L’alimentation est l’un des besoins fondamentaux de l’homme. Cependant, ce n’est pas tout ce que l’on consomme qui avantage l’organisme et favorise le bien-être humain. Au nombre des produits nocifs à la consommation se trouvent les boissons alcoolisées. Dans cette interview, Dr Bossou Koumabé, psychologue clinicien, met en lumière les divers impacts psychologiques de l’alcool sur l’homme et prodigue des conseils sur comment s’en défaire.
Comment la psychologie définit-elle l’alcool ?
En psychologie, on peut classer l’alcool parmi les substances susceptibles de donner l’accoutumance à toute personne qui n’y prend pas garde. L’alcool est un liquide incolore ayant une saveur brûlante qui peut soûler un individu.
Beaucoup de personnes disent que la consommation d’une bouteille de bière, d’un ou de deux verres de liqueurs fortes ne nuit pas. Etes-vous de cet avis ?
Je ne suis pas du tout de cet avis car, la dépendance aux boissons alcoolisées comme toujours débute par un petit verre. Ainsi, un individu qui commence par un petit verre et continue, va s’y habituer et finira par en prendre deux, trois, quatre... Finalement, il risque de devenir dépendant de ce type de boissons. C’est pourquoi je préfère qu’on n’en consomme pas du tout. En effet si nous avons besoin de l’alcool comme on le dit souvent, cela se trouve dans les aliments, les fruits que nous mangeons. Mais les boissons alcoolisées ne sont pas bonnes pour la santé.
Quels sont les divers impacts ?
Lorsque quelqu’un prend une boisson alcoolisée, cela agit immédiatement sur son cerveau et il perd l’équilibre mental. Parfois, il commence à délirer, bavarder. Certains ont même des logorrhées (besoin maladif de parler qu’éprouvent certains sujets en état d’excitation psychique ; flux de paroles dénuées de sens) et se mettent à poser des actes nuisibles pour la vie sociale.
Comment s’explique donc cette influence négative des boissons alcoolisées sur le système nerveux ?
En effet, il est remarqué que quand un individu en prend même un verre, il n’est plus la même personne. En réalité, il n’est plus lui-même dans toute sa personnalité. Il est plus excité qu’auparavant. En fait, l’alcool fonctionne comme une drogue. Or, nous savons tous que la drogue peut aller jusqu’à impacter négativement le physique du consommateur. Il en ressort donc que lorsque l’alcool touche au système nerveux, il affecte non seulement les aptitudes mentales mais également le corps de son consommateur. De ce fait, cette personne ne raisonne plus correctement. De plus, ses émotions sont hors de la réalité ; elles sont donc aussi affectées. Donnons l’exemple d’un sujet qui a pris quelques verres de boissons alcoolisées, il peut se mettre à s’adresser anormalement aux femmes ou tenir des propos dont il aurait eu honte en état de sobriété.
Quels sont les revers de la prise de ces boissons sur la vie sociale ?
Puisque ces boissons agissent sur le comportement des gens, si la personne en prend régulièrement elle peut perdre ses relations parce qu’elle peut commencer par poser des actes qui fâchent les gens. Cette personne peut ne pas s’en rendre compte mais lorsqu’elle prend de l’alcool, cela influe négativement sur son entourage. Elle peut essayer de garder des relations qui cependant ne seront plus réciproques parce qu’en état d’ivresse elle aurait déjà créé la tristesse chez certains en les injuriant par exemple. De même, parfois lorsqu’un tel individu commence à s’accoutumer à l’alcool, il en fait son ami et en raffole à tout moment. Mais en réalité, ces boissons détruisent lentement sa vie sociale.
Les boissons alcoolisées ont-elles des inconvénients sur le rendement professionnel de leurs consommateurs ?
Celui qui travaille dans un service et qui prend ce type de boissons est rapidement passible de fautes et erreurs puisqu’il ne peut plus se contrôler. Et même si le concerné est un ouvrier, puisque l’alcool impacte les nerfs, il ne pourra pas avoir un bon rendement professionnel. C’est donc dire que l’individu soit un maçon, un enseignant…, l’alcool lui est toujours nuisible. En effet, son rendement professionnel devient pauvre. L’impact de l’alcool dépend d’un organisme à un autre. Chez certaines personnes, même un demi-verre les met dans un état second. Par contre chez d’autres, il en faut plus pour les y mettre. Prenons par exemple un flegmatique ayant l’habitude d’être calme, un petit verre suffit pour le rendre dégourdi, ce qui montre qu’il n’est plus lui-même. Autrement dit, il devient une autre personne. L’alcool agit ainsi sur toute sa personnalité. Il faut simplement retenir que dans tous les cas, quelle que soit la quantité prise, ce liquide influence négativement d’une manière ou d’une autre son consommateur.
