Ils ne sont pas au bout de leur peine. À peine la rentrée démarrée, soit un mois après, des enfants continuent de souffrir le martyr. En dehors des problèmes de manque criard d’enseignants, d’effectifs pléthoriques dans les classes et de déficit de salles et de mobiliers, ce sont les fortes eaux qui dictent leur loi dans certaines écoles publiques avec tous les risques pour les apprenants et enseignants. A Lokossa par exemple, dans l’arrondissement de Ouèdèmè-Adja, les dernières pluies diluviennes causent d’énormes dégâts pour les écoliers qui éprouvent des difficultés à accéder à leur école. Ils doivent parcourir plus de 800m dans l’eau avant d’accéder au lieu du savoir. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Vendredi dernier, les ministres Benjamin Hounkpatin de la santé et Véronique Tognifodé des affaires sociales et de la microfinance étaient à Athiémé pour constater les dégâts causés par la sortie du fleuve Mono de son lit. Beaucoup d’écoles sont inondées avec un niveau d’eau qui atteint actuellement 7,70 mètres. Le pire, la situation pourrait atteindre un seuil critique les jours à venir, tant les prévisions sont alarmantes et des risques de noyade sont à craindre. Si ailleurs, des écoles ne sont pas inondées, elles servent d’abri pour les populations victimes de la montée des eaux. Le résultat est le même puisque dans ce cas, les écoliers sont priés de rester chez eux, le temps que la situation soit sous contrôle. Décidemment, trop de paramètres ne militent pas en faveur d’une rentrée des classes en septembre. Et depuis qu’on impose cela aux apprenants, il n’y a pas d’années où des difficultés surviennent et durent parfois plus d’un mois. A vrai dire, la rentrée commence en septembre mais elle n’est effective qu’en octobre pour la plupart des établissements d’enseignement publics. La raison, au-delà des quatre saisons que connaît le Bénin, il y a l’effet des changements climatiques. Le même phénomène se vit à la rentrée des classes, à partir du mois de septembre, et ce jusqu’en décembre ou janvier avec les pluies, la montée des eaux (crue) et le débordement de certains cours d’eau. Cela était plus perceptible dans les zones lacustres comme Sô-Ava, Ganvié, Aguégués … Mais aujourd’hui, les localités insoupçonnées subissent de plein fouet le contrecoup des changements climatiques. Une saison dite petite ou grande ne l’est plus que de nom. Dans ces conditions, est-on obligé d’arrimer la rentrée des classes au Bénin à ce qui se fait en occident ? Est-on obligé d’avoir l’examen du Baccalauréat au même moment au nom d’une réforme Uemoa ? Déjà fin mai ou début juin, des écoles, sous l’eau, n’arrivent plus à observer normalement le calendrier scolaire. Ainsi, certains écoliers et élèves sont lésés quant aux programmes à exécuter pour passer les examens et aller en classe supérieure. N’est-il pas temps d’adapter le calendrier scolaire de chaque pays africain à ses réalités ? Pourquoi doit-on forcément effectuer une rentrée des classes en septembre ou octobre ? Pourquoi doit-on faire 9 mois de cours ? En quoi ça gêne par exemple de démarrer la rentrée à mi-novembre ou en décembre et finir mi-mai ? N’y a-t-il pas lieu d’organiser une assise réunissant tous les acteurs du système éducatif autour du sujet ? Les acteurs de l’Ecole doivent réfléchir sur ces questions. Autrement, ce sont les apprenants et les enseignants qui subissent les conséquences néfastes des réformes qui ne tiennent pas compte des réalités béninoises.