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Performances économiques du Bénin : Komi Koutché émet de sérieuses réserves

Publié le lundi 28 octobre 2019  |  Matin libre
Komi
© aCotonou.com par DR
Komi Koutche, ancien ministre d`État chargé de l`Économie, des Finances et des Programmes de Dénationalisation
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Lors de sa dernière conférence de Chicago devant la communauté béninoise de la diaspora américaine, Komi Koutché a révélé la situation économique réelle du Bénin sous Patrice Talon. Il affirme qu’il y a des facteurs objectifs qui militent en faveur d’un doute sérieux sur la fiabilité des chiffres communiqués par le gouvernement et sur lesquels certaines organisations se basent pour continuer à soutenir l’élan des autorités actuelles dans le surendettement du Benin, hypothéquant ainsi l’avenir des générations futures.



Dans sa démonstration, il se base sur deux facteurs. Dans un premier moment, il s’attaque au caractère fictif des chiffres de recettes. Pour illustrer cette affirmation, il fait observer le grand écart qu’il y a entre les encaissés réels sur les comptes du Trésor au 31 décembre 2018 qui s’élevaient à 667 milliards environ alors que les chiffres contenus dans le tableau des opérations financières communiqués au FMI était de 811 milliards environ soit un écart de 144 milliards. Pour lui, il ressort de ses croisements de données qu’il s’agit là d’un arrangement de données juste pour présenter une performance virtuelle car le tableau des opérations financières de l’Etat ne doit contenir que les chiffres sur les recettes effectives dans les caisses de l’Etat à une date donnée et jamais des produits constatés d’avance. Malheureusement, l’écart de 144 milliards relève ni plus ni moins de quelques arrangement sur de supposées créances sur certaines entreprises qui, même si elles sont réelles, n’avaient jamais été constatées sous forme de recettes sur les caisses du trésor au 31 décembre 2018, date à laquelle se rapporte le tableau des opérations financières de 2018. A ce premier niveau d’analyse, il s’est également posé la question de ceux qui créent les recettes. Il évoque le cas de Sébastien Ajavon qui contribuait à hauteur de 12 à 20% aux recettes de l’Etat et qui est poussé en exil depuis quelques années. Il demande alors qu’on lui dise l’acteur économique nouveau qui l’a déjà remplacé pour que les recettes ne soient pas affectées par sa disparition du paysage économique de notre pays.



Le deuxième pan de son analyse sur les doutes qu’il émet sur les performances économiques telles que communiquées par le gouvernement a été celui de la curieuse tendance contradictoire entre le taux de pression fiscale et le produit intérieur brut. Pour Komi Koutché, depuis l’effectivité du Tarif extérieur commun de la Cedeao et les accords de partenariat économique avec l’Union européenne, la fiscalité de porte a connu un repli comparativement à la fiscalité intérieure dont la Tva est la taxe leader. Si le Pib est par définition la somme des valeurs ajoutées et que le Pib augmente, il va s’en dire que la TVA qui est la taxe sur la valeur ajoutée qui forme le Pib devrait aussi évoluer et conséquemment, le taux de pression fiscale qui est le rapport entre les deux. C’est ce que la pratique de même que toutes les théories économiques du monde suggèrent. Curieusement, le Bénin fait exception. En effet, le Pib s’est régulièrement accru entre 2015 et 2018 passant de 4900,8 milliards de nos francs au 31 décembre 2015 à 5800,7 milliards au 31 décembre 2018, sans que le taux de pression fiscale n’ait jamais atteint son niveau de 14,5% en 2015, déjà faible par rapport à la norme qui est de 20%.



Entre autres sujets, Komi Koutché a évoqué la fermeture des frontières et déplore le manque d’actions diplomatiques pour régler ce problème qui fera perdre environ 45% de recettes au Bénin au 31 octobre 2019, tenant compte de la tendance habituelle des recettes au dernier trimestre de l’année. Il invite le gouvernement à œuvrer pour le principe de transparence en faisant prendre un collectif budgétaire. Il déplore également l’irresponsabilité de certaines autorités qui affirment que cette fermeture n’a pas affecté la vie des Béninois et que le Nigéria aurait échoué, et ceci juste parce que lesdites autorités ne voient pas le Bénin au-delà de leur famille et d’elles-mêmes, pour se faire une idée du calvaire de la grande masse des Béninois.



Par finir, Komi Koutché invite les autorités à apporter la contradiction à ses analyses et se dit prêt à un débat contradictoire sur les chaînes internationales.



Il enfin annoncé qu’il fait un travail fouillé sur la situation économique du Bénin sur la base d’un traitement croisé des données des différentes sources officielles et adressera sous peu, un manifeste aux organisations internationales et au milieu financier en général pour présenter la situation réelle du Bénin et les mettre en garde contre une complicité nocive aux équilibres macro-économiques et financiers du Bénin sur le court, le moyen et le long terme.



Enfin, il a fait observer que la fabrication des chiffres est la raison fondamentale pour laquelle le gouvernement ne laisse aucun espace de contradictoire et fait convoquer à la CRIET toute personne qui ose opiner sur la situation économique du Bénin. Il donne à cet effet, l’exemple du journaliste Casimir Kpédjo.





M.M
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