Trop de propositions et forcément beaucoup de réflexions. Après le dépôt au chef de l’Etat du rapport des travaux du comité des experts au dialogue politique, les aspects à équivoque à décortiquer ne sont pas près d’être épuisés du jour au lendemain. Aujourd’hui, la moisson est relative à une innovation à apporter au code électoral en ce qui concerne les conditions à remplir pour être candidat à la présidentielle au Bénin. En plus des anciennes dispositions, l’article 46 nouveau propose que les présidentiables apportent la preuve d’un parrainage requis. En clair, un certain nombre de signatures d’élus à l’Assemblée nationale ou au niveau communal pour attester du sérieux du postulant à la magistrature suprême.
Pour l’instant, passons sous silence le nombre exigible à chaque candidat et intéressons-nous à l’opportunité de l’introduction d’une telle disposition dans le code électoral. A priori, c’est d’abord un frein aux candidatures fantaisistes et très indépendantes et du coup, un mécanisme qui favorise l’émergence des personnalités issues des partis politiques. Cela suppose que dans la même dynamique des raisons qui fondent la réforme du système partisan et en fonction du nombre de parrainages exigible, très peu de volontés pourront se manifester pour viser la Marina. D’ailleurs, j’ai bien peur que cette trouvaille ne débouche à la fin sur un mercato. De toute façon, la perfection n’est pas de ce monde et donc, il dépendra des garde-fous à proposer par l’Assemblée nationale si, des bonnes intentions à parfaire nos textes de lois, on ne crée d’autres situations plus déplorables.
Tout compte fait, depuis l’avènement du renouveau démocratique, le Bénin a été dirigé par des oiseaux rares qui n’ont point eu besoin de parrainages mais plutôt de soutiens de partis et de personnalités politiques. Pourtant, sincèrement, cela n’a pas été un grand handicap à leur gouvernance. Car, par excellence, les acteurs politiques béninois sont comme des escargots qui aiment toujours là où c’est frais. Alors, issu de leurs parrainages ou pas, tant qu’il sera élu président, ils feront avec. Maintenant, le seul intérêt qu’apporte ce système, c’est ce plus de visibilité dans le paysage politique ; ce qui donnera une concentration massive derrière quelques trois ou quatre candidats.
De toute évidence, le parrainage ne règle qu’un problème politique et ça m’étonnerait qu’il ait un quelconque impact sur celui économique. A mon avis, puisque les élus appartiennent à des chapelles politiques et seront, en principe, appelés à faire triompher leur porte-flambeau, avec le parrainage, c’est juste une manière de faire la chasse aux candidatures indépendantes. Ni plus ni moins. Finalement, on s’attaque aux détails tout en oubliant l’essentiel. Car, un militant ne fait pas forcément un bon président et, à multiplier les limitations dans notre arsenal juridique, on n’obtient pas forcément la qualité. La preuve, ailleurs, des quarantenaires ou des septuagénaires sont de bons présidents. Au Bénin, ils n’en ont même pas les moyens avant que le peuple ne tranche et à quoi bon ?
Somme toute, c’est bien beau d’innover, de se rapprocher de ce qui se fait de mieux au plan du modèle démocratique. Mais, c’est très important de tenir compte des frustrations à éviter. Enfin, pourvu que l’exigence du parrainage des candidats à la présidentielle ne soit un autre cafouillage. En attendant, la balle est dans le camp des députés.