Des dizaines de jeunes venus de huit pays d’Afrique francophones prennent part, depuis lundi 4 novembre à Cotonou, à la deuxième édition du Forum francophone de partage de bonnes pratiques sur les Droits sexuels et santé de reproduction (Dssr). Une initiative de jeunes pour les jeunes, dans la perspective de mieux assurer les droits sexuels des adolescents et des jeunes.
Le forum régional de partage de bonnes pratiques sur les Droits sexuels et santé de reproduction (Dssr) est une initiative du Mouvement d’action des jeunes (Maj) soutenu par plusieurs organisations et partenaires militant pour les droits sexuels et santé de reproduction. La rencontre a lieu à Cotonou, pour la deuxième fois et se tient du 4 au 7 novembre prochain. Moments d’échanges, de débats, de partage d’expériences, de confrontation de points de vue et surtout de prise de résolutions et de recommandations en faveur des droits sexuels des adolescents et des jeunes, ce forum mobilise des participants venus de la Mauritanie, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Sénégal, des Iles Comores, du Togo, du Cameroun, de la République démocratique du Congo, du Burundi, de la République centrafricaine, du Tchad et du Bénin.
Elvis Seriki, président du Maj Bénin, en recevant ses pairs à Cotonou, leur rappelle qu’il s’agit d’un forum inclusif prenant en compte les aspirations des jeunes et des femmes pour mieux répondre aux défis en matière de santé de reproduction. Les droits sexuels sont une composante des droits humains, lesquels contribuent à l’égalité, à la dignité et ne peuvent être ignorés, plaide-t-il. « Nous devons être intransigeants dans notre détermination à réduire la stigmatisation à tous les niveaux et faire en sorte que la sexualité soit de plus en plus reconnue comme une dimension positive», soutient-il. Elvis Seriki est formel. Tout ce qui se décide pour les jeunes sans les jeunes est fait contre eux, avance le jeune leader qui invite les adultes à prendre place à la table de discussions que représente ce forum, afin que leurs expériences et expertises apportent de la valeur ajoutée à leurs idées.
Oumar Tao, président sous-régional francophone du Maj, met plutôt les gouvernements face à leurs responsabilités et les invite à favoriser un meilleur accès des jeunes aux services de santé reproductive. Le thème du forum intitulé « Santé, droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes : une priorité des gouvernements en Afrique» est assez illustratif et pose un double défi de son point de vue. Le premier, celui de l’Etat qui doit se porter garant en faveur du respect de ces droits, et le second, celui des jeunes qui doivent prendre des décisions qui sidèrent, indique-t-il.
Pour l’heure, ce sont des acteurs non étatiques qui se battent aux côtés des jeunes. Parmi eux, l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf), cheville ouvrière de l’organisation de ce forum. « Notre mission est d’œuvrer à une meilleure qualité de vie de la population du Bénin, à la défense des droits de la santé sexuelle et reproductive à travers l’amélioration de la demande et de l’offre des services y afférents», souligne Judith Gbehinto Maffon, sa présidente nationale. Selon elle, jeunes et adolescents sont exposés à de nouvelles formes de vulnérabilités notamment les relations sexuelles non consenties, les grossesses avec leurs corolaires, les difficultés d’accès aux services dont ont besoin les jeunes… Malgré cette situation, la capacité des jeunes à innover et à penser autrement séduit Marius Gnintoungbé, représentant Care Bénin Togo. Les idées pour aider les participants concernent les extrascolaires qui n’ont pas accès à l’information formelle pour se prémunir contre tout risque en matière de santé de reproduction.
Dr Haingo Rabearimonjy, directeur régional Afrique de l’Ippf, 25 ans après les combats engagés reste confiant quant au bilan. «Les femmes et les jeunes sont mieux en mesure d’exercer leurs droits sexuels et en santé de reproduction et sont de plus en plus nombreux à accéder aux services de qualité », se satisfait-il. Conséquence, le taux de prévalence de la contraception a augmenté, le taux de natalité a baissé et le taux de mortalité maternelle est aussi en baisse. Ces progrès lents et inégaux d’un pays à l’autre donnent des raisons d’espérer et c’est ce message d’espoir que To Tjoelkler-Kleve, ambassadrice du Royaume des Pays-Bas est allée partager avec les jeunes. Aussi, salue-t-elle le leadership des jeunes qui influent sur les choix des décideurs « La force des jeunes qui remettent en cause les options des adultes par leur capacité novatrice », est particulièrement appréciée par la diplomate.