Notable, la participation de certains acteurs de l’opposition au dialogue politique qui vient de prendre fin, dénote de leur attachement aux idéaux républicains, au-delà des clivages politiciens.
« …Il fallait être là. C’est le Bénin après tout. Nous sommes en crise et nous ne pouvons ne pas dialoguer. Tout autre choix, c’est vouloir détruire le pays et nous sommes contre. Il faut vivre l’ambiance qu’il y a eue ici pour comprendre… ». Ces propos de Paul Hounkpè, délégué du parti Fcbe se réclamant de l’opposition, traduisent à eux seuls l’esprit qui a prévalu au dialogue politique la semaine dernière, et les implications dudit dialogue pour le microcosme politique ainsi que pour le Bénin tout entier en ce qui concerne les bisbilles politiques dont la fin est annoncée. Ce qui a fait dire au président Patrice Talon que « Si l’émotion était facilement perceptible sur la peau noire, les effets sensoriels de ces moments inoubliables que nous partageons auraient traduit à suffisance mon état d’esprit ». Un état d’esprit qui, chez le chef de l’Etat, se justifie : « c’est avec grand bonheur que je viens de suivre et de recevoir le rapport de vos assises dont les conclusions me convainquent une fois encore, que nous sommes un grand peuple, et que nous savons nous montrer à la hauteur des attentes de nos concitoyens », se réjouit-il.
Et pour cause, précise Patrice Talon, « Il nous suffit de le vouloir et de nous mobiliser pour développer ensemble une autre idée du Bénin, et en faire notre Grande cause ; la seule qui détermine notre engagement et nos actions », d’autant plus que, dit-il, « Je note avec satisfaction que pendant ces quelques jours, tout au long de vos échanges, vous aviez pour repères essentiels le Bénin, son avenir et notre unité. Cela vous honore et je voudrais humblement vous en féliciter », jubile le commanditaire du dialogue politique.
On a discuté…pour progresser
En effet, contrairement aux prévisions des détracteurs dudit dialogue, il a prospéré, au-delà des espérances. De fait, en décryptant le rapport qu’en a fait Victor Topanou, on réalise que ces assises ont excédé le cahier des charges initial qui leur a été dévolu et exploré d’autres points que les délégués ont inscrits en toute légitimité. D’où, « …Il fallait être là… », dixit Paul Hounkpè. Enième preuve établissant que la politique de la chaise vide n’a jamais été une option gagnante.
Tenant un langage similaire, son camarade Théophile Yarou abonde dans le même sens lorsqu’il clame son espoir au terme du dialogue : « Si nous sommes arrivés ici, c’est parce que nous avons pensé que la paix n’a pas de prix… », soutient-il. Aussi, comme pour faire de la prévention relativement aux critiques de ceux qui, comme lui, se réclament de l’opposition et qui ont préféré adopter une autre posture, notamment le boycott du dialogue, il inscrit la participation des acteurs de l’opposition, comme lui, dans une perspective quasi messianique. « On peut se sacrifier pour que les autres puissent bénéficier de la paix et de leur liberté pour pouvoir exercer leurs droits dans un cadre démocratique, et c’est pour cela que nous sommes arrivés », justifie-t-il. Et il ne croit pas si bien dire, car dès les lendemains du dialogue politique pourtant décrié par eux, et fort des résolutions qui en sont issues, certains ténors de l’opposition laissent croire qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments. Certes, à en entendre l’un d’entre eux, le mérite de la réussite dudit dialogue ne revient pas au chef de l’Etat qui l’a convoqué, mais à la sagacité des délégués, notamment ceux de l’opposition qui y auraient fait preuve de ténacité.
Qu’à cela ne tienne, comme dit un adage béninois, qu’importe si un homme débusque un serpent et qu’une femme en vient à l’éliminer? Pourvu que le serpent meure !
En l’occurrence, selon les mots de Théophile Yarou, ce qui importe c’est que « …le climat politique sera rapidement décrispé pour que la paix et la quiétude reviennent dans notre pays… ». Mieux encore, précise-t-il, « ...afin que nous puissions véritablement nous occuper du développement de notre pays…». Plutôt que de céder aux chants des sirènes qui conduiraient dans le décor, ils sont quelques-uns de ces acteurs politiques de l’opposition à préférer la voie constructive du dialogue au naufrage collectif. Il convient de saluer leur attitude qui intègre davantage l’esprit conciliant béninois, préférable aux invectives, aux rictus haineux et bellicistes. C’est du reste là une exhortation de l’hymne national, «Plus forts dans l’unité… », à laquelle ceux-ci répondent, ce faisant.