Cinéma.
Qui est Arcade Assogba ?
Arcade Assogba est réalisateur de cinéma qu’il exerce concomitamment avec une implication active dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales. Il a assuré pendant dix ans des fonctions de chargé de communication digitale pour différents évènements culturels majeurs du Bénin. Au cinéma, il a été depuis 2008 premier assistant réalisateur sur plusieurs longs métrages fiction tournés au Bénin et a ainsi collaboré avec des réalisateurs de renom comme Sylvestre Amoussou, Jean Odoutan, Pablo César (Argentine), Heidi Specogna (Allemagne) et Pascale Obolo (Cameroun) en film documentaire. Il est auteur lui-même de trois courts métrages fiction et documentaire. En 2012, il a créé une boîte de production à Cotonou, Kiti-Kili Films, de même qu’une association dénommée Kiti-Kili avec lesquelles il développe des projets cinématographiques. Il est par ailleurs titulaire d’un Master en Recherche en sciences humaines et sociales obtenu à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne après une maîtrise en Droit obtenue à l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin. Ce passionné des nouveaux médias et d’écriture est l’actuel directeur exécutif du centre culturel Artisttik Africa.