Les consommateurs disent qu’elles produisent en eux des sensations de bien-être. Sont-ce de vraies ou de fausses sensations ?
En réalité, ce sont de fausses sensations puisqu’elles sont semblables à la drogue. C’est comme le chanvre indien, cela produit une certaine sensation en celui qui en prend mais nous savons tous que ce n’est pas une bonne chose car il métamorphose l’individu de la mauvaise façon. C’est d’ailleurs pourquoi, c’est sous une haute surveillance médicale que les médecins utilisent les médicaments contenant de la drogue aux gens. De même sur les notices de ce type de médicaments, nous lisons qu’après les avoir pris il ne faut ni prendre le volant ni mener des activités données.
Ainsi, la sensation ressentie par les consommateurs de bière et autres est une sensation frelatée.
Quel est l’effet psychologique que ces boissons pourraient avoir sur les femmes enceintes, les fœtus et les nourrissons ?
Abordons d’abord leurs inconvénients sur les femmes enceintes. La médecine interdit la consommation de ce genre de boissons aux femmes en état car cela nuit à leur état mental, à leur cortex cérébral et même à son état physique. En plus, l’alcool crée des dégâts au plan psychologique sur l’enfant qu’elle porte. J’en veux pour preuve les dames au village qui, en état de grossesse, boivent de l’alcool, plusieurs de ces enfants plus tard deviennent alcooliques. Et même lorsque ce n’est pas le cas, l’alcool pris par leur mère affecte leur système nerveux car c’est un liquide fluctueux qui traverse directement le sang. Par conséquent, il désorganise aussi les cellules du corps.
Parlons ensuite des fœtus. Lorsque Marie, mère de Jésus, a rendu visite à Elisabeth sa cousine, l’enfant qui était dans son sein a tressailli. Cela signifie alors que même dans le ventre, les enfants possèdent une conscience, chose que nous ignorons. Par conséquent, on en déduit que l’enfant reçoit dans une certaine mesure le dérèglement créé au niveau de sa mère par l’alcool. En effet, tous les fœtus partagent avec leurs mères tous les aliments qu’elles consomment, y compris les boissons alcoolisées.
Touchons enfin aux inconvénients de ces boissons prises par des mères nourrices. Le cerveau du nourrisson est encore très faible et par ricochet, il en est affecté. Il est vrai que les conséquences chez lui peuvent ne pas être remarquables mais il peut se mettre à pleurer ou avoir des malaises que son entourage ne saura pas relier à l’alcool pris par sa mère.
Nombre de consommateurs soutiennent qu’ils n’en deviendront pas dépendants. Mais est-ce possible que l’habitude de prendre une petite quantité de boissons alcoolisées entraîne chez un individu la dépendance alcoolique plus tard ?
Cette habitude est bien évidemment susceptible d’entraîner la dépendance alcoolique chez un individu. C’est même pour cela que je demande carrément de ne pas s’approcher de ce genre de boissons.
Est-ce possible pour un accro des boissons alcoolisées de s’en défaire complètement ? Si oui, comment ?
Oui, c’est possible s’il est bien suivi par des spécialistes. Mais, il faut souligner que le sevrage ne se fait pas de façon brusque chez les dépendants sinon cela peut leur créer d’autres dommages ou même entraîner leur mort. Le sevrage s’opère tout doucement avec l’aide des spécialistes tels que les psychologues cliniciens et les psychiatres.
Nous utilisons souvent plusieurs techniques. Nous faisons également usage de la Thérapie cognitivo-comportementale (Tcc : ensemble de traitements des troubles psychiatriques (notamment addictions, psy-choses, dépressions et troubles anxieux). Nous essayons de leur parler un peu afin de changer leur mentalité.
Vos conseils
En premier lieu, je conseille vivement ceux qui n’ont pas encore commencé par prendre les boissons alcoolisées de s’en abstenir car l’alcool n’est pas une bonne chose.
En deuxième lieu, j’exhorte ceux qui en prennent d’arrêter. Quant à ceux qui en sont dépendants, qu’ils recourent aux spécialistes pour les aider à s’en débarrasser parce que l’alcool tue des milliers de personnes par an, crée d’énormes dégâts. Il a même détruit des familles entières. Pour preuve, nos parents qui sont au village et qui consomment le "sodabi (alcool)" ont ruiné leurs vies. D’aucuns en sont même morts prématurément. Il urge donc de se débarrasser des boissons alcoolisées.