Stabilité monétaire, mais aussi souveraineté. Voilà pourquoi Patrice Talon veut qu’il n’y ait plus de compte d’opération et que la Bceao ne garde plus une partie de ses réserves de change auprès du trésor français. Au cours de l’entretien accordé hier à France 24 et à Rfi, le Chef de l’Etat soutient clairement cette réforme en cours, de concert avec le Gouvernement français. « Nous sommes tous d’accord là-dessus, à l’unanimité, pour mettre fin à ce modèle qui techniquement n’était pas un problème », a-t-il martelé. Patrice Talon est allé plus loin pour justifier le poids de la « valeur psychologique » du Cfa sur la monnaie elle-même. D’où les mesures envisagées et qui vont, dit-il, « très rapidement » se mettre en œuvre. « Les réserves seront gérées dans les diverses banques centrales, américaines, chinoises, japonaises, canadiennes et autres. La Banque centrale des pays de l’Uemoa va gérer la totalité de ses réserves de devises et va les répartir auprès de ses diverses banques partenaires dans le monde », a souligné Patrice Talon, qui tient à ce que le modèle actuel prenne fin pour laisser croire à la vision de ces pays de leur monnaie.
Pas de monnaie commune en 2020
Mais au-delà de ce changement de domicile des réserves, la question de la monnaie commune propre à la Cédéao a été aussi abordée au cours de l’entretien. Mauvaise nouvelle, le projet ne pourra pas aboutir l’année prochaine. « J’ai le défaut de dire les choses de manière directe, les critères de convergences, l’harmonisation de tout ce qui techniquement concourt à l’entrée de tous ces pays dans la même monnaie pose encore quelques problèmes de calendrier », déplore Patrice Talon.
Perspectives Nigéria
Alors qu’au Bénin, on attend l’ouverture des frontières nigérianes, Patrice Talon a donné l’assurance qu’il n’est pas resté les bras croisés. « J’ai vu le Président Buhari déjà plusieurs fois sur la question. Il est très embarrassé. Les administrations sont en train de travailler pour enfin trouver les mesures techniques qu’il faut pour que cette solution radicale ne puisse durer », rassure-t-il. Le Chef de l’Etat pense que c’est une situation difficile pour les deux peuples frères, séparés depuis quelques semaines par un mur diplomatique, au nom de la lutte contre la contrebande.