La lutte contre le travail des enfants entre dans sa phase répressive au Bénin. Le préfet de l’Atlantique, Jean-Claude Codjia, vient de donner le ton à travers un arrêté préfectoral en date du 30 octobre 2019. Les récidivistes subiront la rigueur de la loi.
La lutte contre le travail des enfants prend une nouvelle allure au Bénin. Le préfet de l’Atlantique, Jean-Claude Codjia, annonce la répression à travers un arrêté en date du 30 octobre 2019.
Aucune excuse ne sera désormais acceptée. « Il est formellement interdit sur toute l’étendue du territoire du département de l’Atlantique, l’utilisation de la main-d’œuvre infantile dans les marchés, les ateliers, sur les chantiers et autres zones d’exploitation économique », précise l’arrêté préfectoral.
La décision de l’autorité préfectorale est loin d’être une menace. Elle doit être considérée comme un soulagement pour les milliers d’enfants, victimes de ce phénomène et les défenseurs de leurs droits qui multiplient les efforts pour en arriver à bout.
L’exploitation de la main-d’œuvre infantile crée d’énormes préjudices et assombrit les perspectives de vie des enfants. A la résistance des parents contre les nombreuses campagnes de sensibilisation au phénomène, s’ajoute la naïveté des victimes qui s’adonnent à la pratique sans pour autant mesurer les risques sur leur santé, leur éducation, leur avenir et leur vie.
Le phénomène perdure malgré les Conventions qui régissent le travail des enfants. La loi n°2015-08 du 08 décembre 2015 portant Code de l’enfant en République du Bénin n’y a rien fait non plus.
On les retrouve dans divers ateliers, au niveau des carrefours et feux tricolores. Les grands marchés du Bénin sont le théâtre de l’exploitation économique des enfants.
Selon les données du Bureau international du travail (Bit), en 2013, le nombre d’enfants travailleurs était de 168 millions. On estime à 7008, ceux exploités économiquement en 2013 dans les marchés Dantokpa à Cotonou, Arzékè à Pararkou, Ouando à Porto-Novo. Ces chiffres qui sont toujours d’actualité renseignent sur l’importance des actions à mener en vue de corriger la situation des enfants commerçants.
Mise en garde
La mesure préfectorale vient mettre fin aux préjudices causés aux enfants dans le département de l’Atlantique et sur le territoire national. En son article 2 elle met en garde les auteurs : « Quiconque s’adonne ou tire des revenus d’une telle pratique est sévèrement puni conformément aux dispositions de la loi ».
La pauvreté est souvent invoquée comme raison pour justifier le phénomène. Mais pour les pouvoirs publics, l’enfant est sacré et aucun motif ne saurait expliquer des préjudices qu’on lui fait subir. Selon le recensement général de la population et de l’habitat (Rgph4), les enfants de moins de 15 ans représentent 45 % de la population béninoise. Ils constituent donc une frange non négligeable pour le développement et sur laquelle le Bénin doit concentrer ses efforts pour répondre aux impératifs des Odd.
Leur situation requiert des actions fortes pour étendre la protection sociale en leur faveur conformément à la recommandation 202 de l’Organisation internationale du travail (Oit).
C’est conscient de ces enjeux que le préfet de l’Atlantique met les acteurs de la chaîne de protection devant leurs responsabilités : « Les institutions de la protection de l’enfant en service dans le département sont chargées de veiller à l’application stricte et correcte du présent arrêté ».
Les gouvernements se sont succédé sans jamais réussir à relever ce défi. La Rupture à travers le préfet, Jean-Claude Codjia vient de donner le ton ferme de la lutte contre l’utilisation de la main-d’œuvre infantile. Il reste que les autres départements lui emboîtent le pas pour le bonheur des enfants.
Les normes en matière de travail des enfants
Le travail des enfants est proscrit par les articles 66 et 166 de la loi 98-04 du 27 janvier 1998 portant Code du Travail en République du Bénin. L’article 66 stipule que « nul ne peut être apprenti s’il n’a l’âge de 14 ans révolu ». L’article 166 du même code établit que « les enfants ne peuvent être employés dans aucune entreprise avant l’âge de 14 ans ».
Le Bénin, à l’instar des autres pays membres de l’Organisation internationale du Travail (Oit), a ratifié deux conventions fondamentales relatives au travail des enfants. Il s’agit des conventions 138 de l’Oit sur l’âge d’admission à l’emploi et 182 sur les pires formes du travail des enfants. Selon la Convention 138, les enfants doivent nécessairement aller à l’école jusqu’à un certain âge avant de se lancer dans une activité économique. Mais le Bénin peine à mettre efficacement en pratique ces mesures.
Évaluer cet élément