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Les Béninois favorables au retrait des réserves de change du FCFA

Publié le mardi 12 novembre 2019  |  dw.com
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© Reuters par Philippe Wojazer
Le président béninois Patrice Talon.
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Le président Patrice Talon a annoncé que le Bénin allait retirer des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France. Cette annonce est accueillie positivement par les Béninois.

L'annonce du président Patrice Talon de retirer des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France est bien accueillie au Bénin.

Le Bénin annonce le retrait des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France

Selon président béninois, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest devrait assurer la gestion de ce portefeuille. "Nous sommes tous d’accord là-dessus, à l’unanimité, pour mettre fin à ce modèle", a-t-il déclaré à des journalistes.

Un projet panafricaniste

Le projet de "réforme ambitieuse" du franc CFA n’est qu’un corollaire du mouvement croissant de panafricanistes réclamant une certaine indépendance voire la création d’une monnaie unique pour l’Afrique de l’ouest. Les 15 pays concernés ont donc à mûrir les réflexions pour en sortir une décision définitive.


"Je suis tout à fait d’accord avec les propos du président Patrice Talon. Il est indispensable que le transfert des réserves de change du franc CFA se fasse depuis la France vers un pays africain. Il est indispensable qu’on soit indépendant aussi du point de vue monétaire. Donc c’est important que cela se fasse assez vite. Mais la grande crainte c’est que est-ce les pays africains sont prêts ou assez matures pour pouvoir gérer convenablement ces réserves et de pouvoir frapper leur monnaie ? Mais je crois que c’est un risque qu’il faut prendre. Parce que cela va créer des emplois", se réjoui Mathus Lawson, entrepreneur et chef d’entreprise.

Pour sa part, le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno le Maire avait déclaré vendredi dernier que la France était ouverte à une réforme ambitieuse du FCFA. À l’en croire, les 15 pays ayant en partage cette devise attachée à l’euro peuvent décider ce qu’ils souhaitent, à l’orée de la création d’une monnaie unique des pays d’Afrique de l’ouest dénommée, "Eco".

"Il y a une condition et elle est impérative, c'est que la proposition vienne des Etats-membres de la zone franc", a indiqué le ministre, en marge d'une conférence de presse à Bruxelles.

Pour l’heure, aucun calendrier précis n'a été donné pour l’effectivité de cette mesure annoncée par le président béninois.

Dès sa mise en œuvre, le fonctionnement du franc CFA pourrait être profondément bouleversé, selon des spécialistes.

Coopération Sud-Sud

Du côté des analystes de la vie économique, le débat est vu sous un tout autre angle. Les pays de l’Afrique de l’ouest gagneraient à renforcer leur coopération.

Pour Casimir Kpédjo, analyste économique, "la déclaration du chef de l’Etat s’inscrit dans la démarche de la sous-région de quitter le franc CFA et pourquoi pas, désormais d’avoir une monnaie unique. Lorsque nous regardons la fluctuation de la devise, le Bénin profite du CFA que bien d’autres pays. Le Bénin obère les comptes de BCEAO et par conséquent, la position du Bénin devrait être beaucoup plus tranchée. Le Nigéria à lui seul représente 66% des produits intérieurs brut au niveau de la CEDEAO. Lorsqu’on ajoute le Ghana, ça fait environ 75 % du PIB de la CEDEAO. Alors dire que la situation ne changera pas grand-chose, c’est soit le chef de l’Etat a une vue partielle de la situation ou il ne dit pas toute la vérité aux Béninois en ce qui concerne cette monnaie".

50% des devises

Il est à rappeler que les États africains ont déposé 50% de leurs réserves en France. En contrepartie, ils obtiennent une convertibilité illimitée avec l'euro. Ce qui leur donne une certaine crédibilité sur le plan international.

Huit pays d'Afrique de l'Ouest ayant en commun l’usage du FCFA (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et six d'Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), constituent deux zones monétaires distinctes. Il s’agit de l’UEMOA (l'Union économique et monétaire ouest-africaine) et la CEAC (la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale), soit 155 millions de personnes.
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