Invité de la session ASKGOUV du jeudi 17 octobre 2019, M. Sylvain Adokpo Migan, directeur de l’Agence national d’approvisionnement en eau potable en milieu rural (ANAEPMR) a fait l’état des lieux en 2016, les actions menées et les perspectives d’ici 2021.
Depuis 2016, le gouvernement s’est lancé dans la politique d’accès à l’eau pour tous les citoyens. A travers une vision claire, cette politique a conduit à la mise en place de l’Agence national d’approvisionnement en eau potable en milieu rural (ANAEPMR). Dès lors, plusieurs actions ont été posées.
La vision du Gouvernement pour l’eau potable en milieu rural, est « une vision nouvelle, simple et claire qui a motivé la création de l’Agence que je dirige depuis septembre 2017 et qui a la lourde mission d’atteindre les objectifs du développement durable avant 2030 », a expliqué Sylvain Adokpo Migan.
Une vision qui vient de « l’état des lieux que nous sommes venus constater à notre prise de service en septembre 2017 », a-t-il ajouté.
L’objectif est de donner de l’eau potable à tout le monde d’ici 2021. « Donner de l’eau potable d’ici 2021, ce n’est pas construire des équipements, des châteaux. C’est toute une réforme sectorielle, un nouveau cadre de gouvernance, une nouvelle façon de gérer les équipements qui seront construits à coût de milliards de FCFA », a-t-il indiqué.
Par rapport à ce qui a changé depuis la création de l’Agence, Sylvain Adokpo-Migan pense qu’ « on ne voit pas des choses visibles mais énormément de choses ont été faites ».
Une stratégie est donc mise en place dans ce cadre pour le maillage du pays. « C’est ce que nous avons essayé de faire dès le départ en dotant le pays d’une Stratégie nationale, d’un Plan d’investissement national ».
Sylvain Adokpo Migan estime que le bilan sera reluisant par rapport à ce qui était en place. « Le taux de déserte en juin 2017, quand nous étions en train de faire la stratégie pour pouvoir pondre un Programme national d’investissement, était autour de 42% », a-t-il rappelé.
Croyant au départ que le taux était de 69.7%, il fallait selon lui rattraper le gap. Pour le directeur, « les 42% d’offre de service public que nous avons à travers les équipements existants peuvent être moindres, si on intègre les taux de panne. L’état des lieux n’est pas reluisant ».
Le premier responsable de l’ANAEPMR informe qu’ « Avec la maîtrise du patrimoine que nous avons actuellement, nous avons 649 adductions d’eau villageoises, 180 postes d’eau autonomes, 12009 forages ».
Le directeur général de l’Agence national d’approvisionnement en eau potable en milieu rural se désole de ce que les ouvrages ne fonctionnent pas correctement. « Le taux de panne est important et peut avoisiner un chiffre supérieur à 25% », confie-t-il.
Il ajoute que « Ces pannes sont liées essentiellement au cadre de gouvernance des ouvrages existants. La gestion n’est pas professionnelle ». Plusieurs dysfonctionnements sont notés notamment, « les délégataires qui gèrent ces ouvrages en affermage depuis 2007 ne sont pas dans des liens contractuels solides. Les obligations contractuelles ne sont pas respectées. Les redevances ne sont pas effectives, les redevances qui devraient servir à mettre de l’argent de côté pour pouvoir effectuer les renouvellements et les réparations quand c’est nécessaire ne sont pas effectives ».
L’affermage en question
Ce que nous sommes en train de faire, c’est de « Mailler non seulement le territoire avec des équipements structurants, parce qu’à la fin, 612 systèmes multi-villageois seront construits et viendront progressivement compléter ce qui existe déjà », a-t-il souligné.
Le directeur dira que « Nous avons décidé de faire une transaction. La transaction est de faire des contrats d’affermage dignes de ce nom selon les règles de l’art en définissant clairement les périmètres ». « Nous avons organisé le Bénin en trois périmètres. Nous avons fait de sorte que ces trois périmètres soient attractifs pour les opérateurs professionnels en mixant les zones plus attractives avec les zones les moins attractives de façon à ce qu’aucune portion du territoire ne soit sous la gestion d’un opérateur professionnel », a expliqué Sylvain Adokpo Migan.
« A date, nous avons fini la phase de pré-qualification des firmes qui peuvent compétir de façon transparente dans une sélection par appel d’offres ouvert à l’international. Nous avons eu le nombre de firmes qu’il faut pour pouvoir aller de l’avant », renchérit-il.
La suite de cette étape, « nous allons lancer l’appel d’offres international avec des consortiums qui ne sont pas qu’étrangers. Nous avons vu des firmes qui se sont associées aux entrepreneurs et aux fermiers locaux qui étaient déjà dans le métier pour venir à la préqualification », a-t-il confié.
Il rassure de ce fait que « Les locaux ont su s’allier avec les internationaux qui arrivent pour qu’il y ait un transfert de compétences dans la façon dont ces équipements seront gérés avec un respect strict des obligations contractuelles par l’autorité contractante qu’est l’Etat béninois et ces opérateurs qui sont des opérateurs privés ».