Sur les rives du fleuve Mono, au sud du Bénin, une partie des populations vit le calvaire des inondations. Cette situation liée entre autres aux lâchers d’eau du barrage de Nangbéto fait des dégâts.
La situation n’est pas nouvelle. Cependant, la furie des eaux du fleuve Mono ces derniers jours fait beaucoup peur aux populations. Difficile d’emprunter certaines voies sans pirogue. Des champs se trouvent envahies par les eaux aussi bien à Athiémè et à Grand-Popo. Avec un niveau d’eau relevé de 8 m, le 13 octobre 2019, le seuil critique est atteint. L’alerte est donc au rouge. A Athiémè, les habitations de Togblo, Adhamè, Latévicondji et Adjassincodji sont inondées. Selon les explications du Professeur Emmanuel Lawin, spécialiste en hydrologie, ce débordement du fleuve Mono est lié à l’augmentation des précipitations qui sont resserrées dans le temps et aux lâchers d’eau du Barrage de Nangbéto. « La hauteur d’eau qu’il faut garder pour que les digues ne cèdent et n’emportent pas le barrage est atteinte. Pour sauver l’infrastructure, il faut ouvrir les vannes de sécurité pour évacuer de grandes quantités d’eau en un temps record. C’est ce à quoi nous assistons depuis un temps. Etant donné que ce sont des eaux inattendues, en quantité très élevées, elles n’arrivent pas à se confiner seulement dans le lit majeur du fleuve. Elles s’étalent par conséquent et tous les villages environnants qui ont des altitudes faibles reçoivent l’eau et sont inondées du fait de cette crue éclaire », a-t-il expliqué.
Les clarifications du Directeur du Barrage
Ces informations sont aussi confirmées par le Directeur du Barrage de Nangbéto, Pascal Kpangon que nous avons contacté dans la journée du 14 octobre 2019. A l’en croire, le barrage fait une régulation partielle des eaux jusqu’à atteindre son volume maximal qui est de 1715 million de mètres cubes. « Depuis le 25 septembre 2019, ce volume est atteint, malgré toutes les précautions pour casser les crues. Il reste qu’à laisser passer le trop plein. Nous enregistrons d’autres pluies en amont et le barrage de la sucrerie d’Anié (SINTO) qui était plein au début du mois de septembre continue toujours par évacuer dans le Mono en direction de Nangbeto », a clarifié Pascal Kpangon. Pour éviter une autre situation déplorable, Nangbeto se voit dans l’obligation de faire des lâchées. Cependant, il faudra compter avec les eaux de 6 autres fleuves en aval de Nangbeto. C’est-à-dire Amou, Amouchou, Asrama, Kra, Klicon et Lahougan. « Ces fleuves alimentés par des eaux du Sud pendant cette petite saison pluvieuse abondante, amplifient les débits et le niveau d’eau dans la vallée de basse-Mono. Si le Barrage de Adjrala était construit, il pouvait contenir ces eaux et atténuer un peu les dégâts », a-t-il martelé. Pour le moment, selon nos informations, on ne dénombre pas de perte en vies humaines. Mais la vigilance est accrue.