Incrédule, j’assistai à une scène « irréelle » rendue émouvante et triste par la présence des caméras de la Télévision Nationale du Bénin (Ortb) en direct. On en a pris plein les yeux avec cette insouciance qui a sublimé. On dirait une histoire romancée avec un scénario parfait dans cette fiction « look made in Benin ». Dans le monde du sport, l’amateurisme est la règle. Mais le football est aujourd’hui, plus qu’un simple jeu de divertissement. C’est même devenu un symbole politique et les nations ne s’affrontent plus sur la beauté de jeu. Et ce n’est pas le gouvernement de la Rupture qui va déroger à cette règle avec son « Bénin Football Nouveau Départ » estampillé Mathurin de Chacus. La mesure est comble et le spectacle désolant projeté dimanche dernier au stade René Pleven d’Akpakpa dans la capitale économique du Bénin défie le réel. Outre l’état piteux du terrain synthétique qui date de Mathusalem et qui était déjà source d’une « honte » nationale, l’ardoise utilisée par le 4è arbitre lors de ce match de la deuxième journée de la Vitalor Ligue 1 entre Esae Fc de Cotonou et les Dragons de l’Ouémé était la bondée. Cela est une lapalissade. Oui, une ardoise pour opérer des remplaçants dans un match de l’élite du football béninois en plein 21è siècle. On se croirait dans les années soixante où on rafistolait les crampons et raccommodait les maillots. Bref, c’est l’époque anarchique et aristocratique. « Ne pas être anarchiste à seize ans, c’est manquer de cœur. L’être encore à quarante ans, c’est manquer de jugement », disait George Bernard Shaw. C’est surtout manquer de sagesse et d’élégance dans un pays dont le football tutoie les cimes du continent. Qualifié pour les quarts de finale lors de la dernière Can en Egypte après avoir éliminé le Maroc en huitième, le Bénin a mis la barre tellement haut et ne doit plus tolérer certaines dérives. Tel on fait son lit, tel on dort. Et l’habit ne fait pas le moine. Le sport roi béninois a déjà totalement touché le fond et « Bénin Football Nouveau Départ » semble ne pas être la panacée. La Ligue de football du Bénin (Lfb), gros bras de la Fédération béninoise de football (Fbf) est interpellée et doit s’arrimer aux exigences nouvelles qu’imposent aujourd’hui le football moderne. Si on débourse 103 millions juste pour manger et boire et qu’on est incapable d’acquérir des équipements élémentaires qui ne coûtent que 25.000 FCFA, il vaut mieux s’en offusquer. Cette façon hasardeuse de faire de la promotion autour d’un produit en quête de notoriété sur le continent et dans le monde plonge davantage le sport roi béninois dans un marasme sans thérapie. Qui n’a pas honte de sa faute est deux fois coupable. Les responsables de la Fbf et de la Lfb doivent sauter le pas et corriger le tir. Le championnat béninois mérite mieux. On ne peut pas refuser de jouer sur de la latérite et accepter de végéter dans l’amateurisme béant. Nous sommes conscients que le chantier est vaste et les défis sont énormes. D’ailleurs, on doit rassurer les sponsors en opérant avec beaucoup de professionnalisme. « J’oubliais votre indifférence bienveillante…Non, disons plutôt votre amateurisme enthousiaste », dixit Marcel Aymé. Le Bénin n’est pas un hameau derrière le village. J’ai dit !!!