L’Ecole béninoise n’est pas au mieux de sa forme. Elle vit même des heures difficiles. Effectuée le 16 septembre dernier, la rentrée scolaire pour le compte de l’année académique en cours a révélé de sérieux dysfonctionnements. Plus les jours et les semaines s’écoulent, plus les problèmes s’entassent, visiblement insurmontables. Très vite, les inondations ont pris le dessus dans une dizaine de communes rendant les écoles inaccessibles ou difficiles d’accès. Le spectacle affligeant des écoliers et élèves pataugeant dans les flaques d’eau à la quête du savoir n’a pas fini d’émouvoir l’opinion. Pendant que les apprenants plus chanceux sont aux cours, d’autres du fait des affres des eaux, se tournent les pouces à la maison dans l’espoir que la nature saura se montrer clémente. Si cette situation se décante progressivement, elle n’est pas moins éprouvante. Il faut maintenant songer à colmater les brèches en essayant de rattraper vaille que vaille le temps perdu.
Pendant que les eaux dictaient leur loi par endroits, les écoles, collèges et lycées qui ouvraient leurs portes fonctionnaient à mi-temps. Pénurie d’enseignants oblige. Au secondaire, les aspirants censés remplacer les vacataires ont du mal à combler les attentes compte tenu de plusieurs paramètres indépendants de leur volonté. A la maternelle et au primaire, le déficit de personnel d’encadrement est plus frappant. Du coup, le phénomène des classes jumelées a explosé. Dans des salles de classe bondées, l’instituteur a toutes les peines à inculquer le savoir aux apprenants de deux différents cours. Cette galère a prospéré pendant plus d’un mois avant que le gouvernement ne réagisse. Il était temps. Mercredi dernier, à la faveur du Conseil des ministres, la bonne nouvelle est tombée. 10 686 enseignants dont 9 095 pour le primaire et 1068 pour la maternelle seront recrutés. Ouf de soulagement. Le calvaire des apprenants entassés sur les bancs et à même le sol tend vers sa fin.
Invitée à parer au plus pressé, l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) est au four et au moulin pour traduire dans les faits cette décision gouvernementale. Sont concernés par cette mesure, les aspirants au métier d’enseignant constitués d’une part des candidats ayant subi avec succès en 2018, l’évaluation des compétences des titulaires d’un diplôme de l’Ecole normale des instituteurs et d’autre part, les titulaires des diplômes académiques issus de l’évaluation de 2019. Plus de dix mille d’entre eux arrivés par ordre de mérite auront l’occasion de démontrer leur savoir-faire et de construire une carrière. Les nouveaux élus échappent ainsi au gouffre du chômage. Le gouvernement fait bien de répondre à cet appel pressant de l’Ecole en la dotant d’enseignants qualifiés. Ce qui se constatait sur le terrain était carrément un suicide. Les enseignants et les apprenants étaient simplement jetés en pâture les uns aux autres. Heureusement que la situation est en cours de normalisation.
Si le déficit a été aussi prononcé, c’est qu’il y a eu maldonne quelque part. Les prévisions étaient soit fantaisistes, soit rangées dans les tiroirs. Or, à la veille de la rentrée scolaire, les voix les plus autorisées disaient que toutes les dispositions avaient été prises pour que cette année académique se déroule sans couac. Il n’a pas fallu longtemps pour que les insuffisances soient découvertes. Le ministre des enseignements maternel et primaire ainsi que ses collaborateurs devraient veiller au grain. L’éducation est trop précieuse pour être gérée à la petite semaine. Ce n’est pas en pleine année scolaire qu’il faut constater que des enseignants manquent à l’appel et qu’il faille procéder à un recrutement pour sauver les meubles. Lorsque l’Anpe se sera exécutée, il reste aux services compétents de procéder à une répartition équitable des nouvelles recrues. Sans quoi, les mêmes problèmes seront toujours d’actualité.