Ils n’ont pas perdu de temps. Quelques heures auront suffi pour que la loi n°90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin soit révisée. Introduite en procédure d’urgence quelques jours plus tôt par un groupe de dix députés, la proposition de loi portant révision de la Constitution a connu un succès fulgurant. A pas de charges, elle a été étudiée en commission et validée en plénière. A l’unanimité, les 83 élus qui forment la 8ème législature y ont adhéré. Tous ensemble ont porté le projet. En leur sein et pour une matière aussi cruciale, aucune réserve n’a été émise. Il faut croire que les députés parlent d’une même voix. Ils l’ont d’ailleurs prouvé de fort belle manière. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, la loi fondamentale a été touchée pour la première fois depuis 1990. Adoptée par référendum, elle a subi ses premiers attouchements.
« Il était temps », diront certains. « Rien ne presse », répliqueront d’autres. Le fait est qu’il faut se rendre à l’évidence. La Constitution béninoise a perdu de sa candeur, après avoir été éprouvée pendant 29 longues années. Des nouveautés, il en existe à foison dans ce texte adopté qui passera incessamment à la loupe de la Cour constitutionnelle. Une formalité qui sera sanctionnée par la promulgation. En ce moment-là, Patrice Talon aura réussi à venir à bout des résistances, même si entre temps, le contexte et les acteurs ont changé. Après deux échecs, la troisième tentative paraît la bonne. Il peut valablement se frotter les mains. Mission accomplie ! Que contient donc ce texte de révision constitutionnelle dont les Béninois n’ont découvert des bribes qu’à l’heure cruciale de son étude en plénière ? Déjà sur le plan des innovations, le principe des élections générales est acté ainsi que la création d’un poste de vice-président.
C’est moins sujet à polémique que les députés aient conservé la disposition du maintien des deux mandats présidentiels. La mode en Afrique, dans le cas d’espèce, ce sont les tripatouillages qui interviennent souvent vers la fin du second mandat pour prolonger indéfiniment le séjour d’un homme à la tête de son pays. Mais ici, nous n’en sommes qu’au premier de celui qui, à une époque donnée, a ardemment défendu le mandat unique. Au moins, les députés se sont abstenus de modifier à leur guise ce point précis qui a toujours déchaîné les passions. Jouissant d’un mandat illimité, les élus du peuple ont jugé utile de raccourcir leur temps de présence à l’Assemblée nationale. Désormais, ce sera un mandat renouvelable deux fois, soit trois mandatures au total. Ils rejoignent ainsi les promoteurs de la thèse de la limitation du mandat législatif.
Dès la promulgation qui ne saurait tarder, le Bénin se dotera à l’instar des autres pays de l’Union économique ouest africaine (Uemoa) d’une Cour des comptes. Logée à la Cour suprême, la Chambre des comptes éprouve de sérieuses difficultés à remplir convenablement sa mission. Avec cette nouvelle institution de la République, il faut espérer que la bonne gestion des deniers publics sera de mise. Cette nouvelle mouture de la Constitution sera éprouvée comme la précédente. Au vu des résultats qu’elle engendrera, l’opinion sera située sur sa pertinence ou non. « Le vin est tiré, il faut le boire ».