Les choses évoluent comme sur des chapeaux de roue. Il faut croire que tout ceci découle d’un timing bien conçu. Quelques jours seulement après la clôture du dialogue politique, les membres de la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale ont été accueillis à bras ouverts à la présidence de la République. Patrice talon et ses invités ont passé en revue les grandes lignes du rapport contenant les recommandations des délégués présents au palais des congrès. Face aux membres du bureau de l’Assemblée nationale, des présidents des commissions permanentes et des présidents des groupes parlementaires, le chef de l’Etat a plaidé pour la prise en compte diligente des recommandations consensuelles. Au nombre de cinq, il s’agit de la relecture de la Charte des partis politiques et du Code électoral, de l’institution des élections générales, d’une meilleure représentativité du peuple par les femmes, de l’actualisation et de la mise en œuvre effective de la loi portant statut de l’opposition et enfin des mesures d’apaisement politique.
« Il est apparu que « leur » mise en œuvre appelle des mesures de nature législative dont une loi d’amnistie, s’agissant des événements du mois d’avril, mai et juin 2019 relatifs aux élections législatives ». Pour tracer avec précision les contours de ces diligences à effectuer, un comité d’experts de neuf membres comprenant le facilitateur, les rapporteurs du dialogue politique ainsi que 5 autres personnalités désignées par le bureau de l’Assemblée nationale et le chef de l’Etat a été mis sur pied. Dorothée Sossa, Victor Topanou, Orden Alladatin, Luc Sinzogan, Mathurin Nago, André Okounlola, Augustin Ahouanvoèbla, Abdoulaye Gounou et Barthélémy Kassa, désignés à cette fin, devront parer au plus pressé pour livrer leurs conclusions. En termes clairs, les textes de loi qui seront soumis à la représentation nationale seront formulés par cette équipe constituée d’acteurs politiques et techniques. Ce n’est qu’après tout ceci que le parlement se mettra véritablement en selle.
D’ores et déjà, le chef de la 8ème législature se veut pragmatique. Prenant la mesure de la responsabilité de sa troupe, il annonce qu’il va falloir entre 5 et 6 lois pour la prise en compte des recommandations. Compte tenu de l’imminence des municipales, communales et locales prévues pour la fin du premier semestre 2020, Louis Vlavonou évoque des contraintes de délai contenues dans le pacte de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Puisque toutes ces lois doivent être votées au moins six mois avant le scrutin, le président de l’Assemblée nationale prend l’engagement que la session budgétaire qui s’ouvrira mercredi se penchera aussi sur ces questions. En termes clairs, ces lois seront votées « le plus rapidement possible ». C’est une certitude que tous les députés sont dans cette disposition d’esprit. Ils ne se feront pas prier pour valider dans une large mesure les textes qui émaneront du Comité d’experts.
Au nombre de ces propositions en cours de validation à l’Assemblée nationale, figure l’épineuse question de la révision de la Constitution. Peut-on instituer des élections générales sans toucher à la loi fondamentale ? Assurément non ! Les avis sont partagés. Certes, ce texte n’est pas taillé dans du marbre. Ce qui importe au-delà de tout, c’est le Bénin. Vivement qu’au nom de la recherche de la décrispation du climat politique, que les vieux démons ne soient réveillés. Que les acteurs politiques qui sont aux manettes en tiennent compte afin que chacun joue convenablement sa mission. Comme l’a si bien dit Patrice Talon, « seul le Bénin est éternel ».