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Retour en force du mythe de l’homme blanc comme bon gestionnaire

Publié le mercredi 23 octobre 2019  |  La Nouvelle Tribune
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© Reuters par Philippe Wojazer
Le président béninois Patrice Talon.
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Les années de gouvernance de la rupture au Bénin passent, et le chantre du régime évolue dans sa logique de désert de compétences dans son pays. Pour preuve, il confie la gestion de secteurs dont ceux vitaux du pays à l’étranger notamment à « l’homme blanc » miroité comme le bon gestionnaire.

La gestion de deux sociétés étatiques béninoises considérées comme fleurons de l’économie du Bénin a déjà été attribuée à des sociétés privées étrangères. Après le sort du Port autonome de Cotonou scellé depuis plusieurs mois, c’est le tour de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee). Sa gestion sera désormais du ressort de la Société canadienne « Manitoba Hydra International Ltd. » et du Groupement « Société Française de Réalisation d’Etudes et Conseil (SOFRECO)/AAA-KPMG Togo » ( un expatrié de nationalité canadienne a déjà été nommé à sa tête). Les deux sociétés adjudicataires sont respectivement opérateur du contrat de gestion et auditeur pour le compte de la SBEE.

Et pour cause, recherche de la bonne gestion. Décidant du sort de la Sbee en septembre dernier, le gouvernement a précisé qu’«il s’est avéré indispensable de recourir à un contrat de gestion et à un auditeur des contrats dans le but de consolider les réformes en cours à ladite Société, afin d’assurer durablement sa bonne gestion pour de meilleurs services aux consommateurs ». Il précise aussi qu’il ne s’agit pas d’une privatisation. Justement pour se défendre face à ceux qui ont vu à juste titre une privation déguisée de cette entreprise béninoise.

Ils sont tous devenus incompétents à la SBEE ?

Lorsqu’on s’en tient aux motifs avancés par la rupture, on se rend compte qu’il s’agit d’une insulte aux cadres béninois notamment ceux du secteur de l’énergie et de l’administration publique. Sont-ils devenus si incompétents à poursuivre la mise en œuvre des réformes en cours au sein de cette société ? Pourtant c’est eux, qui ont conduit l’exécution desdites réformes jusque là avec une nette amélioration dans la gestion et les services de cette société aux consommateurs. Il faut le leur reconnaître.

La nouvelle option laisse croire qu’ils ne sont plus habilités à poursuivre et donner les résultats escomptés. Et au-delà d’eux, n’y a-t-il plus aucune compétence nationale pour continuer les réformes et gérer ces sociétés d’Etat avec cette supposée efficacité qu’avance le gouvernement pour justifier son recours à des entreprises étrangères qui n’ont pas essuyé comme ces cadres, des moments plus difficile de redressement desdites sociétés mais viendront faire leur commerce sur le patrimoine béninois? La rupture semble utiliser chaque fois des cadres béninois pour avoir un produit vendable au capital étranger.

Mauvaise option

Plusieurs exemples non loin du Bénin prouvent que cette option n’est pas toujours la bonne. On peut citer le cas du Sénégal où le président Diouf a fait recours à la société Hydro-Québec, mais les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Le président Wade a été obligé de reprendre la gestion pour le compte de l’Etat.

Par contre, la Côte d’Ivoire donne l’exemple de ce que l’expertise locale a toutes les compétences pour bien gérer. Bien que la gestion de la nouvelle entreprise ait été confiée à la société française Bouygues, c’est un cadre ivoirien qui a été nommé à sa tête et assuré la charge pendant des années, avant de faire valoir ses droits à la retraite. A ce jour c’est toujours un cadre ivoirien qui en assure la direction.

L’autre exemple même au Bénin, c’est que l’homme d’affaire Patrice Talon avant son accession à la magistrature suprême a réussi dans ses entreprises sans avoir eu recours à l’expertise étrangère. Pourquoi alors, sous prétexte de la quête d’une efficacité dans la gestion, il doit décider de confier le patrimoine du pays à l’étranger ? A cette allure, c’est tout le patrimoine étatique du pays qui finira par être confié au capital étranger. Soixante ans après l’indépendance, s’il ne s’agit pas d’un recul, ça y ressemble étrangement.
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