C’est l’une des rencontres de haute portée qui sera gravée dans les annales de la gouvernance du président Patrice Talon. Le dialogue politique tant attendu a bel et bien ouvert ses portes avec la présence confirmée de tous les partis politique invités à l’exception du parti de la Dynamique Unitaire pour le Développement (Dud) de Valentin Houdé. Placée sous la présidence de Patrice Talon, l’ouverture de la rencontre a connu deux allocutions à savoir celle d’ouverture du chef de l’Etat et du facilitateur désigné, le professeur Dorothée Sossa.
« Notre rencontre de ce jour, loin d’être le signe d’un quelconque stress de notre démocratie, s’apparente à mon sens, à une exigence de check-up quand survient une quinte de toux d’une résonnance inhabituelle », a déclaré Patrice Talon à l’ouverture de la rencontre. Il explique que « notre système partisan était devenu nuisible pour notre pays, tel un ongle incarné dans l’orteil ». « Fallait-il le tailler avec courage dans la douleur ou ne rien faire au préjudice indéfini du bien-être ? », se demande le chef de l’État.
Le président de la République rappelle que c’est avec honneur et responsabilité que ‹‹ la 7ème législature de notre pays a vaincu la fatalité en réformant notre dispositif partisan par le vote à la quasi-unanimité de ses députés toutes tendances confondues, d’une nouvelle charte des partis politiques et d’un nouveau code électoral pour répondre à notre besoin unanime d’assainissement ». Malheureusement sa mise en œuvre a laissé des écueils. « A la mise en œuvre de ces lois…, nous nous sommes déchirés au point de compromettre notre cohésion. Nous, acteurs politiques, avons semé à notre propre égard, le doute, la méfiance et la défiance dans l’esprit de nos concitoyens », déplore Patrice Talon.
Pour le chef de l’Etat, « Si les évènements des mois d’avril, de mai et juin n’ont pas remis en cause le processus démocratique de notre pays, encore moins son édifice républicain, ils auront néanmoins révélé une certaine inadéquation entre l’idéal unanimement partagé et notre capacité à nous adapter tous aux exigences de cet idéal ».
« Notre pays nous appelle au réalisme, à la solidarité, à la cohésion », en appelle-t-il. Patrice Talon souligne que « Aussi indiqués qu’ils puissent paraître, notre charte des partis politiques et notre code électoral nous ont causé du tort, parce que bon nombre d’entre nous, à la mise en œuvre, ne s’y sont pas retrouvés ». C’est donc important de se rassembler pour le dialogue. « Aussi apparaît-il désormais pertinent que les acteurs politiques se retrouvent pour apprécier leur application, réfléchir et échanger sur les adaptations possibles à y apporter en vue d’une meilleure et réaliste organisation de l’espace politique et de la compétition politique, permettant le renforcement de l’unité nationale et de la concorde, tout en préservant l’indispensable assainissement des pratiques politiques », a expliqué le chef de l’Etat.
Adapter la réforme aux besoins de bonne gouvernance
« C’est convaincu de cet idéal que j’ai convoqué les présentes assises dédiées au Dialogue Politique ainsi que je m’y suis engagé le 20 mai dernier devant notre peuple, puis réitéré le 15 juillet, lors de ma rencontre avec certains responsables politiques », a souligné le président de la République.
Il ajoute que « Le dialogue politique auquel je vous convie trouve sa justification dans la volonté de notre peuple de voir ses acteurs politiques se hisser à la hauteur des défis qu’imposent la construction de l’Etat et la consolidation de la nation ». Ceci, « s’inscrit dans mon souci permanent d’associer les acteurs politiques à la recherche des compromis aux questions politiques essentielles, notamment électorales, dont la résolution est indispensable à notre cohésion et à notre marche vers le progrès », a-t-il souhaité.
A en croire Patrice Talon, la « finalité réside dans les recommandations responsables qu’il vous appartiendra de formuler à mon endroit ». Et pour cela, il se dit « convaincu que la foi qui vous anime et l’engagement politique responsable qui est le vôtre, nous permettront de trouver les solutions qui renforcent davantage nos institutions et les éloignent de toutes les formes de perversion et de régression ». « Nous savons tous et il n’est pas superflu de le rappeler ici ce matin, que pour mettre fin aux pratiques qui retardent son développement et créer les conditions de la prospérité en vue d’offrir de meilleures conditions de vie à ses enfants, notre pays a besoin de réformes d’envergure, telle que la réforme du système partisan », a indiqué le chef de l’Etat.
Par ailleurs, il fait comprendre que « le système partisan tel qu’institué, perçu et pratiqué depuis 1991, ne fournit pas toujours les moyens politiques de résilience aux défis institutionnels, économiques et socio-politiques ». « Il peine surtout à mobiliser durablement en nombre suffisant dans des ensembles homogènes, les ressources politiques qualitatives nécessaires à la performance de l’Etat dans la réalisation de ses missions essentielles », a-t-il déploré. Néanmoins il se demande si « L’intérêt n’est-il pas élevé de réformer notre modèle pour l’adapter à nos besoins de bonne gouvernance, à travers l’instauration de règles contraignant à la constitution de grands ensembles politiques sains, animateurs exclusifs de la compétition politique ? ».Quant au facilitateur, le Professeur Dorothée Sossa, il a dans un premier temps, accepté la mission républicaine à lui confiée par le chef de l’Etat et a rappelé le principe du dialogue énuméré dans l’article 36 de la loi fondamentale béninoise. Il a ensuite convié les participants à un accord pour le bien du peuple béninois.