Une grossesse doit être préparée à l’avance et bien suivie pour un aboutissement heureux. Sans cela, c’est à des drames que l’on assiste. Dans cette enquête, vous découvrirez les risques liés à la non préparation pré-conceptionnelle et à la mauvaise gestion d’une grossesse ainsi que les solutions proposées pour y remedier.
L’enfant est considéré généralement en Afrique et particulièrement au Bénin comme un don divin. Il n’est pas rare d’entendre même des femmes âgées dire à leur fille enceinte : « Je ne sais quand Dieu l’a mis là. Il s’arrangera donc pour qu’au moment opportun, tu accouches en paix ». Il y a certes une part de vérité dans cette assertion. Cependant, beaucoup de facteurs font qu’une grossesse doit être un projet. Sans cela, les surprises désagréables sont parfois légion. C’est le cas de l’épouse de Rodrigue, un environnementaliste, qui est tombée enceinte sans une consultation pré-conceptionnelle. « Mon épouse et moi n’avions pas trouvé nécessaire de consulter un médecin pour effectuer un quelconque bilan de santé avant qu’elle ne soit en état. C’est après qu’elle est tombée enceinte, qu’elle s’est rendue à l’hôpital », explique-t-il.
Grossesse sans préparation
On pouvait s’attendre à ce que tout soit normal chez la jeune femme. Malheureusement non. Il a été découvert déjà en début de grossesse qu’elle a un col faible. Au dire de son époux, elle a dû être régulièrement et rigoureusement suivie jusqu’à terme pour avoir accoucher et ce, par césarienne. Selon le gynécologue-obstétricien, un col faible ou ouvert est bel et bien détectable avant qu’une femme ne tombe grosse. En effet, lors de la consultation pré-conceptionnelle, s’il est soupçonné un col ouvert chez la femme, il lui est fait un test. « Le test consiste à introduire un instrument appelé la bougie de Hegar n°8 dans le col. Si cette bougie passe, cela signifie que le col est incompétent parce qu’en temps normal elle ne devrait pas le faire. Dans ce cas, le médecin explique à la femme que son col est incompétent. Et nous lui disons de venir rapidement effectuer le cerclage avant trois mois dès qu’elle serait grosse. Si ce diagnostic n’a pas été fait avant la grossesse et que la femme ne connaît pas l’état de son col, elle se rend en consultation chez son gynécologue qui constate qu’à deux ou trois mois le col est déjà ouvert, court. Il lui propose un cerclage le plus tôt possible et là si elle est d’accord, l’opération est faite bien avant les conséquences de la béance du col comme l’expulsion du bébé après trois mois ».
Nous sommes dans une cour à Togoudo, à Allègléta, elle est en pagne faisant la lessive. Approchée par rapport à la préparation et la gestion des deux grossesses qu’elles a eues, dame Mahougnon (prénom attribué pour la circonstance) nous confie : « Je n’ai jamais préparé sanitairement mes grossesses. Elles viennent et mon époux et moi y faisons simplement face ». Et, pourtant elle révèle que lors de la 1ère grossesse comme de la 2ème grossesse, elle a eu des problèmes d’hypertension. « Aujourd’hui il m’arrive d’avoir la vision floue et de sentir une certaine lourdeur au niveau de ma nuque », ajoute-t-elle en faisant comprendre que c’est certainement dû à l’hypertension qu’elle a commencé à expérimenter depuis sa 1ère grossesse. De plus, bien que les agents de santé lui aient interdit de prendre la pâte de maïs afin d’avoir des enfants ayant le poids requis pour qu’elle puisse accoucher par le bas, elle n’a pas cessé de le faire car en ayant toujours envie. Le résultat est que tous ses enfants sont gros à telle enseigne qu’elle n’accouche que par césarienne. Il y a beaucoup d’autres pathologies susceptibles de nuire au bon déroulement d’une grossesse quand elle n’est pas préparée à l’avance comme l’hypertension, le diabète, les maux d’yeux, de reins…
Bonjour les dégâts !
« Une grossesse doit être préparée à l’avance. La femme désireuse de tomber enceinte doit avant la conception commencer par prendre de l’acide folique. En effet, si elle a un déficit et qu’elle conçoit dans cet état, son enfant peut avoir des malformations comme les fentes », affirme Serge Mètchihoungbé, chirurgien pédiatre. La non préparation pré-conceptionnelle peut donc donner lieu à des enfants aux visages déformés, à un avortement ou à un infanticide au cas où les parents ne supporteraient pas garder un pareil enfant.
En outre, il arrive même que certaines ne sachent pas tôt qu’elles sont enceintes. Une fois atteintes du paludisme ou d’autres maux, par exemple, elles vont à l’hôpital et les agents leur prescrivent des médicaments normalement proscrits aux femmes en état. A entendre Serge Mètchihoungbé, ce sont des médicaments pourvoyeurs de malformation. « C’est pourquoi, il est conseillé que lorsque vous êtes enceinte même si ce n’est pas encore apparent, vous le signaliez une fois à l’hôpital », explique-t-il.
Stéphane Hountovo, Gynécologue-obstétricien, déclare que la non préparation de la grossesse et un mauvais suivi entraînent des problèmes graves tels que les fistules obstétricales, l’aggravation des maladies préexistantes (l’hypertension, le diabète, les maux d’yeux, de reins…), du saignement lors de l’accouchement, la mort du fœtus et même parfois de la mère, etc.
Et pourtant ces risques peuvent être évités
La seule façon d’éviter ces risques est que les adolescents évitent de s’adonner au sexe pour aboutir à des grossesses non préparées et par ricochet mal entretenues exposant la fille immature à de gros risques, et même à la perte de sa vie. Quant aux adultes, Hormis la préparation sanitaire, il faut celle financière afin de faire face aux dépenses liées à la grossesse. Même si vous êtes dans un village, il faut vous apprêter financièrement. En outre, si le couple a déjà des enfants, il importe de veiller sur l’espacement des naissances pour que les enfants aient deux ans d’écart entre eux parce que les grossesses rapprochées créent parfois de graves problèmes dans les ménages. Le bon suivi de la grossesse, quant à lui, passe par une consultation régulière dans un bon centre public comme privé avec un personnel qualifié, la mise en pratique des conseils des agents de santé et le fait d’honorer les différentes prescriptions médicales.
Dr Stéphane Hountovo, gynécologue-obstétricien au sujet de la grossesse
« Ne pas préparer une grossesse ni bien la suivre expose la femme à des risques parfois mortels »
Concevoir en Afrique en général et au Bénin en particulier est pour nombre de personnes un événement surprise et même un accident de parcours pour d’autres. Ce qui donne des fois lieu à des situations plus tard ingérables ou à des drames. Dans cet entretien, Dr Stéphane Hountovo, gynécologue-obstétricien, renseigne sur les énormes risques encourus par la mère et l’enfant, faute d’une préparation préconceptionnelle et d’un bon suivi de grossesse et prodigue des conseils pour les éviter.