Dans un entretien qu’il a accordé aux médias français RFI et France 24, et qui a été diffusé le jeudi 7 novembre au soir, le président béninois a évoqué l’avenir du Franc CFA ainsi que les réformes en cours de cette monnaie commune aux 14 pays membres de la « Zone franc ». Dans l’entretien, Patrice Talon a confirmé la réforme en cours, comme annoncé dernièrement par le président français Emmanuel Macron et son ministre des Finances, Bruno Lemaire. « Cette réforme est souhaitée de tous, y compris par le gouvernement français. Nous sommes tous d’accord, à l’unanimité pour mettre fin à ce modèle qui techniquement n’était pas un problème », a déclaré le chef de l’Etat béninois.
Connu pour ses précédentes déclarations en faveur du franc CFA, en plein débat polémique sur l’avenir de cette monnaie héritée de la colonisation, Patrice Talon a expliqué qu’une monnaie à deux valeurs : la valeur technique et la valeur psychologique. « Cet état de chose est devenu un problème pour le franc CFA. Mais un problème psychologique, pas un problème technique », a fait savoir le président béninois.
Doutes sur l’entrée en vigueur de l’Eco en 2020
Répondant aux questions de Christophe Boibouvier (RFI) et Marc Perelman (France 24), Patrice Talon a annoncé, dans le cadre de la réforme, la sortie prochaine de la France « des organes de gouvernance du franc CFA », ainsi que « le retrait des réserves de change du franc CFA », qui sont actuellement gérées par le Trésor Français.
« La banque centrale des pays d’Afrique de l’UMOA va gérer la totalité de ces réserves de devises et va les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires dans le monde ». Patrice Talon, président du Bénin.
Le président béninois a également évoqué le processus, en cours, d’instauration d’une monnaie commune aux pays de la CEDEAO. Il a en ce sens mis en avant la volonté politique des pays d’Afrique de l’ouest de disposer de leur propre monnaie mais a toutefois, et sans l’avouer explicitement, douté de l’entrée en vigueur de cette monnaie, « l’Eco », dès 2020 comme annoncé actuellement. Selon Patrice Talon, « l’agenda économique ne tient souvent pas compte de l’agenda politique ». Le chef de l’Etat béninois a toutefois insisté sur l’aboutissement du processus, en dépit des aléas, afin notamment d’éviter des frustrations de part et d’autre mais aussi pour accélérer le développement économique de l’Afrique.
Au cours de l’entretien, qui a été enregistré au Palais du bord de la Marina de Cotonou, le président béninois a surtout évoqué avec les journalistes français, la situation politique de son pays. Il a en ce sens émis le souhait de voir son prédécesseur et actuel farouche opposant, Boni Yayi, mettre fin à son exil.