Les dignitaires, sages et imams des communes du Borgou ont été sensibilisés mardi 29 octobre dernier, à Parakou, à la lutte contre le mariage des enfants. L’occasion a permis au préfet du département, Djibril Mama Cissé, qui a initié la séance, de faire un plaidoyer auprès d’eux afin qu’ils s’impliquent davantage dans l’éradication de cette pratique.
Dans le département du Borgou, le dispositif communautaire de lutte contre le mariage des enfants se renforce davantage. En témoigne la séance de mobilisation, de sensibilisation et de plaidoyer du préfet auprès des leaders religieux du département, organisée, mardi 29 octobre à Parakou. Djibril Mama Cissé souhaite de la part des dignitaires, imams et sages présents à la rencontre qu’il a initiée, plus d’engagement et de disponibilité pour la réussite de la campagne « Tolérance zéro au mariage des enfants» dans les communes du Borgou.
Cette campagne lancée depuis 2017 par le ministère des Affaires sociales appuyé par l’Unicef suit son cours. Elle vise à assurer un monde respectueux du bien-être et du développement harmonieux de l’enfant.
Préoccupé par la situation de ces enfants qui constituent la relève de demain, et soucieux de la réussite de la campagne déclenchée, le préfet estime que l’implication des acteurs à tous les niveaux s’avère déterminante. « L’heure est très grave. Nous sommes tous concernés. C’est pourquoi, nous devons nous lever comme un seul homme pour aller combattre ce fléau qui entrave l’épanouissement de l’enfant dans notre département», a-t-il poursuivi. Pour ce faire, il compte beaucoup sur les leaders religieux dont la voix, dans certaines circonstances, porte plus que celle des autorités politico-administratives.
Le mariage des enfants est un phénomène qui a la peau dure au Bénin, surtout dans le Borgou. Malgré toutes les sensibilisations et les interventions du gouvernement, des institutions internationales à l’image de l’Unicef, des Organisations non gouvernementales et de la Société civile, il perdure et impacte négativement les petites filles. Selon l’enquête Mics réalisée en 2014, trois filles sur dix sont mariées avant l’âge de 18 ans de même qu’une fille sur dix âgées de moins de quinze ans. La même source place le Borgou en tête des trois départements présentant les taux les plus élevés de mariage d’enfants au Bénin, soit 37,2 % contre un taux de 31,5 % sur le plan national.
En effet, c’est un fléau qui, chaque année, fait des victimes dans les rangs des jeunes filles en compromettant leur avenir. Très préoccupé par la situation, le préfet a décidé de prendre le taureau par les cornes, en invitant ces leaders religieux à s’impliquer très sérieusement dans la bataille au niveau de leurs mosquées ou au sein de leurs communautés.
« C’est le lieu de saluer l’engagement de notre pays qui non seulement, a adhéré à tous les accords internationaux relatifs à la protection de l’enfant, mais aussi, a mis en place un dispositif législatif et institutionnel pour une meilleure prise en compte de la situation de cette couche très fragile», a indiqué Djibril Mama Cissé. Il a également remercié l’Unicef qui ne ménage aucun effort pour accompagner l’Etat béninois.
C’est afin de renforcer l’engagement du Bénin à respecter les droits de l’enfant, insiste son chef Bureau à Parakou, Bertin Danvidé, que l’Unicef travaille aux côtés du gouvernement et des communautés, pour la mise en place d’actions visant à mieux les protéger, puis à promouvoir leurs droits. Il nourrit l’espoir que cette rencontre contribuera à aboutir au slogan «Zéro mariage d’enfants dans nos villages et quartiers de villes ».